Festival Présence autochtone : la grande avancée

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Plus que jamais, cette année, la priorité du Festival international Présence autochtone, l’événement qui réaffirme la pertinence et l’importance des artistes, cinéastes, conteurs et danseurs des Premières Nations, est de créer des rencontres, décloisonner les imaginaires et libérer des talents capables de faire naître l’inédit.

Après une brève pause, le directeur du Festival Présence autochtone est de retour à son poste. André Dudemaine dirige le festival depuis plus de trente ans et, avec son équipe, il met la dernière touche à la prochaine édition.

Pour le volet arts visuels, qui comme chaque année se tiendra à la Guilde, Présence autochtone accueillera l’autrice, illustratrice et peintre abénakise Christine Sioui Wawanoloath, originaire de Wendake. Ses œuvres papier seront exposées dans le cadre d’une exposition collective. « Christine est une artiste réputée; son travail est toujours très joyeux, très coloré », indique André Dudemaine. La peintre s’inspire des traditions de sa Nation. Son œuvre est aussi teintée de multiculturalisme : parfois, elle intègre des éléments d’autres contrées pour faire des clins d’œil et instaurer des rapports entre les mythologies. Il y a de l’humour dans ses dessins – un humour aimable, lumineux, qui irradie la bonne humeur.

UNE SOIRÉE UNIQUE

Mais c’est surtout de l’événement du 14 août qu’André Dudemaine souhaite parler. La première partie de la soirée verra le passionnant chef Pascal Germain-Berardi, un ancien Petit chanteur du Mont-Royal, mordu de gros rock lourd et constamment à la recherche de projets musicaux qui le font grandir, diriger les douze guitares et la contrebasse de l’ensemble Forestare dans Chant(s) (2022), une composition d’Alexandre Éthier pour ensemble de guitares classiques, accompagnant des poèmes d’Andrée Lévesque-Sioui, tirés du recueil éponyme (Éditions Hannenorak, 2021), lus par l’autrice.

Arauco; por fuerte, principal y poderosa… (2006), une œuvre pour guitare flamenco et seize guitares classiques et narration, du Chilien Javier Arauco, poursuivra la soirée. La narratrice Andrée Lévesque-Sioui lira des poèmes épiques espagnols tirés de La Araucana (1569, 1578 et 1589), traduits en français moderne par Alexandre Éthier. « C’est une œuvre contemporaine importante, qui fait référence à la résistance que les Mapuches ont opposée aux conquistadors au moment de la conquête », explique Dudemaine. Pascal Germain-Berardi dirigera le guitariste flamenco Phillipe Jean et les musiciennes et musiciens de Forestare.

« La pièce de résistance, Uiesh (2019) de Tim Brady, une composition pour voix et quatorze instrumentistes, d’après des poèmes en innu-aimun de Joséphine Bacon, sera présentée en première mondiale », reprend Dudemaine. À noter, la présence de la soprano d’origine inuite Deantha Edmunds, qui chantera les poèmes tirés du recueil Uiesh – quelque part de Joséphine Bacon (Mémoire d’encrier, 2018). « Deantha Edmunds est probablement la seule soprano inuite en exercice – elle devra se familiariser avec l’innu, car ce n’est pas la même langue », souligne le directeur, lui-même Innu de Mashteuiatsh. La cheffe d’orchestre Lorraine Vaillancourt dirigera les instrumentistes du NEM. « Ce sera une soirée mémorable », se réjouit André Dudemaine.

L’ART DE LA COLLABORATION

De plus en plus, les orchestres classiques cherchent des collaborations avec les artistes des Premières Nations. Ça tombe bien, car le partenariat, c’est l’ADN de Présence autochtone. « La semaine dernière, j’étais en Allemagne pour l’événement Classical: NEXT 2022, dans le cadre de la partie colloque de la rencontre, poursuit Dudemaine. J’ai assisté à un atelier donné par l’Orchestre symphonique de Montréal sur la collaboration entre ensembles classiques et artistes des Premiers Peuples et sur les façons de bien faire les choses. »

Évidemment, avec l’opéra de chambre Chaakapesh (2018), basé sur un récit du dramaturge cri Tomson Highway, l’OSM donne un exemple parfait, car partager et dépouiller n’ont pas la même signification et cet opéra, qui s’inspire d’une légende autochtone porteuse d’espoir, a établi un véritable dialogue entre plusieurs peuples. « Il n’y a pas si longtemps, nous nous faisions regarder du coin de l’œil, comme quelqu’un qui a un peu forcé la note pour être là, mais maintenant on ne nous le reproche plus, alors c’est une grande avancée », constate Dudemaine.

Mais qu’est-ce qui a changé pour Présence autochtone ? Une série d’événements a ébranlé l’opinion publique. D’abord, la Commission Vérité et réconciliation, puis la conclusion sur le génocide culturel que la juge en chef de la Cour suprême a entérinée, en disant que le terme était légalement tout à fait approprié pour désigner la situation. Suivirent la mort horrible de Joyce Eychaquan et la découverte des sépultures anonymes autour d’anciens pensionnats. « Tout était aligné pour provoquer une révision du regard porté sur les Autochtones, alors le travail du festival est aujourd’hui plus reconnu, notre rôle mieux compris », observe encore André Dudemaine.

LA PLACE DES FESTIVALS 2.0

Sur la place des Festivals, un renouvellement de la fameuse scénographie transformera l’environnement urbain en un espace étonnant, inspiré des cultures des Premières Nations. « Présence autochtone a été le -premier des festivals d’été à arriver sur la place des Festivals avec un design d’occupation qui a marqué l’imagination, en 2010, explique Dudemaine. Ce qui est important pour nous, c’est de marquer le paysage urbain. Nous travaillons présentement à le rendre encore plus beau et à y inclure de nouvelles technologies pour les éclairages et les effets spéciaux des fresques vidéo en direct. » L’expérience sur la place des Festivals sera donc fortement enrichie, plus immersive, et les artistes autochtones qui s’y produiront y laisseront une marque encore plus forte.

En 2022, la priorité du festival sera axée sur la jeunesse et les artistes émergents et Présence autochtone leur offrira de nouveaux terrains à explorer.

Matiu, originaire de la Côte-Nord, en profitera bientôt. Il a gagné le prix de l’Artiste de la relève au Gala de musique autochtone Teweikan (2018) ainsi que le Spectacle de l’année et Artiste de blues et rock de l’année en 2019. Sa voix est brute comme du bois mal sablé. Cet auteur-compositeur-interprète engagé de la communauté de Mani-Utenam raconte ce qu’il voit dehors, où se trouve ce qu’il aime appeler avec ironie l’Indien 2.0. Matiu présentera son premier album complet Petikat, avec lequel il est en tournée depuis mars. Le 13 août, sur la place des Festivals.

Véronique Basile-Hébert, autrice atikamekw de Wemotaci, a proposé l’an dernier de monter la pièce de théâtre Notcimik sur la place des Festivals. « Vu la situation sanitaire, les bailleurs n’avaient pas de grandes attentes, mais j’ai décidé d’aller néanmoins de l’avant et le public était au rendez-vous, alors nous reprenons l’expérience avec Utei, le récit autobiographique d’Omer Saint-Onge, un survivant des écoles résidentielles », explique André Dudemaine. Il s’agit d’une expérience théâtrale engagée, un drame ancré dans une oralité propre à la culture des Premières Nations. Omer St-Onge raconte les enseignements, la culture de ses ancêtres; il livre la vision du monde qu’ils ont réussi à lui léguer. La pièce est un solo et il a été décidé de lui donner un habillage moins confidentiel, plus épique. « Un équipement audiovisuel va soutenir l’action, mais il faudra l’utiliser avec retenue et pertinence, car le sujet est assez lourd », souligne le directeur du festival.

Xavier Huard, qui travaille avec Charles Bender et Marco Collin, pour la compagnie Menuentakuan, signera la mise en scène. À voir sur la place des Festivals, le 15 août.

Le festival Présence autochtone se tiendra du 9 au 18 août 2022. www.presenceautochtone.ca


CÉLÉBRATIONS DE LA JOURNÉE NATIONALE DES PEUPLES AUTOCHTONES

Terres en vues, la société pour la diffusion de la culture autochtone qui chapeaute le Festival international Présence autochtone, lance l’invitation : venez participer aux événements qui entourent le cérémonial du 21 juin, Journée nationale des peuples autochtones.

LE 16 JUIN

Dans le cadre du Mois national de l’histoire autochtone, Terres en vues et le NEM s’unissent pour présenter l’événement exploratoire autour de l’œuvre Uiesh de Tim Brady, composée sur des poèmes en innu-aimun de l’autrice Joséphine Bacon.

Le directeur des activités culturelles de Terres en vues, André Dudemaine, animera l’événement. Il laisse entrevoir un moment exceptionnel. « Ce sera un voyage dans l’univers poétique de Joséphine Bacon, qui sera présente, ainsi qu’une incursion privilégiée dans la démarche artistique du compositeur Tim Brady. » À travers la lecture de poèmes et le dévoilement d’extraits musicaux, les deux artistes partageront avec le public la trame des échanges riches qui ont abouti à l’achèvement d’Uiesh.

Sous la baguette de la cheffe d’orchestre Lorraine Vaillancourt, la soprano Deantha Edmunds et les quatorze musiciennes et musiciens du NEM répéteront quelques extraits d’Uiesh, dont la première mondiale est prévue le 14 août prochain, dans le cadre du Festival international Présence autochtone. À 19 h 30, à la salle Claude-Champagne. Entrée gratuite. Places limitées, réservation sur lepointdevente.com. En partenariat avec La Scena Musicale.

LE 17 JUIN

L’auteur-compositeur-interprète innu Mike Paul, originaire de Mashteuiatsh, donnera un concert extérieur dans les jardins de la Grande Bibliothèque. En lice au Prix de musique folk canadien et aux Indigenous Music Awards en 2019, récipiendaire de la bourse Impulsion CALQ 2019, il chante en innu-aimun et en français et est également conteur et conférencier sur la culture des Premiers Peuples. Son troisième album Ashuapmushuan (Là où on guette l’orignal) est actuellement disponible sur toutes les plateformes et s’est très bien classé sur les palmarès nationaux de l’Indigenous Music Countdown, qui diffuse les 40 meilleures chansons autochtones. Dans les jardins de BAnQ, de midi à 13 h.

LE 18 JUIN

L’autrice engagée, poète et artiste interdisciplinaire innue Natasha Kanapé Fontaine, originaire de la communauté de Pessamit, sur le Nitassinan (Côte-Nord, Québec), fera la lecture du célèbre brûlot Je suis une maudite sauvagesse de l’écrivaine et militante innue An Antane Kapesh, devenue un étendard de la parole autochtone. « Natasha Kanapé Fontaine rend hommage à la pérennité de cette langue, de cette poésie majoritairement féminine », souligne André Dudemaine. Ce spectacle est présenté entièrement en innu-aimun, avec surtitres en français, dans une mise en scène de Charles Bender. Dans l’auditorium de BAnQ, à 19 h.

LE 21 JUIN

Au lever de la Journée nationale des peuples autochtones, l’aînée Kanien’kehá:ka Sedalia Fazio fera une incantation en langue mohawk pour célébrer la cérémonie du solstice, dans la cosmogonie autochtone et universelle. Le rite sera retransmis en direct sur la page Facebook de Présence autochtone. Au Jardin des Premières Nations, à 5 h.

Dès midi, le feu du solstice sera allumé et les participants y jetteront un peu de tabac, dans un rite propitiatoire. Un esprit ancien, qui unit les peuples autochtones des Amériques à la terre nourricière, prendra son envol sous le ciel de juin. Les participants pourront ensuite admirer des danses traditionnelles et écouter les tambours cérémoniaux. Au Quai de l’Horloge du Vieux-Port, jusqu’à 14 h 30.

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