Les orchestres à la page : musiques d’hier et d’aujourd’hui

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Durant la glorieuse époque du swing des années 1930 et 1940, la musique populaire et le jazz ne faisaient qu’un. Propulsée par ­l’engouement pour les big bands, qui se disputaient le palmarès à coup de grands succès, la note bleue n’a jamais produit autant de tubes de son histoire qu’à cette période. Par après, ces formations ont connu un long déclin, incapables de s’adapter aux nouveaux styles émergents (R & B, rock and roll). Un certain pessimisme s’est ­instauré, certains croyant leurs jours comptés comme ceux des dinosaures. Pourtant, les faits démontrent une autre histoire, moins sombre que celle jadis prédite.

Des clubs, cabarets et salles de danse d’antan, les big bands ont élu de nouveaux domiciles. Sur un versant, ils ont trouvé refuge dans les institutions scolaires qui ont su les intégrer dans leurs programmes d’études. Sur l’autre versant, des ensembles professionnels ont vu le jour avec des appuis d’organismes culturels privés, par exemple le Lincoln Center à New York, ou encore par l’État (Orchestre national de jazz en France, les big bands des radios publiques en Allemagne.)

Au Québec, les écoles sont les principaux foyers d’activité pour ces orchestres, les ensembles ­indépendants étant exceptionnels et complètement inexistants en ce qui concerne les modèles ­européens susdits. Certes, les moyens financiers dont dispose une entreprise culturelle sont essentiels à sa survie, mais il faut beaucoup de ­passion et de conviction pour l’entretenir, de ­l’entregent, et on doit saisir les coups de chance au vol.

Dans les sept ans de sa jeune existence, l’Orchestre national de jazz Montréal a assez bien tiré son épingle du jeu. À chacune de ses ­saisons, l’ensemble trouve de nouveaux partenaires stratégiques pour poursuivre ses activités. En 2018, le Conservatoire de Montréal lui a offert une résidence pour ses concerts. Depuis l’automne dernier, l’ONJ rode ses spectacles à l’Université McGill, résultat d’une entente similaire qui se poursuivra durant la nouvelle année.

Pour enchaîner sur ses quatre concerts de l’automne passé, l’ONJ propose autant de ­rendez-vous dans les mois à venir, les trois ­premiers en ville, le dernier en banlieue, à Belœil. La Cinquième salle de la Place des Arts lui tend aussi la perche avec une nouvelle ­résidence étalée sur la nouvelle année, ­commençant par les trois prochains spectacles.

Dans le second volet de sa septième saison, l’ONJ proposera autant de plongeons dans le passé que de concerts. Tombant sur la journée supplémentaire de l’année (29 février), le premier événement sera une excursion Aux sources jazz du Rhythm ‘N’ Blues (selon l’intitulé). Marie-Christine Depestre, chanteuse, se joindra à l’ensemble. Découverte par Gregory Charles, cette artiste a beaucoup travaillé comme ­choriste, entre autres avec DJ Champion, Damien Robitaille, Lionel Ritchie et même Stevie Wonder. Un répertoire varié de numéros Motown sera au programme, parmi lesquels I Heard it Through the Grapevine ou Ain’t No Mountain High Enough, le tromboniste et ­compositeur en chef Jean-Nicolas Trottier ­assurant les arrangements et la direction.

Le 11 avril, ce sera au tour de l’un des phares de notre communauté musicale de briller. La soirée ayant pour titre Les multiples visages de Jean Derome, comprendra la première mondiale d’une commande de l’orchestre au musicien suivi d’un menu de pièces plus ­obscures écrites par deux de ses compositeurs fétiches, Duke Ellington et Billy Strayhorn. Derome y jouera du saxo et de la flûte, intervenant même comme chanteur en seconde partie. Nous y reviendrons dans notre ­prochaine section, question d’offrir d’autres détails sur l’œuvre commandée.

Trompettiste, Ron di Lauro est un jazzman qui connaît le b.a.-ba du big band. Pilier de la section de cuivres du regretté Vic Vogel, Di Lauro est d’une efficacité redoutable comme musicien de section et soliste, son travail de direction du big band de l’Université de Montréal étant tout aussi exemplaire. Depuis deux ans, l’ONJ lui tend le bâton pour présenter des programmes à caractère historique. Le 11 mai, Ellington sera de nouveau à l’honneur, la soirée culminant avec la célèbre suite Black Brown & Beige. Pour les connaisseurs, notons que ce sera la version originale de 1943 et non celle enregistrée 15 ans plus tard avec la majestueuse Mahalia Jackson. Ranee Lee sera de la partie, tenant un peu le rôle de son illustre ­prédécesseure. Pour sa finale du 13 juin, l’ONJ jouera en rappel son programme en hommage à Count Basie, spectacle présenté l’été dernier au festival d’Orford, toujours sous la direction de Di Lauro. www.onjmtl.ca 

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A propos de l'auteur

Marc Chénard is a Montreal-based multilingual music journalist specialized in jazz and improvised music. In a career now spanning some 30 years, he has published a wide array of articles and essays, mainly in Canada, some in the United States and several in Europe (France, Belgium, Germany and Austria). He has travelled extensively to cover major festivals in cities as varied as Vancouver and Chicago, Paris and Berlin, Vienna and Copenhagen. He has been the jazz editor and a special features writer for La Scena Musicale since 2002; currently, he also contributes to Point of Departure, an American online journal devoted to creative musics. / / Marc Chénard est un journaliste multilingue de métier de Montréal spécialisé en jazz et en musiques improvisées. En plus de 30 ans de carrière, ses reportages, critiques et essais ont été publiés principalement au Canada, parfois aux États-Unis mais également dans plusieurs pays européens (France, Belgique, Allemagne, Autriche). De plus, il a été invité à couvrir plusieurs festivals étrangers de renom, tant en Amérique (Vancouver, Chicago) que Outre-Atlantique (Paris, Berlin, Vienne et Copenhangue). Depuis 2012, il agit comme rédacteur atitré de la section jazz de La Scena Musicale; en 2013, il entame une collabortion auprès de la publication américaine Point of Departure, celle-ci dédiée aux musiques créatives de notre temps.

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