La ronde des festivals (Enfin de retour !)

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Dans les années prépandémiques, tout allait comme sur des roulettes pour les festivals au Canada, au point de dominer le paysage culturel durant la saison estivale. En mars 2020, tout a basculé, avec les conséquences que l’on connaît : mesures sanitaires obligeant, les événements n’avaient d’autre choix que d’annuler leurs programmations, le vide étant à peine comblé par un nombre restreint de concerts diffusés uniquement en mode virtuel.

D’autant plus bouleversante était la situation en cette année éprouvante que les organisateurs étaient contraints de nouveau à suspendre leurs activités en 2021, du moins en mode présentiel. La traversée du désert a été longue, mais la conjoncture du moment plaide en faveur d’une pleine relance des activités festivalières.

Dans le domaine du jazz, le Canada jouit d’un certain avantage à ce titre, soit un réseau de 19 événements chapeauté par un organisme national connu sous le nom de Jazz Festivals Canada. En effet, de Halifax dans les Maritimes jusqu’à Victoria en lisière du Pacifique, la note bleue retentit de toutes parts au pays, autant dans les rues que dans les salles de concerts et petites boîtes situées principalement dans les grandes métropoles, parfois même en région. Par le passé, cette collaboration entre producteurs permettait le passage de grandes pointures américaines au pays, tout comme des groupes d’autres continents et d’une participation des nôtres, détenteurs de bourses de tournée du Conseil des arts du Canada. Parmi les artistes inscrits aux marquises des festivals canadiens, les suivants sont du nombre à qui Dame Chance a souri.

Voix d’ailleurs et d’ici

Cécile McLorin Salvant

De parents français et haïtiens, Cécile McLorin Salvant est une chanteuse de nationalité américaine qui a vraiment le vent dans les voiles en ce moment. La carrière presque météorique de cette nouvelle diva du jazz lui a assuré une place de choix dans les festivals tenus avant la pandémie. Il était donc de mise pour elle de partir à la conquête des festivals canadiens. Pour sa tournée, elle compte ravir ses auditeurs avec la musique de son plus récent album Ghost Song, son cinquième et tout premier pour la prestigieuse étiquette Nonesuch.

Ottawa : 24/6; Vancouver : 27/7; Edmonton : 29/7; Victoria : 30/6; Montréal : 2/7.

Amanda Tosoff et Emilie-Claire Barlow – Earth Voices

La première pianote, la seconde chante. Ensemble, ces deux Torontoises poursuivent une collaboration entamée dans un premier disque de 2016 intitulé Words, suivi de Earth Voices paru l’an dernier, album en lice pour un prix Juno cette année. La formation, un quintette comprenant saxo, basse et batterie, interprétera un répertoire de morceaux originaux mettant en musique des poèmes de Walt Whitman, Edgar Alan Poe, Pablo Neruda, voire une chanson de Joni Mitchell. À mi-chemin entre la mélodie lyrique et la chanson jazz, ce projet musical saura séduire les poètes dans l’âme.

Regina : 18/7; Ottawa : 25/6; Vancouver : 27/7; Edmonton : 30/6; Saskatoon : 1/7; Montréal : 5-6/7 (en ouverture de Pink Martini);  Halifax : 13/7.

Laila Biali

À la fois chanteuse et pianiste, Laila Biali ne se réclame pas uniquement du jazz, mais également d’une musique aux accents pop. Armée d’un nouvel album ayant pour titre son seul nom, cette artiste de la Ville Reine aux charmes indéniables s’est produite en concert lors de la vitrine internationale allemande jazzahead!, présentée dans cette section en avril. Forte de ce récent succès à l’étranger, la chanteuse, lauréate d’un prix Juno entre autres récompenses, sillonnera le pays pour ravir le public de ses douces mélodies entrecoupées d’accompagnements pianistiques aux accents jazzés.

Victoria : 24/6; Vancouver : 29/6; Edmonton : 2/7; Ottawa : 3/7; Montréal : 4/7; Saskatoon : 6/7.

Malika Tirolien

Domiciliée à Montréal depuis une dizaine d’années, mais originaire de la Guadeloupe, Malika Tirolien s’est aussi fait entendre en Allemagne récemment, se divisant les honneurs du concert gala de jazzahead! avec sa consœur torontoise. Comme cette dernière, Tirolien écume les genres de sa voie timbrée et richement nuancée, des qualités qui lui ont permis de s’illustrer dans des collaborations aussi diverses que la formation américaine jazz-groove Snarky Puppy ou le Metropole Orkest de Hollande, sans oublier le groupe BOKANTE dont elle est la chanteuse principale. Pour sa tournée canadienne, Tirolien présentera son plus récent opus discographique Higher de 2021, avec une musique empreinte de R&B, de soul, de hip-hop, voire de quelques soupçons de jazz.

Winnipeg : 15/6; Regina : 19/6; Victoria : 26/6; Montréal : 9/7.

Voix et guitares

Elisabeth Shepherd Michael Occhipinti – Duo ES:MO

Le tandem torontois ES:MO (de leurs initiales respectives, si vous n’aviez pas remarqué) se livre à une musique des plus intimistes, dégagée de toutes contraintes stylistiques. Au fil des ans, ces complices avaient collaboré dans de nombreux projets, lesquels ont conduit à cette entreprise musicale. Entamé en 2019, ce projet d’interprétation de musiques originales aux consonances de jazz et de folk a été mis en veilleuse, les artistes profitant tout de même du confinement pour travailler à distance sur la production d’un disque. Chose dite, chose faite : ils ont réussi leur pari en réalisant l’album The Weight of Hope, la sortie devançant leur tournée pancanadienne de quelques semaines. Un rendez-vous des plus divertissants qui s’annonce à la fois enjoué et très décontracté.

Winnipeg : 16/6; Regina : 18/6; Medecine Hat : 21-22/6; Ottawa : 24/6; Victoria : 27-28-29/6; Vancouver : 1/7; Calgary : 2/7; Edmonton : 3/7.

Julian Lage

Il ne chante pas, mais il pince les six cordes de sa guitare électrique de manière à impressionner les amateurs de l’instrument par son savoir-faire et sa belle musicalité. Ces atouts font de lui un des jeunes musiciens les plus remarqués sur son instrument en ce moment. Avant même sa mise sous contrat par l’étiquette Blue Note et la parution récente de Squint, Julian Lage faisait déjà l’objet d’une bonne couverture médiatique. L’album, pour sa part, s’inscrit parfaitement dans l’histoire et l’actualité de cette maison de disques, célèbre pour ses dignes représentants de l’instrument comme Kenny Burrell ou Grant Green. Pour son périple canadien, Lage sera accompagné du batteur du disque, Dave King (le même qui bat la mesure dans le trio The Bad Plus) ainsi que de l’excellent contrebassiste Scott Colley. Un must pour tout amateur de guitare jazz dans la plus belle des traditions.

Victoria : 25/6; Vancouver : 26/6; Edmonton : 27/6; Ottawa : 28/7.

Jocelyn Gould

Évoluant également dans le créneau d’un certain jazz moderne, la Canadienne Jocelyn Gould embrasse parfaitement cette tradition par un jeu linéaire et une sonorité claire, qu’elle ne trafique pas par une panoplie de gadgets électroniques et effets sonores utilisés par tant d’autres. Accompagnée par un trio piano typique, cette musicienne de Toronto, professeure titulaire au collège Humber, a décroché le prix Juno du disque de jazz de l’année dernière, récompense certainement déterminante pour effectuer sa première grande tournée festivalière. Dans la foulée de son album antérieur Elegant Traveler, elle récidive cette année avec Golden Hour qu’elle présentera en concert cet été où elle se fait aussi entendre pour une première fois comme chanteuse.

Regina : 20/6 ; Ottawa : 24/6 ; Vancouver : 25/6 ; Victoria : 27/6 ; Edmonton : 1/7 ; Montréal : 3/7 ; Halifax : 16/7.

Piano x 3

Andy Milne & Unison

Lauréat d’un prix Juno dans la catégorie jazz (reMission sur étiquette Sunnyside), le pianiste Andy Milne tournera cet été en formation de trio. Disciple à ses débuts d’Oscar Peterson, ce musicien a joué de chance en s’installant dans la mecque du jazz dans les années 1990, sa présence dans l’ensemble The Five Elements du saxo Steve Coleman marquant le coup d’envoi de sa carrière. Suivant cette association, il a consolidé sa réputation en formant ses propres groupes, le plus connu étant son premier, le Cosmic Dapp Theory. Partageant la scène avec ses acolytes John Hébert à la contrebasse et Clarence Penn à la batterie, Milne propose une formule instrumentale bien éprouvée, interprétant une musique originale d’une sensibilité résolument actuelle, inspirée par tous les courants des musiques noires américaines populaires.

Toronto : 28/6; Ottawa : 29/6; Victoria : 30/6; Vancouver : 1/7; Calgary : 2/7; Edmonton : 3/7; Saskatoon : 4/7.

Tord Gustavsen

Tous les inconditionnels de l’étiquette ECM reconnaissent Tord Gustavsen comme l’un des faire-valoir d’une esthétique musicale dite « son nordique ». Qualifié d’éthéré, d’introspectif ou d’impressionniste, ce jazz des contrées septentrionales a su séduire des légions d’auditeurs. Fidèles à cette esthétique, Gustavsen et les compatriotes de son trio reviennent au Canada pour une nouvelle visite, la tournée coïncidant avec la sortie de sa toute nouvelle offrande intitulée Opening, toujours chez ECM.

Vancouver : 28/6; Québec : 30/6; Montréal : 1/7; Ottawa : 2/7; Saskatoon : 3/7.

Sunna Gunnlaugs

Pour les fanas du son nordique, signalons un autre nom dont la musique vaut autant le détour que d’autres, bien plus connus qu’elle. Dans son pays, l’Islande, la réputation de Sunna Gunnlaugs est bien établie, sa place pas trop loin derrière une certaine chanteuse de renommée internationale dont le nom commence par la lettre B. La pianiste jouit d’une certaine réputation au-delà de ses frontières, car elle se produit régulièrement sur le continent européen. Par ailleurs, elle a déjà visité nos rivages et sera de nouveau au pays à trois reprises. Musicienne à la touche gracieuse et à la musique alliant swing et lyrisme, Gunnlaugs aura à ses côtés ses accompagnateurs de longue date, le bassiste Þorgrimur Jónsson et le batteur Scott McLemore.

Vancouver : 27/6; Victoria : 28/6; Ottawa : 30/6.

Tambours battants de Toronto

Larnell Lewis

Voici un rythmicien des plus exubérants qui sait ravir le public, comme celui qui l’a entendu en clôture de la soirée canadienne de la foire internationale jazzahead! Musicien polyvalent, Larnell Lewis a accompagné une belle brochette de grands noms aux styles les plus variés, de Pat Metheny à Bennie Golson. Son approche énergique a largement contribué aux énormes succès de l’ensemble américain Snarky Puppy pour qui il bat la mesure depuis dix ans. Son propre groupe, un sextette, chevauche la ligne stylistique entre le jazz acoustique et électrique, avec des relents de musiques de la diaspora africaine de ses ancêtres. Preuve à l’appui, son album Relive The Moment en 2020 saura faire remuer les pieds des festivaliers.

Victoria : 1/7; Edmonton : 3/7; Halifax : 15/7.

Ernesto Cervini et Tetrahedron

Quand il ne s’affaire pas à son métier de publiciste spécialisé dans la promotion des nouveautés discographiques, Ernesto Cervini gère sa propre maison de disques, Anzic Records, en plus d’une carrière de batteur professionnel. Cet été, cet homme à tout faire fera la navette entre les festivals à la tête d’une toute nouvelle formation avec deux acolytes torontois, bassiste et saxo respectivement, rejoints par un invité spécial, le guitariste new-yorkais de nationalité israélienne Nir Felder. En 2020, le groupe faisait paraître son premier disque au titre éponyme et on peut parier qu’il en présentera des pièces de son répertoire et sans doutes quelques nouvelles. Pour une bonne rasade de jazz contemporain, ce quartette a de quoi à offrir.

Winnipeg : 14/6; Toronto : 24/6; Victoria : 29/6; Calgary : 30/6; Edmonton : 2/7; Saskatoon : 3/7.

Exclusivités

Pour autant que les festivals canadiens coordonnent leurs efforts, les organisateurs font aussi preuve d’initiative personnelle en cherchant des exclusivités. À Montréal, par exemple, deux autres batteurs se diviseront les honneurs de la série Invitation, soit Makaya McCraven (30/6,1-2/7) et Terry Lyne Carrington (4-6/7). Ottawa, pour sa part, présente l’un des grands rois mages du saxo ténor, Charles Lloyd, toujours en bonne forme à 84 ans (25/6), et deux représentations différentes le même jour sous la férule du saxo alto décapant de New York Tim Berne (26/6), la première en configurations de duos avec trois partenaires différents, la seconde en formation complète de quartette.

Info sur l’ensemble des festivals canadiens : www.jazzfestivalscanada.ca

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A propos de l'auteur

Marc Chénard is a Montreal-based multilingual music journalist specialized in jazz and improvised music. In a career now spanning some 30 years, he has published a wide array of articles and essays, mainly in Canada, some in the United States and several in Europe (France, Belgium, Germany and Austria). He has travelled extensively to cover major festivals in cities as varied as Vancouver and Chicago, Paris and Berlin, Vienna and Copenhagen. He has been the jazz editor and a special features writer for La Scena Musicale since 2002; currently, he also contributes to Point of Departure, an American online journal devoted to creative musics. / / Marc Chénard est un journaliste multilingue de métier de Montréal spécialisé en jazz et en musiques improvisées. En plus de 30 ans de carrière, ses reportages, critiques et essais ont été publiés principalement au Canada, parfois aux États-Unis mais également dans plusieurs pays européens (France, Belgique, Allemagne, Autriche). De plus, il a été invité à couvrir plusieurs festivals étrangers de renom, tant en Amérique (Vancouver, Chicago) que Outre-Atlantique (Paris, Berlin, Vienne et Copenhangue). Depuis 2012, il agit comme rédacteur atitré de la section jazz de La Scena Musicale; en 2013, il entame une collabortion auprès de la publication américaine Point of Departure, celle-ci dédiée aux musiques créatives de notre temps.

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