Jazz : Collaborations festives

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François et ses pianos

Lauréat du concours de jazz du FIJM en 1985, François Bourassa a évolué considérablement depuis. Émule de Bill Evans à ses débuts, avec un soupçon de McCoy Tyner, le pianiste a élargi ses horizons. L’arrivée du saxo ténor André Leroux dans les années 1990 donnait un nouvel entrain à son trio, son ensemble faisant preuve d’une subtile audace à chaque nouvel enregistrement. Au fil des ans, il a sollicité des partenaires inattendus, par exemple Jean Derome et Pierre Tanguay, ou encore, dans un projet mené avec son collègue pianiste Yves Léveillée et la percussionniste Marie-Josée Simard.

Dans les semaines qui suivent, François Bourassa poursuivra ce filon pianistique en partageant la scène avec trois autres as du clavier, dont deux de chez nous, Jean Beaudet et Marianne Trudel, et une Américaine de renommée, Myra Melford. Avec cette dernière, il se produira au Conservatoire de Montréal le 16 juin dans le cadre du festival Suoni per il popolo. Originaire de Chicago, Melford amorce sa carrière à New York dans les années 1980. En 2004, elle accepte un poste d’enseignante en Californie, résidant depuis dans la région de San Francisco. Pour elle, le duo piano n’est pas chose inconnue, car elle a croisé ses ivoires une fois avec sa consœur japonaise Satoko Fujii, une autre avec un Australien, Alister Spence. Le concert, annonce-t-on, se déroulera en trois parties, chaque pianiste jouant d’abord en solo, le tout se terminant par une série de duos complètement improvisés.

Trois semaines plus tard, le 6 juillet, Bourassa se présentera au FIJM, cette fois-ci avec deux de ses collègues québécois. Occasion spéciale, le concert se veut un hommage à Paul Bley, le dernier des plus célèbres fils du jazz montréalais, décédé en janvier à l’âge de 83 ans. En première partie, Bourassa et Trudel joueront des solos et des duos, alors que Beaudet se produira à la tête de son Trio d’improvisation de Montréal, ses comparses étant Daniel Lessard (cb.) et Michel Ratté (btr.).

» Piste d’écoute: Myra Melford – Life Carries Me this Way (Firehouse 12), solo piano.

Vancouver rencontre Montréal

Autre première au festival Suoni per il popolo, l’événement Trading Places jette un pont entre les scènes des musiques improvisées de Montréal et de Vancouver. De cette métropole du Pacifique, le guitariste Tony Wilson et la harpiste Elisa Thorp effectueront une résidence en ville. Ils répéteront avec trois des nôtres, le batteur Pierre Tanguay, le violoniste Josh Zubot et le saxophoniste Ted Crosby, en prévision d’un spectacle conjoint le 13 juin, auquel s’ajouteront deux invités-surprises. Cette initiative, mise sur pied grâce à l’appui financier d’un mécène anonyme pour une période initiale de trois ans, permettra à des musiciens des deux villes de se rencontrer, une fois chez nous lors du Suoni et un retour de l’ascenseur sur la côte ouest en novembre. Le saxophoniste Yves Charuest et la clarinettiste Elisabeth Lima sont les deux premiers élus montréalais pour l’automne prochain.

Création Montréal-Toronto

Parcours Parcuivres est le titre particulièrement ingénieux d’un projet conçu par le saxophoniste torontois John Oswald et le tromboniste Scott Thomson, ancien de la Ville Reine, mais Montréalais d’adoption. L’hiver dernier, les deux se sont mis à la tâche de concevoir une œuvre d’une heure pour dix cuivres, soit quatre trompettes, un cor, trois trombones et deux tubas. L’ensemble de circonstance, appelé la Fanfare R. Mutt – signature employée par l’artiste surréaliste Marcel Duchamp pour son œuvre à scandale Fontaine – se produira en plein air le 5 mai à 17h au parc La Fontaine, toujours dans le cadre du festival Suoni per il popolo. Thomson précise qu’il s’agit d’une espèce d’œuvre spatiale ou environnementale pendant laquelle le groupe se déplacera dans le parc, commençant du côté de la rue Sherbrooke, se dispersant parfois en sous-groupes et se retrouvant enfin à l’autre extrémité, rue Rachel. www.scottthomson.ca

Initiatives parallèles

Les compositeurs au bar

De la rue Rachel, passons à une autre Rachel, Therrien de son nom de famille et trompettiste de profession. Un an après avoir obtenu le premier prix du concours organisé par le FIJM, elle aura un été très chargé. Outre une grande tournée canadienne, elle s’occupe aussi de la scène montréalaise en tant qu’animatrice de la série Compositeurs de jazz, qu’elle a inaugurée en 2013. Du 2 au 9 juillet, pendant le FIJM, un ensemble différent de six musiciens se présentera chaque soir au Bar à Vinyle (2109, rue de Bleury). Seules règles de jeu : chaque participant fournit deux compositions originales, toutes répétées le jour même de la performance. Pour la modique somme d’une contribution volontaire, les amateurs pourront donc assister à des rencontres inédites entre musiciens d’ici et d’ailleurs, dont quelques Américains. Surprises et découvertes sont inscrites au programme de ces huit rendez-vous nocturnes, tous bien accordés au diapason du jazz moderne. À noter: une soirée de collecte de fonds pour cet événement (entièrement autoproduit) se déroulera le 11 juin. www.facebook.com/jazzcomposerswww.jazzcomposers.wordpress.com

Les improvisateurs à l’hôpital

Vu avez bien lu, on joue à l’improviste dans une institution de santé, en l’occurrence l’Hôpital général juif. L’âme dirigeante de cette initiative, Bryan Highbloom (thérapeute musical de la boîte) a créé le JGH Jazz Festival en 1999, tendant d’abord la perche au FIJM pour inviter quelques grands noms à jouer pour ses patients (et pas les moindres non plus, Jack de Johnette ou Pat Mike Stern parmi les plus notables). Depuis 2014, l’organisateur s’est associé au Suoni per il popolo en recrutant des ensembles locaux et quelques grands noms de son festival pour jouer en plein air sur une estrade devant l’hôpital, ou en salle en cas de pluie – partenariat assuré pour les cinq prochaines années. Deux autres volets s’inscrivent aussi à son programme, l’un étant des minirécitals pour les patients, l’autre étant des ateliers pour les enfants handicapés suivis par le service de psychiatrie. Unique en son genre au monde, selon son directeur, ce festival incarne le vœu, jadis exprimé par Albert Ayler, de la musique comme force guérissante de l’univers. www.suoniperilpopolo.org/suonijgjf

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A propos de l'auteur

Marc Chénard is a Montreal-based multilingual music journalist specialized in jazz and improvised music. In a career now spanning some 30 years, he has published a wide array of articles and essays, mainly in Canada, some in the United States and several in Europe (France, Belgium, Germany and Austria). He has travelled extensively to cover major festivals in cities as varied as Vancouver and Chicago, Paris and Berlin, Vienna and Copenhagen. He has been the jazz editor and a special features writer for La Scena Musicale since 2002; currently, he also contributes to Point of Departure, an American online journal devoted to creative musics. / / Marc Chénard est un journaliste multilingue de métier de Montréal spécialisé en jazz et en musiques improvisées. En plus de 30 ans de carrière, ses reportages, critiques et essais ont été publiés principalement au Canada, parfois aux États-Unis mais également dans plusieurs pays européens (France, Belgique, Allemagne, Autriche). De plus, il a été invité à couvrir plusieurs festivals étrangers de renom, tant en Amérique (Vancouver, Chicago) que Outre-Atlantique (Paris, Berlin, Vienne et Copenhangue). Depuis 2012, il agit comme rédacteur atitré de la section jazz de La Scena Musicale; en 2013, il entame une collabortion auprès de la publication américaine Point of Departure, celle-ci dédiée aux musiques créatives de notre temps.

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