Biophilia Records : pour un jazz… écolo

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Imaginez un jour recevoir un album qui ne comporte aucun disque. Un oubli ? Pas du tout : Biophilia ose l’inimaginable depuis deux ans déjà. Une autre surprise attend aussi l’acheteur de l’un des titres, soit une pochette cartonnée qui se déplie à la manière d’un origami. Sur l’un des vingt panneaux se trouve un code d’accès à la musique, téléchargeable de son site Internet.

Fabian Almazan, pianiste de profession, assume les destinées de cette entreprise qu’il a lui-même imaginée. Ce Cubain d’origine, qui a grandi au Mexique et en Floride, justifie sa démarche singulière par un désir d’unir ses deux champs d’intérêt : la musique et la nature. Lors d’un passage au Festival international de jazz à Montréal en juin dernier, il a retracé son cheminement personnel vers son concept.

« En 2007, le trompettiste Terrence Blanchard m’a engagé dans son groupe. Lors d’une tournée sur la côte ouest américaine, il m’arrivait de visiter de jour des jardins zoologiques. J’avais un intérêt pour la nature et mes rencontres avec les responsables m’ont sensibilisé à la question de la conservation des espèces. » Germe alors en lui une vague idée de lier musique et nature avec une troisième ­réalité qui le concernait : les minorités ­ethniques. Dès 2010, il envisage de créer son étiquette. Après réflexion, il repense sa politique éditoriale,­ ­laissant de côté la question ethnique pour embrasser une vision inclusive de la musique, ouverte à tout artiste s’exprimant de manière intègre dans l’orbite du jazz contemporain.

Sa décision de produire des albums sans disque est le fruit d’une autre réflexion déclenchée après la sortie de deux albums à son nom, le premier sur son étiquette, le second ­résultat d’une coproduction entre les ­maisons Artists Share et Blue Note. « Après ces albums, je voulais créer un produit, disons, moins nuisible à l’environnement, déclare-t-il. Je voulais expérimenter avec quelque chose de nouveau, de ­recyclable. Je me suis mis à fouiller le sujet ­pendant un an pour arriver au concept actuel. »

Unique en son genre, la pochette (Biopholiomd) est brevetée; le graphisme, pour sa part, est assuré en bonne partie par un ­cabinet de Toronto. Outre les informations discographiques, plusieurs titres contiennent de copieuses notes de présentation, utiles au mélomane. Le site Web, enfin, donne l’occasion de se procurer des morceaux à la pièce pour certains titres seulement et, valeur ­ajoutée intéressante pour les musiciens, les partitions figurant sur les enregistrements.

Quant à la réception, Almazan souligne qu’il explique souvent la démarche de l’étiquette durant un concert, étalant un album devant le public. Il se dit encouragé par la réaction et constate même un accroissement constant des ventes.

Pour l’automne, il ne prévoit qu’une parution, mais a déjà plusieurs propositions sur la table pour l’an prochain, dont un seulement est arrêté en ce moment. « Il s’agit d’un duo guitare-basse, indique-t-il, mais qui sera enregistré sur le terrain, soit dans les grands espaces de l’Ouest américain. Les artistes ont aussi exprimé le désir de présenter autant ­l’album que la musique en numérique seulement et de remettre tous les profits au principal organisme américain voué à défendre les réglementations sur les changements climatiques. » Dans la foulée de son récent album (This Land Abounds with Life), Almazan songe aussi à réaliser un album solo.

www.biophiliarecords.com

 

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A propos de l'auteur

Marc Chénard is a Montreal-based multilingual music journalist specialized in jazz and improvised music. In a career now spanning some 30 years, he has published a wide array of articles and essays, mainly in Canada, some in the United States and several in Europe (France, Belgium, Germany and Austria). He has travelled extensively to cover major festivals in cities as varied as Vancouver and Chicago, Paris and Berlin, Vienna and Copenhagen. He has been the jazz editor and a special features writer for La Scena Musicale since 2002; currently, he also contributes to Point of Departure, an American online journal devoted to creative musics. / / Marc Chénard est un journaliste multilingue de métier de Montréal spécialisé en jazz et en musiques improvisées. En plus de 30 ans de carrière, ses reportages, critiques et essais ont été publiés principalement au Canada, parfois aux États-Unis mais également dans plusieurs pays européens (France, Belgique, Allemagne, Autriche). De plus, il a été invité à couvrir plusieurs festivals étrangers de renom, tant en Amérique (Vancouver, Chicago) que Outre-Atlantique (Paris, Berlin, Vienne et Copenhangue). Depuis 2012, il agit comme rédacteur atitré de la section jazz de La Scena Musicale; en 2013, il entame une collabortion auprès de la publication américaine Point of Departure, celle-ci dédiée aux musiques créatives de notre temps.

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