Michel Buruiana (17 février 1953–13 février 2017)

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Le 13 février 2017, à l’âge de soixante-trois ans, est décédé Michel Buruiana. Il fut journaliste, écrivain, homme ­d’affaires, producteur, imprésario et conseiller artistique.

D’origine roumaine, Michel Buruiana était le fils d’un ophtalmologiste et d’une violoniste. Ses parents l’ont intéressé très tôt à la culture. Il apparaît, à l’âge de 9 ans, dans un film du cinéaste roumain Savel Stiopul, Les Saisons. L’œuvre est présentée à Cannes et reçoit un prix au Festival du film de Téhéran dont Norman McLaren préside alors le jury. Ce dernier conserve un bon souvenir du film de Stiopul et accepte de recevoir à l’Office national du film, quelques années plus tard, le jeune Buruiana, âgé d’à peine dix-huit ans, nouvellement arrivé au Canada, qui veut  s’immiscer dans le monde du cinéma.

C’est ainsi qu’il entre à l’ONF, devenant en 1973 assistant-stagiaire du réputé chef opérateur Thomas Vamos, en même temps qu’il étudie l’histoire de l’art à l’Université de Montréal. Il est également l’élève du journaliste et conseiller cinématographique jésuite Marc Gervais, une autorité internationale sur l’œuvre d’Ingmar Bergman, Pier Paolo Pasolini et autres grands cinéastes. La collaboration entre Marc Gervais et Michel Buruiana en est une qui dure d’ailleurs de nombreuses années, celui-ci ayant tout d’abord été l’assistant de Gervais, puis devenant son conseiller avec le temps. Une fois ses études terminées, Buruiana connaît certaines difficultés à s’insérer dans le milieu artistique et amorce une carrière dans le monde des assurances. Pendant une dizaine d’années, il fait d’excellentes affaires comme assureur, se classant même parmi les meilleurs de sa   profession au Canada. Malgré ce succès, son intérêt de longue date pour les arts et la    culture le mène à réorienter pleinement ses activités et il quitte les assurances en 1983.

Buruiana prend successivement la direction de deux publications spécialisées sur le cinéma, soit la revue 24 Images, qu’il sauve d’une faillite imminente, et la revue Séquences. Il réalise pour celle-ci de nombreux articles et entrevues, qui lui valent des éloges de la part de personnages aussi importants que les scénaristes et réalisateurs Jean-Charles Tacchella (Dames galantes) et Jean-Paul Rappeneau (Cyrano de Bergerac).

Mentionnons par ailleurs que, durant les années 1980, Buruiana est au cœur du projet d’implantation d’une équipe de soccer professionnel à Montréal, le Manic, qui connut un certain succès avant de disparaître, faute de financement. Il signe également, au plus fort de la controverse entourant la décriminalisation de l’avortement au Canada, le livre Avortement : oui et non aux Éditions Humanitas, en 1988. L’ouvrage, qui présente un dialogue entre le Dr Henry Morgentaler et Mgr Bertrand Blanchet, est particulièrement apprécié pour son approche pondérée et demeure à ce jour au programme de nombreux cours d’éthique et de philosophie de niveau collégial et universitaire.

Parmi les nombreuses réalisations culturelles et artistiques de Michel Buruiana, citons la création du Studio Théâtre de Québec, en 1984, ainsi que la création du gala annuel de remise des Prix Séquences, précurseurs des Prix Iris. Buruiana organise en 1987 une exposition sur le dramaturge Eugène Ionesco, en collaboration avec les éditions Gallimard, et il réalise en 1991 l’exposition Veyrier, dédiée aux livres sur le cinéma, en ouverture du 15e Festival des films du monde de Montréal. Il siège au comité conseil de l’Orchestre Métropolitain, de 1987 à 1989, et y produit notamment un grand concert dirigé par Marc Bélanger, mettant en vedette et lançant la ­carrière du célèbre accordéoniste Marin Nasturica. Durant les années 1990, il est ­également attaché de presse et conseiller de plusieurs chaînes télévisées du Groupe Astral.

Au fil des ans, l’imprésario est l’instigateur de 58 événements artistiques reliant le Québec, le Canada et la Roumanie, le rapprochement des cultures étant l’un des piliers de son engagement social. Buruiana révèle le Québec à la Roumanie en 1992, organisant à Bucarest le plus grand festival de cinéma ­québécois jamais produit à l’étranger et invitant des personnalités telles que Gilles Carle, Jean-Claude Labrecque, Roger Cantin, Germain Houde et Chloé Sainte-Marie à   l’accompagner pour l’occasion dans son pays natal. L’année suivante, il réalise sept événements Canada-Roumanie et, en 1994, il ­produit le festival Montréal à Bucarest – Présences canadiennes en Roumanie. Buruiana organise des expositions d’œuvres du cinéaste Jean-Claude Labrecque et de la peintre Mona Mariana Ciciovan, qui sont  présentées tant à Montréal qu’à Bucarest. On lui doit également l’événement Pleins Feux sur la Roumanie, présenté à l’UQAM en 2002, et le titre d’invité d’honneur, pour le Québec et le Canada, au Festival du film francophone de Roumanie, en 2005. Michel Buruiana reçoit la Médaille Canada-Roumanie en 2000 et se voit décorer de la plus haute distinction octroyée par le gouvernement roumain, soit l’Ordre du Service à la Nation, en 2003.

Côtoyant depuis toujours le monde du cinéma, son nom se retrouve au générique d’une quarantaine d’œuvres cinématographiques pour lesquelles il agit comme attaché de presse, producteur ou conseiller spécial à la production. Il s’est concentré surtout sur la musique, les arts visuels et le cinéma. La   violoniste Caroline Chéhadé et l’artiste peintre Mona Mariana Ciciovan sont au nombre de ses protégés, tandis qu’il prodigue des conseils au réalisateur et scénariste Sylvain Guy (Liste noire et Monica la mitraille), à l’accordéoniste Marin Nasturica et à plusieurs producteurs de films, dont Michel Mosca, Marcel Giroux et Marc Bourgeois. La pianiste Marika Bournaki, le chanteur basse Joseph Rouleau et le cinéaste Jean-Marc Vallée (Liste noire et C.R.A.Z.Y.) collaborent également avec lui durant    plusieurs années. Enfin, plus récemment, il était conseiller de quelques organismes dont l’Orchestre des jeunes de Montréal, les Jeunes ambassadeurs lyriques, le Prix d’Europe et La Scena Musicale.

Adaptation d’un texte original de Caroline Louis, « À l’ombre de l’artiste : survol de la carrière de Michel ­Buruiana », La Scena Musicale, juin 2008.


À propos de Michel Buruiana :

« Quand je pense à lui, je me souviens du poème Si de Rudyard Kipling : “Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie, et sans dire un seul mot te mettre à ­rebâtir.” »

– Danielle Blouin, mécène

« En plus de ses “artistes”, il y a avait ses “jeunes.” Ces jeunes à qui il a transmis sa passion pour la culture et les arts, bien sûr, mais aussi pour l’histoire, la politique, la philosophie, et les études. »

– Sylvain Guy, cinéaste

« Il m’a appris qu’il n’y a qu’une seule chose qui compte : suivre sa nature, suivre sa voie…. »

– Mona Ciociovan, peintre

« Doté d’une intelligence fulgurante, d’une mémoire fabuleuse, d’une élégance exquise et d’un charme fou, tomber amoureuse de lui a été inévitable… et rester dans cet état (45 ans de bonheur)… a été sublime, et pour cause :  sa tendresse et son amour dévoué qui se sont révélés pour cimenter notre affection ! »

– Aparecida De Almeida, son épouse

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