Jean-Claude Picard de l’OSTR « Un bon chef doit être un bon leader »

0
Advertisement / Publicité

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

par Adrian Rodriguez et Andréanne Venne

C’est un retour au pays pour le chef Jean-Claude Picard qui a étudié et travaillé en Europe pendant les douze dernières années (dont trois ans comme chef associé à l’Orchestre national d’Écosse). Il admet : « On finit par avoir le mal du pays, par ressentir que nos racines sont ailleurs. Tellement que parfois je me mettais à écouter de la musique traditionnelle québécoise. » Actuellement chef principal du Scottish Ballet, compagnie nationale de danse d’Écosse, il garde en parallèle un contact étroit avec l’Europe, mais son poste de chef de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières (OSTR) est pour lui l’occasion de contribuer artistiquement à la culture du Québec.

Entré en fonction comme chef attitré de l’OSTR à l’automne dernier, Jean-Claude Picard prend le relais de Jacques Lacombe, qui a dirigé l’orchestre pendant treize ans. « Pour un jeune chef, c’est du bonbon, de pouvoir succéder à un chef comme Jacques Lacombe et de diriger un orchestre qui est dans un excellent état. C’est un orchestre virtuose, qui a un très beau son, donc pour moi c’est un plaisir immense. »

Trois grands tournants

D’abord formé comme flûtiste à partir de l’âge de quatorze ans avec l’Orchestre des jeunes de Laval, Picard s’est rapidement tourné vers le travail de chef. « J’ai été subjugué par ce rôle et j’ai demandé de suivre des cours avec le chef. C’est devenu clair à partir de là. La flûte a été un moyen d’accéder à la direction d’orchestre. »

À propos de son parcours, le nouveau chef révèle qu’il n’a jamais aimé précipiter les choses. « Ce qui est important pour moi, c’est l’expérience. Je n’ai pas pris la voie des concours, car je voulais acquérir de l’expérience réelle avec l’orchestre auquel je m’associe. » Il note trois moments charnières dans son évolution professionnelle. « Le premier a été d’étudier avec mon maître, Laurent Gay, pendant quatre ans au Conservatoire de musique supérieur de Genève. Le deuxième tournant a été d’être nommé chef assistant au Royal Scottish Orchestra, moment important. C’est un concours international réunissant 175 candidats. Ce poste a été un tremplin extraordinaire. Le troisième moment décisif a été de me voir offrir deux postes importants : celui de chef principal aux Scottish Ballets et celui de directeur artistique et chef attitré à l’OSTR. »

Chef dansant

Pour le chef de la compagnie de ballet d’Écosse, la direction d’orchestre a une similarité avec le ballet, « car on traduit en mouvement ce que la musique nous inspire ». Cette dynamique, le chef l’a comprise dès le premier ballet qu’il a dirigé. « La première fois que j’ai dirigé un ballet, Casse-Noisette de Tchaïkovski, a été une grande révélation. Luciano Berio disait que “la musique est inséparable du mouvement” et je le crois de plus en plus. » Le ballet qui l’a tout particulièrement marqué ? « Le Sacre du printemps de Stravinski. Quand on l’écoute en concert, on comprend que c’est de la très grande musique, mais en mouvement, c’est encore plus profond comme expérience artistique. » De quoi se demander si des chorégraphies seront intégrées aux représentations futures. « On ne peut pas encore le dévoiler, répond-il, mais oui, on examine présentement si c’est techniquement et financièrement réalisable. »

Picard, qui a un penchant accusé pour l’impressionnisme français, est surtout amateur des répertoires russe et scandinave. Ces répertoires ne sont pas des plus accessibles pour ceux qui connaissent peu la musique classique, mais les deux concerts qu’il a donnés à Trois-Rivières jusqu’à présent ont été très bien reçus par le public. Il en conclut que le public de Trois-Rivières est à la hauteur de son orchestre. « C’est un public connaisseur avec des attentes élevées et qui sait que l’orchestre est excellent. Ce qui prouve qu’on peut se surpasser et explorer davantage le répertoire russe avec le public de Trois-Rivières. » 

Une approche humanisante

L’expérience de musicien d’orchestre informe l’approche de la direction d’orchestre du chef rapatrié. « On apprend énormément comme musicien d’orchestre sur les bonnes habitudes à prendre, car on voit se succéder beaucoup de chefs. Cela me place aussi dans une position excellente parce que je sais ce que c’est, être musicien dans un orchestre, et je comprends les attentes des chefs. » Selon lui, un bon chef d’orchestre est surtout un bon leader. « Il doit être parfaitement préparé et absolument convaincu de la musique qu’il dirige. Un bon chef invite les musiciens à suivre sa vision de l’œuvre, mais sait aussi laisser les musiciens respirer. »

Picard veut d’ailleurs tourner les projecteurs vers les musiciens. « Nos musiciens sont remarquables, on a des écoles et des orchestres excellents et mon vœu est de mettre l’attention sur ces musiciens, de les humaniser. Souvent, le public d’un concert symphonique passe un beau moment, mais les musiciens restent des figures inaccessibles, alors je cherche à rapprocher le public des musiciens de son orchestre symphonique. » C’est dans cette optique que Picard proposera durant son mandat un répertoire plus symphonique que lyrique, où l’orchestre sera remis au centre de l’attention.

La programmation complète de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, sous la direction de Jean-Claude Picard, est présentée au www.ostr.ca.

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Partager:

A propos de l'auteur

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.