Corona Sérénades: question et réponses avec Nils Brown

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Rencontrez Nils Brown (ténor montréalais), chanteur pour les CORONA Sérénades


Nils Brown, né en Australie, s’est installé à Montréal. Il est régulièrement engagé par de grands orchestres et des organisations de chorales aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne. Il a joué au Festival international de musique baroque de Lamèque et a collaboré avec plusieurs orchestres et ensembles : l’Orchestre symphonique de Vancouver, l’Orchestre philharmonique de Calgary, l’Orchestre symphonique d’Edmonton, l’Orchestre symphonique de Montréal, I Musici de Montréal, le Portland Baroque Orchestra, les American Bach Soloists, le Four Nations Ensemble, le Washington Bach Consort, les Elora Singers, Tafelmusik, le Chœur Mendelssohn de Toronto, le Chœur Bach de Bethléem, l’Orchestre CBC Vancouver et l’Ensemble Aradia. Il a enregistré avec l’Ensemble Aradia, l’American Bach Society et le Washington Bach Consort. Nils a chanté le Requiem de Mozart dans le cadre de tournées en Allemagne et en République tchèque. L’été dernier, il s’est produit au Festival Fringe d’Édimbourg. Il était soliste dans la mise en scène de Jonathan Miller de la Passion selon saint Matthieu de Bach, à l’Académie de musique de Brooklyn. La prestation est documentée sur DVD.

Comment la crise sanitaire vous a-t-elle affecté ?

Une série de représentations à Montréal de l’opéra Nicandro e Fileno de Paolo Lorenzani (1640–1713) est annulée. Il s’agissait d’une reprise d’une production et d’un enregistrement de 2018 bien reçus sur ATMA Classique avec Le Nouvel Opéra et Les Boréades. Sont également annulées les représentations estivales d’un programme Rameau/Telemann avec l’Ensemble Caprice au Festival baroque de Montréal et au festival Musique et autres mondes d’Ottawa.

Ce qui me déçoit le plus, c’est que je prévoyais faire renaître un ancien projet de chansons napolitaines et italiennes avec le guitariste-mandoliniste Jordan Officer, mais nous avons dû suspendre le projet pour une durée indéterminée. Après avoir répété tout l’hiver avec le bassiste Mark Peetsma (de Kleztory), nous prévoyions que Jordan nous rejoigne en mai pour un spectacle et un vidéoclip de la chanson Le rondini de Lucio Dalla. Jordan, un brillant joueur de blues et de swing à Montréal, avait cinq projets en cours et il nous réservait généreusement du temps malgré tout. Il devra lui aussi faire redémarrer tous ses projets, mais je pense qu’il nous rejoindra à un moment où à un autre sur le long chemin du retour à nos projets, qui est maintenant le défi de tous les artistes interprètes. Dans le passé, nous avons enregistré un album autoproduit qui n’a jamais trouvé de label. Il est peut-être temps de le commercialiser.

Quels sont vos cinq opéras préférés ?

J’ai tendance à aimer tout opéra où je trouve que le développement du langage musical atteint le niveau parfait pour exprimer le sujet central de l’histoire.

Otello (Verdi).Mon premier choix est la production avec Vickers/Gobbi/Rysanek/Tullio Serafin. Ma deuxième production favorite, qui se situe très près de la première, est celle de Karajan avec Del Monaco/Protti/Tebaldi. Tristan und Isolde (Wagner), avec Vickers/Dernesch, dirigé par Karajan.

Cavalleria Rusticana (Mascagni).J’ai grandi avec Bjorling/Milanov/Bastianini, mais les enregistrements effectués par Mascagni lui-même sont très instructifs. Santuzza est chanté avec une voix plus légère par rapport à ce qui est aujourd’hui habituellement attendu du chant de Santuzza, ce qui signifie normalement un réajustement à une voix plus puissante pour la partie ténor. Simionato jouait Mamma Lucia; elle est finalement devenue célèbre pour sa Santuzza, ce qui a provoqué le changement dont je viens de parler. À noter, le plus beau prélude et intermezzo se trouve sur les enregistrements par la chaîne japonaise NHK de la compagnie en visite de La Scala au début des années 1960, avec le chef Giuseppe Morelli.

Elektra (Strauss), avec Birgit Nilsson évidemment. Également avec Christa Ludwig et Tom Krause, chantant si bien le matou le plus cool de l’opéra, Orest, et l’infaillible et fabuleux Georg Solti à la barre. Incroyable de penser que Nilsson a chanté ce rôle à la Place des Arts à l’occasion de l’Expo 67.

Tosca, de Puccini, avec Callas/Di Stefano/Gobbi. Tout le monde a déjà dit tout le bon qu’il y avait à dire sur cet enregistrement, alors tout ce que je pourrais dire serait redondant. Mais je vais quand même dire que chaque fois que je pense à Maria Callas, je pleure son triste décès en me disant que j’aurais voulu être là pour elle − où que quelqu’un soit là pour elle. J’ai compris récemment que Callas et Jim Morrison vivaient à Paris à peu près au même moment, et je me demande s’ils auraient pu se sauver l’un et l’autre. Cela n’aura pas été le cas, et le Dionysos moderne et sa potentielle Ariane sont tous deux enterrés dans le cimetière du Père-Lachaise, mais séparément.

Quels films, séries télévisées et livres recommanderiez-vous ?

Je suis un grand amateur d’œuvres documentaires, alors quand il est devenu évident que l’interruption générale des activités serait assez longue, je me suis plongé dans le premier volume de la trilogie Staline : les paradoxes du pouvoir, de Stephen Kotkin. Je compte bien avoir tout le temps nécessaire pour passer au travers de ces 793 pages. Si vous ne pouvez pas obtenir son livre – et, au point où nous en sommes, il est préférable de ne pas surcharger inutilement les systèmes de poste et de livraison –, recherchez la conférence suivante sur YouTube : Isaiah Berlin Memorial Lecture: Stephen Kotkin.

Pourquoi vous êtes-vous joint aux CORONA Sérénades ?

J’ai rejoint les CORONA Sérénades parce que mes présentations sur Facebook semblaient inspirer les gens à persévérer pendant cette crise. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a toujours eu une ambiance de ministère dans mes interprétations de ces chansons italiennes accompagnées à la guitare. Les gens qui entendent ma musique me le disent constamment. Si je peux inspirer ou divertir en ces temps difficiles, cela voudra dire que les longues années que j’ai passées à entretenir ce répertoire et ma voix en valaient la peine, surtout si les CORONA Sérénades me permettre d’entrer en contact avec nos brillants et courageux travailleurs de la santé et, plus particulièrement, avec les personnes souffrant de cette terrible maladie, la COVID-19. C’est la raison pour laquelle je suis un artiste, après tout : être au service des autres.

Tous les artistes de la scène font face à l’interruption des activités à Montréal. Ce programme offre une certaine dose d’activités et d’occasions artistiques, ce dont je suis très reconnaissant. Si ça se passe bien et que les voyages sont possibles, j’aimerais aller en Italie à l’automne et chanter cette musique pour les habitants de ce pays terriblement touché. Si je reste occupé, je serai en très bonne forme pour le faire !

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