Critiques de concert

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photo Pavel-Antonov

Sondra Radvanovsky, soprano, et Anthony Manoli, piano – 5 étoiles

22 octobre, Grand Théâtre de Québec

10/10

 

 

Prise 1

La diva canadienne Sondra Radvanovsky a donné un récital magnifique lors de son passage à Québec. Elle a interprété des airs de Bellini, Verdi, Strauss, Liszt et Barber, des arias de Tosca, d’Andrea Chénier, de Dvořák, sans compter une chanson de la comédie musicale My Fair Lady. Outre le fait que sa prestation était impeccable, elle a dérogé aux normes de présentation en s’adressant au public entre les morceaux et racontant quelques anecdotes. L’écoute de Sondra Radvanovsky par un dimanche soir s’est avérée une expérience spirituelle. Les spectateurs en étaient bouche bée après le dernier morceau. Les mots ne suffisaient pas pour décrire la beauté de cette prestation et un silence presque divin régnait dans la salle. AR

Prise 2

L’une des sopranos les plus en demande du monde lyrique, Sondra Radvanovsky, nous a offert un récital unique et majestueux. Elle nous a proposé un programme varié, personnalisé et vécu. Après l’air Sposa son disprezzata de Vivaldi en ouverture, la cantatrice a poursuivi avec un cycle d’arias de Bellini, suivi de mélodies de Strauss et de Samuel Barber et, en fin de programme, La mamma morta de l’opéra Andrea Chénier d’Umberto Giordano. En rappel, elle a chanté la Chanson à la lune de Dvořák, I Could Have Danced All Night de la comédie musicale My Fair Lady et une interprétation sublime de Vissi d’arte de Puccini. Tant par la flexibilité de sa voix, son intensité, mais aussi des passages mezza voce et des nuances à couper le souffle, Sondra Radvanovsky nous a offert un véritable cours de maître. Tout au long du récital, j’ai pu apprécier combien elle incarnait la grande tradition opératique. Signalons enfin le précieux travail du pianiste accompagnateur, Anthony Manoli.       OD

 

Opéra de Québec : Rigoletto – 2 étoiles

Rigoletto, de Verdi, Derek Bate, direction musicale, Gregory Dahl, baryton, Raphaëlle Paquette, soprano, Steve Michaud, ténor, Geneviève Levesque, mezzo.

21 octobre, Grand Théâtre de Québec

Gobal : 4/10       Solistes : 4/10

Sur le versant positif, la direction de Derek Bate était claire et efficace, le chœur très solide (ex : Zitti, zitti, muoviamo a vendetta), la mise en scène de François Racine à la fois belle et de facture classique. La basse Marcel Beaulieu était une agréable surprise, sa voix était riche et sonore à la fin du duo avec Rigoletto.

Bémols : Gregory Dahl en Rigoletto, a une belle voix, mais il nous manque l’expression que le rôle peut offrir. Le ténor Steve Michaud nous offre, hélas, une version pauvre du Duc, sa voix étant inégale, souvent nasale, avec utilisation du falsetto pour pallier les notes aiguës poussées (voire criées) – et ne passons pas sous silence son jeu scénique presque inexistant. OD

Autres avis
Adrian Rodriguez : 1 étoile              Glob. 3/10, Soli. 2,5/10
Dino Spaziani : 2 et demi étoiles              Glob. 8/10, Soli. 7,5/10

 

photo Carnegie Hall

L’OSM, direction Ken Nagano, et Maxim Vengerov, violon – 4 et demi étoiles

Maison symphonique, 17 octobre

8/10

Solistes : 9/10 Vengerov

10/10  Jean-Willy Kunz

Attendu de tous, le concert de l’OSM et de son soliste invité, le réputé violoniste Maxim Vengerov, s’est déroulé le mois dernier. Le célèbre Concerto pour violon en ré majeur de Brahms était inscrit au programme en seconde partie, la première partagée entre le Concerto pour orchestre de Bartók et, de Sammy Moussa, A Giobe Itself Infolding, pour orgue et orchestre. L’OSM a livré des interprétations brillantes de ces trois œuvres non dénuées de côtés évocateurs. Les solistes ont offert un éventail étonnant de sons, notamment une intervention du piccolo à peine murmurée. Maxim Vengerov entra en scène après l’entracte. En dépit de sa petite stature, il sait s’imposer comme musicien, se montrant au sommet de sa forme lors de la cadence du premier mouvement.

Bémols : le soliste semblait forcer le tempo indûment au début du premier mouvement. De plus, il se tenait à un pianissimo inhabituel dans certains passages, donnant l’impression d’un certain malaise de sa part avec le son de son instrument. TH

Love Songs Opera – 2 et demi étoiles

Marie-Annick Béliveau, mezzo, et Jean Derome, anches, objets

27-28 et 30 septembre, Le Gésù Centre de créativité

5/10

Explorant une large palette sonore qui comprend autant d’effets vocaux rauques de blues que de hurlements, la mezzo Marie-Annick Béliveau a donné une remarquable prestation à la fin de septembre. Jean Derome, son seul partenaire sur scène, a également démontré un grand éventail de sons et de nuances. Avis cependant à ceux qui s’attendent à de l’opéra type, puisqu’il s’agit ici d’un cycle de pièces vocales mises en scène. La quête du beau ne semble pas être le sens de cette œuvre, mais bien une exploration des façons d’exprimer l’amour.

Bémols : si vous préférez les musiques tonales à celles dites contemporaines ou expérimentales, cette œuvre vous déplaira. Les mélodies sont cacophoniques, la mise en scène est aussi minimale que sobre, le tout écrit dans un langage incompréhensible, privant ainsi l’auditeur de tout filon pour suivre l’histoire. AR

Voir en ligne une critique positive de Dino Spaziani myscena.org/fr/dino-spaziani/critique-love-songs-opera/

 

You Say You Want a Revolution – 4 étoiles

Orchestre de Chambre de McGill, dir. Boris Brott

27 septembre, MBAM

8/10

Ce concert de l’Orchestre de chambre McGill (MCO) s’était déroulé dans le cadre de l’exposition Révolution au MBAM. Boris Brott, directeur musical et chef du MCO, nous a présenté un programme haut en couleur. Celui-ci comprenait des œuvres aussi variées que Zomby Woof de Frank Zappa, l’opus 110a en do mineur de Chostakovitch (coup de cœur personnel de la soirée), un pot-pourri de pièces extraites de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles et une série de compositions du violoniste, natif de l’Île-du-Cap-Breton, Ashley MacIsaac. Cette variété des genres a été la force de l’événement à mes yeux. MacIsaac, pour sa part, a livré une prestation enlevante et fougueuse. Sa musique folklorique progressive a été chaleureusement accueillie par le public.

Seul regret cependant, que ce concert ne soit pas repris, parce que cette variété est un atout susceptible d’intéresser et d’attirer les néophytes et autres curieux de musique orchestrale.

Bémol : le son de violon de McIsaac était souvent rauque et grinçant, du fait qu’il jouait son instrument avec férocité. VJD

photo Marie Valade

Off Jazz Festival 2017

Quintettes de Mario Allard et de Benjamin Deschamps

Upstairs Bar & Grill, 8 octobre – 4 étoiles (pour les deux)

Performance: 9/10

Le saxo alto Mario Allard lança en concert son album Diaporama. Ce nouvel opus évoque en musique des souvenirs et instants d’une vie. Le répertoire du spectacle, qui suivait l’ordre des pièces du disque, a démontré une grande compréhension du langage jazz dans ses multiples facettes, celles-ci colorant les morceaux d’un souffle singulier et rafraîchissant. Tissés en fil rouge, les dialogues entre le chef et son trompettiste David Carbonneau sont finement ciselés et exécutés avec une précision d’orfèvre, le tout dans une explosion d’énergie qui ne tarit jamais. Signalons le travail exceptionnel du batteur Alain Bourgeois, autant pour son jeu audacieux que pour ses ressources musicales quasi inépuisables.

Lauréat 2017 des prix Révélations de Radio-Canada, le saxo alto Benjamin Deschamps livre dans son disque Demi-nuit une musique pleine de couleurs nouvelles et un sens de la composition qui tient compte des personnalités du groupe. Exemplaire à ce titre au concert, la longue suite en forme de triptyque intitulée Prophétie est suffisamment ouverte pour mettre chaque musicien en vedette comme soliste. Le public assiste donc à un véritable tête-à-tête durant lequel les instrumentistes nous livrent leurs pensées d’une manière toujours musicale. Le langage recherché a de quoi surprendre l’auditeur, car le groupe se lance volontiers dans des sentiers inexplorés, mais s’assure aussi d’un juste équilibre entre le jeu d’ensemble et les contributions de chacun. Soirée musicale impeccable et sans bémol aucun. BG

Daniel Arthur Trio

Daniel Arthur Trio – 3 et demi étoiles

11 octobre, Café Résonance

 8/10

Sans contredit l’un des moments les plus étonnants de cette 18e édition du Festival Off Jazz, le Daniel Arthur Trio a offert une prestation de haut calibre qui laisse entrevoir un avenir prometteur à cette jeune formation. Arthur démontre qu’il a pleinement assimilé l’influence de ses maîtres en nous offrant des compositions bien travaillées qui n’étouffent en rien la spontanéité. Les parties improvisées s’enchaînent parfaitement aux parties écrites, attestant du haut degré de chimie opérant dans cette formation.

Bémol : si les musiciens maîtrisent leur répertoire, se permettant même de glisser des standards de jazz à l’improviste (Les feuilles mortes, Stablemates), ils ont dû déployer quelques efforts avant de vraiment enclencher la machine. AGV

photo Mathieu Rivard

François Bourassa Quartet – 4 et demi étoiles

11 octobre, Lion d’or

 9/10

C’est avec un enthousiasme à peine dissimulé que le public du Lion d’or a accueilli le quartette de François Bourassa. L’événement marquait d’ailleurs le lancement du nouveau disque de la formation, Number 9 (Effendi, 2017). L’éclectisme du langage de Bourassa donne lieu à des moments musicaux très contrastants au cours desquels les musiciens démontrent toute l’étendue de leur savoir-faire.

Bémol : départ plutôt lent, comme si le groupe avait besoin de se réchauffer. Cela dit, les pièces s’enchaînent généralement sans accroc. Dès que le groupe prend son envol, le concert devient une consécration pour le pianiste, véritable chef de file du jazz de chez nous. AGV

Erik Hove Chamber Ensemble – 3 et demi étoiles

13 octobre, Chapelle historique du Bon-Pasteur

8/10

C’est dans le cadre intimiste de la Chapelle historique du Bon-Pasteur que le saxophoniste et compositeur Erik Hove présentait les pièces de son plus récent opus Polygon (Inner Circle Music). L’emploi varié des ressources instrumentales du tentette donne lieu à des masses sonores très denses, voire de surprenantes gerbes polyphoniques, généralement bien encadrées par une section rythmique irréprochable. Bien qu’exigeante, cette musique demeure quand même assez accessible.

Bémol : seule ombre au tableau, les improvisateurs peinent à se faire entendre comme solistes, les arrangements touffus ne laissant pas beaucoup d’ouverture à des échappées individuelles. AGV

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