Yannick Nézet-Séguin: premier Grammy pour la meilleure prestation orchestrale

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Yannick Nézet-Séguin vient d’ajouter un autre titre à son riche palmarès. Au cours de la 64e cérémonie des Grammy Awards qui avait lieu le 3 avril à la MGM Grand Garden Arena, à Las Vegas, le Philadelphia Orchestra et son chef québécois se sont vus récompenser du prix pour la meilleure prestation orchestrale en musique classique. La prestigieuse académie de l’industrie du disque aux États-Unis, qui est à la musique ce que les Oscars sont au cinéma, permet ainsi à M. Nézet-Séguin de décrocher son tout premier Grammy en carrière pour son enregistrement des Symphonies no 1 et 3 de la compositrice Florence Price (Deutsche Grammophon, 2022) en compagnie de cet orchestre américain dont il est directeur musical depuis 2012.

À noter que la production de Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc (2019), dans laquelle on avait pu notamment entendre le baryton québécois Jean-François Lapointe, a valu à celui qui est aussi chef de l’orchestre du Metropolitan Opera une nomination pour le Meilleur enregistrement d’opéra. Dans la catégorie « Meilleur album solo vocal classique », c’est encore une autre nomination qui a récompensé le travail de Yannick Nézet-Séguin, cette fois en tant qu’accompagnateur de la mezzo-soprano Joyce DiDonato au piano sur l’album Schubert : Winterreise (Erato, 2021).

C’est mon premier Grammy, j’en suis heureux, mais aussi pour le travail que nous avons fait, l’orchestre, Deutsche Grammophon et moi, pour remettre en valeur [le travail]de Florence Price, une compositrice négligée, oubliée, et qui aurait dû, de son vivant, connaître un succès formidable. Mais comme elle l’a dit elle-même, sa race et son sexe lui ont nui, or nous voilà plusieurs décennies plus tard à honorer sa mémoire.

– Yannick Nézet-Séguin, en entrevue au journal Le Devoir.

Contexte de la cérémonie

La cérémonie des Grammys s’est déroulée une semaine seulement après la cérémonie des Oscars, marquée notamment par la gifle que Will Smith a infligée à Chris Rock. L’humoriste Trevor Noah, animateur de la soirée, a fait allusion à l’incident lors de son numéro d’ouverture. Aux Grammys, fort heureusement, aucun fait de la sorte n’est à déplorer. Un hommage aux victimes de la guerre en Ukraine a été rendu en musique, dans une orchestration de John Legend et avec la participation d’artistes ukrainiens. Pour l’occasion, le président Volodymyr Zelensky s’est exprimé via une vidéo préenregistrée et diffusée au moment du gala.

Si l’événement a été riche en émotion, c’est aussi à cause de l’absence du groupe de rock Foo Fighters endeuillé par la mort de son batteur Taylor Hawkins, décédé brutalement le 25 mars dernier. Le groupe ayant été contraint d’annuler sa présence, c’est donc à distance que les trophées en forme de grammophone lui ont été remis dans les catégories « Meilleure prestation rock », pour la chanson Making a Fire, « Meilleure chanson rock », pour Waiting on a War, et « Meilleur album rock », pour Medicine at Midnight. Lors du gala, une des chansons du groupe, Happier Than Ever, a été interprétée par Billie Eilish qui portait un chandail à l’effigie du défunt.

Autres lauréats

Après s’être illustré l’année dernière en ouverture de cérémonie, le duo Silk Sonic formé de Bruno Mars et Anderson .Paak est revenu sur le devant de la scène en tant que lauréat de nombreux Grammys: Enregistrement de l’année, Chanson de l’année, Meilleure chanson R & B et Meilleure performance R & B pour Leave the Door Open. Propulsée par son succès Drivers Licence, la jeune Olivia Rodrigo agée seulement de 19 ans atteint déjà le sommet avec une triple consécration: Révélation de l’année, Meilleure prestation pop solo pour sa chanson phare et Meilleur album pop vocal pour Sour.

Afin d’offrir une meilleure visibilité aux artistes issus des minorités, deux nouvelles catégories de prix ont été ajoutées. Le prix inaugural du Meilleur album Música urbana a été remporté par Bad Bunny pour son disque El Último Tour Del Mundo alors que celui de la Meilleure prestation en musique du monde — ou musique « globale » — l’a été par Arooj Aftab pour sa chanson Mohabbat. Pakistanaise d’origine ayant pris racine à New York, l’autrice, compositrice, réalisatrice et interprète aux influences jazz et folk offrira un concert le 5 juillet prochain au Club Soda, à l’affiche du Festival international de jazz de Montréal.

Dans les genres classique et jazz…

Meilleur solo jazz improvisé:
Humpty Dumpty (deuxième set); Chick Corea, soliste; de l’album Akoustic Band Live (Chick Corea, John Patitucci & Dave Weckl)

Meilleur album vocal jazz:
Songwrights Apothecary Lab; Esperanza Spalding, soliste

Meilleur album instrumental jazz:
Skyline; Ron Carter, Jack DeJohnette & Gonzalo Rubalcaba

Meilleur album de large ensemble jazz:
For Jimmy, Wes And Oliver; Christian McBride Big Band

Meilleur album de jazz latin:
Mirror Mirror; Eliane Elias avec Chick Corea et Chucho Valdés

Meilleur album de comédie musicale:
The Unofficial Bridgerton Musical; Emily Bear, producteur; Abigail Barlow et Emily Bear, compositrices et librettistes

Meilleur composition instrumentale:
Eberhard; Lyle Mays, compositeur

Meilleur arrangement, instrumental ou a cappella:
Meta Knight’s Revenge (From « Kirby Superstar »); Charlie Rosen et Jake Silverman, arrangeurs

Meilleur arrangements instrumentaux et vocaux
To The Edge Of Longing (version éditée); Vince Mendoza, arrangeur

Meilleur ingénierie d’album, classique:
Chanticleer Sings Christmas; Leslie Ann Jones, ingénieure; Michael Romanowski, mastérisation

Producteur/rice de l’année, classique:
Judith Sherman pour les projets:
Alone Together (Jennifer Koh) (A)
Bach & Beyond, partie 3 (Jennifer Koh) (A)
Bruits (Imani Winds) (A)
Eryilmaz: Dances Of The Yogurt Maker (Erberk Eryilmaz et le quatuor à cordes Carpe Diem) (A)
Fantasy – Oppens Plays Kaminsky (Ursula Oppens) (A)
Home (Blythe Gaissert) (A)
Mendelssohn, Visconti & Golijov (Quatuor à cordes Jasper et quatuor à cordes Jupiter) (A)
A Schubert Journey (Llŷr Williams) (A)
Vers le silence – William Bolcom & Frédéric Chopin (Ran Dank) (A)

Meilleur enregistrement d’opéra:
Glass: Akhnaten; Karen Kamensek, chef d’orchestre; J’Nai Bridges, Anthony Roth Costanzo, Zachary James et Dísella Lárusdóttir; David Frost, producteur (The Metropolitan Opera Orchestra; The Metropolitan Opera Chorus)

Meilleure prestation chorale:
Mahler: Symphonie no. 8, « des milles »; Gustavo Dudamel, chef d’orchestre; Grant Gershon, Robert Istad, Fernando Malvar-Ruiz et Luke McEndarfer, chefs de choeur (Leah Crocetto, Mihoko Fujimura, Ryan McKinny, Erin Morley, Tamara Mumford, Simon O’Neill, Morris Robinson et Tamara Wilson; Los Angeles Philharmonic; Los Angeles Children’s Chorus, Los Angeles Master Chorale, National Children’s Chorus & Pacific Chorale)

Meilleure prestation de musique de chambre / petit ensemble:
Beethoven: Cello Sonatas – Hope Amid Tears; Yo-Yo Ma, violoncelle, Emanuel Ax, piano

Meilleur album classique instrumental solo:
Alone Together; Jennifer Koh, violon

Meilleur album classique vocal solo:
Mythologies; Sangeeta Kaur et Hila Plitmann; Danaë Xanthe Vlasse, piano (Virginie D’Avezac De Castera, Lili Haydn, Wouter Kellerman, Nadeem Majdalany, Eru Matsumoto et Emilio D. Miler)

Meilleure compilation classique:
Women Warriors – The Voices Of Change; Amy Andersson, chef d’orchestre; Amy Andersson, Mark Mattson et Lolita Ritmanis, producteurs

Meilleure composition contemporaine classique
Shaw: Narrow Sea; Caroline Shaw, compositrice (Dawn Upshaw, Gilbert Kalish et Sō Percussion)

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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