Premier concert du Trio de l’Île: Shostakovitch, Turina et Ravel (critique)

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Le 13 janvier dernier, le Trio de l’Île invitait son public à la Maison des arts de Laval dans le cadre de la série Les Déjeuners croissants-musique, série conviviale qui a lieu le dimanche à 11h. Ce matin-là, pour leur premier concert de l’année 2019, Patil Harboyan, au piano, Uliana Drugova, au violon, et Dominique Beauséjour-Ostiguy, au violoncelle, présentaient trois œuvres du répertoire : tout d’abord le Trio no. 1 en do mineur op. 8 de Shostakovich, composé en 1923, puis le Trio no. 2 en si mineur op. 76 de Turina, composé en 1933, et, enfin, le Trio de Ravel, composé en 1914.

S’adresser au public

Établis sur l’Île de Laval, comme le suggère le nom de leur ensemble, les trois partenaires de scène se sont relayés pour présenter, devant l’auditoire, chacune des œuvres au programme : celle du jeune Shostakovitch, âgé seulement de 17 ans lors de la composition du trio, celle de Turina, teintée par les couleurs chaudes de la musique espagnole, et celle de Ravel, lui qui a été un citoyen très engagé durant la Première Guerre mondiale. L’exercice de s’adresser au public est assez rare pour être souligné. Et il est salutaire pour capter l’attention de tous! Dans le rôle d’animatrice, la violoniste s’est montrée particulièrement à l’aise.

Jouer en osmose

Côté interprétation, les musiciens ont formé une très bonne synergie, à l’écoute l’un de l’autre. Résultat : un parfait équilibre des duos entre le violon et le violoncelle, un modèle de synchronisme entre le violoncelle et le piano.

Dominique Beauséjour-Ostiguy joue sur un instrument de 1704, par le luthier David Tecchler, ainsi qu’un archet de Pierre Simon (vers 1855). Et cela s’entend! Gagnant du Prix d’Europe 2018, le violoncelliste a été à la hauteur de sa jeune réputation, voire plus encore. La qualité et la maîtrise de son jeu étaient telles qu’on l’imagine très bien dans un prochain rôle de soliste. Les sonorités que projetait le violon d’Uliana Drugova n’étaient peut-être pas du même calibre, mais l’interprète demeure une excellente chambriste. La pianiste, quant à elle, s’est notamment démarquée lors de l’exécution du trio de Ravel, avec ses nombreux moments de virtuosité.

Tous trois anciens boursiers et désormais ambassadeurs de la Fondation de soutien aux arts de Laval (FSAL), les membres de ce trio profitent de leur résidence à la série Les Déjeuners croissants-musique pour promouvoir la mission de cette fondation. Ils seront de nouveau sur la scène de la Maison des arts, dimanche 20 janvier à la même heure. On vous recommande chaudement d’aller les entendre!

www.triodelisle.com
Maison des Arts, Laval (site web)

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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