Piano Esmonde White : l’art du piano droit

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Fondée en 1996, l’entreprise Piano Esmonde White, du nom de son fondateur Oliver Esmonde White, s’est imposée au Québec comme une référence en matière de location, de transport, d’accordage, mais aussi de facture d’instrument. Forte de l’expertise de ses techniciens, cette entreprise établie dans le quartier du Mile-End, à Montréal, vient de lancer un tout nouveau modèle de piano droit haut de gamme : les pianos Magic.

Dans les années 1980, aux États-Unis, Darrell Fandrich, de l’entreprise Fandrich & Sons, avait déjà élaboré un mécanisme de très grande qualité pour le piano droit – au point que celui-ci eut des qualités sonores semblables à celles d’un piano à queue. Les techniciens chez Piano Esmonde White s’en sont inspirés. Ils ont tenté d’améliorer ce mécanisme par une série d’ajustements : outre la mécanique – classique – d’échappement qui demeure aussi fiable que sur un piano à queue, la longévité des pièces se trouve grandement accrue et le réglage gagne en stabilité. Résultat : un piano droit d’excellente facture, tant de l’intérieur que de l’extérieur. « Nous avons créé des ouvertures [dans le panneau de façade, NDLR]pour permettre au pianiste d’observer le mécanisme pendant qu’il joue. C’est une expérience à part entière. Pour les artistes, c’est comme être au premier rang d’une salle de concert. On entend tous les sons qui en sortent. Le fait de voir le mécanisme, grâce à l’éclairage installé à l’intérieur, procure un sentiment d’intimité, au plus près de l’instrument. Je ne m’attendais pas à recevoir autant de retours positifs de la part des pianistes, confie Oliver Esmonde White. De plus, tous les composants extérieurs sont échangeables, ce qui nous permet d’offrir au client un produit sur mesure. »

Pour mener à bien le projet d’une nouvelle gamme de piano droit, Oliver Esmonde White et son équipe de techniciens ont eu recours à des structures de piano préexistantes. C’est ainsi que d’anciens pianos Ritmüller ont été soigneusement choisis puis démontés avant d’être reconstruits à la manière des pianos Esmonde White. Nous sommes ici en présence de ce qu’Oliver Esmonde White appelle un « écosystème » propice au développement du milieu et de la discipline.

Le fondateur de piano EW est attaché au sens de l’histoire, au respect de la tradition et de l’excellence, mais plus encore à une vision presque écologique de son milieu professionnel. Il plaide pour un retour aux sources, un retour à l’essence de ce qui fait le métier de facteur de pianos. « Tout a commencé il y a 300 ans. À Florence, une personne employée par les Médicis a eu l’idée – un peu farfelue – de fabriquer un clavier qui puisse sonner à la fois doux et fort (piano-forte). Il a remplacé le clavecin et le clavicorde, car il offrait plus de possibilités aux interprètes professionnels ou amateurs. Au XIXe siècle, le piano, qui faisait partie de la vie de salon, est devenu plus abordable pour beaucoup de gens. C’était bien avant la révolution industrielle, alors tout se faisait à la main, le forgeron du village ou de la ville fabriquait toutes les pièces. » Selon Oliver Esmonde White, la facture du piano a connu sa dernière phase de recherche et développement au tournant du XXe siècle (1880-1910). Par la suite, la production de masse, industrielle, s’est faite au détriment de la qualité. Or, c’est cette quête de perfection qui anime aujourd’hui les projets de l’entreprise. « En 2019, nous utilisons toujours les mêmes principes. Au fond, depuis 100 ans, peu de choses ont changé. Le mécanisme est arrivé à maturité. Bien sûr, de nouveaux matériaux restent à explorer, non pour des raisons de productivité, de vitesse de manufacture, mais pour des raisons de qualité. »

Piano EW n’est pas uniquement spécialisée dans la facture d’instrument, mais aussi dans les services de location et de transport. L’entreprise participe à l’ensemble de « l’écosystème du piano », pour reprendre une expression chère à Oliver Esmonde White. La diversité des services offerts constitue, selon lui, une réponse aux nombreuses difficultés qu’il rencontrait lui-même au début de son activité. « L’un des premiers problèmes que j’ai dû affronter il y a 30 ans, c’était le fait que les pianos de location arrivaient sales, en mauvais état, en retard de livraison. J’étais obligé, chaque fois, de sauver les meubles, comme on dit. Cela me mettait en colère. Un jour, quelqu’un m’a dit : “Arrête de te plaindre, fais ce que tu as à faire ! Et fais-le mieux que tout le monde.” Nous avons alors décidé d’acheter nos propres équipements haut de gamme de déménagement, de faire fabriquer un camion chauffé et hivernisé pour le déménagement. Personne n’y avait pensé auparavant. Aujourd’hui, par conséquent, nous sommes à la pointe de l’industrie dans le domaine de la location de pianos à Montréal et dans les environs. Il n’y a d’ailleurs pas de vendeurs ici, seulement des techniciens de piano qui se sont regroupés. Chez Esmonde White, nous travaillons pour offrir la meilleure qualité d’instrument et pour servir l’artiste. Nous aimerions avoir de la concurrence, car nous pensons que ce serait très stimulant pour l’écosystème de notre milieu. Ce n’est pas quelque chose qui nous fait peur; au contraire, nous encourageons cela. »

Cet été, le fondateur de piano EW a lancé une pétition en faveur d’un projet d’écosystème qui puisse profiter non seulement au monde musical, à travers notamment la formation de techniciens de piano, mais aussi à l’ensemble de la société québécoise. Oliver Esmonde White peut s’appuyer sur de nombreuses études scientifiques qui ont déjà démontré les effets bénéfiques de la musique sur le développement cérébral et cognitif des enfants d’âge préscolaire (Bolduc, Lavoie et Fleuret, 2009). Il souhaite maintenant agir concrètement en ce sens et favoriser l’éducation musicale chez les plus jeunes. Il a déjà reçu le soutien d’artistes aussi reconnus qu’Alain Lefebvre, Gilles Vigneault, Oliver Jones et Gregory Charles. Si cette cause vous tient à cœur, rendez-vous à l’adresse suivante : www.pianoew.com/enoncedevision

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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