Orchestre classique de Montréal: une saison à la mémoire de Boris Brott

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La saison 2022-2023 de l’Orchestre classique de Montréal avait été planifiée par le directeur général Taras Kulish et Boris Brott lui-même, avant son décès tragique au printemps de cette année. Pour poursuivre son héritage et lui rendre hommage, l’OCM a maintenu tous ses concerts et fait appel, entre autres, à deux chefs d’orchestre invités qui étaient devenus des amis de Boris.

Geneviève Leclair en première partie de saison

Le concert d’ouverture, dirigé par Geneviève Leclair, se veut un récit de la vie de Boris en musique. Le programme du concert, qui aura lieu le 18 octobre, a été modifié en conséquence pour inclure des œuvres ayant de près ou de loin un lien avec sa longue carrière de chef d’orchestre.  Geneviève Leclair rappelle, par exemple, que Boris a étudié au Mexique auprès d’Igor Markevitch (1958) et qu’il a été l’assistant de Leonard Bernstein au New York Philharmonic (1968-1969). Le Concierto del Sur pour guitare de Manuel Ponce et les extraits de West Side Story de Bernstein témoignent de cette histoire.

Pour Geneviève Leclair, Boris était un mentor, un ami. « C’était un homme très ¬généreux. Un dimanche, à 11 h du soir, on ¬pouvait être au téléphone en train de discuter de musique ou de l’œuvre la plus récente que j’avais à diriger. Il partageait ses expériences. C’est d’ailleurs lui qui m’a donné l’idée de diriger pour le ballet. Une fois, lors d’un souper au Festival Brott à Hamilton, j’ai appris qu’il avait dirigé le Royal Ballet quand il était en Angleterre au début de sa carrière. »

Mme Léclair, qui a commencé sa carrière comme assistante de Boris Brott à Hamilton, avec le National Academy Orchestra of Canada, a en effet passé plusieurs années en résidence avec l’orchestre du Boston Ballet. Elle a quitté l’institution en 2016 et, depuis, elle engrange des contrats de cheffe invitée aux États-Unis et au Canada, parallèlement à ses activités d’enseignante en direction au Berklee College of Music (Boston). « C’est un plaisir personnel de revenir au Québec et de diriger autant au Québec cette saison. Ma famille est à Montréal, j’ai un pied-à-terre à Montréal et j’y suis de manière régulière, que je dirige ou non », confie-t-elle.

Le deuxième concert de l’OCM, également à son agenda, sera le 15 novembre. Au programme, des œuvres pour violon et voix de Jean Sébastien Bach en compagnie du ¬violoniste Kerson Leong et de la soprano Dominique Labelle. « Avant de me lancer dans la flûte traversière, mon instrument à l’université, j’avais d’abord choisi la flûte à bec et fait plusieurs ateliers baroques. C’est donc un répertoire que j’aime beaucoup et avec lequel je suis très familière. »

Alain Trudel en seconde partie

Geneviève Leclair sera de retour avec l’OCM, le 9 mai, pour un concert de chansons ¬italiennes avec le ténor Marc Hervieux. En cette seconde partie de saison, toutefois, c’est le chef d’orchestre Alain Trudel qui prendra en charge la direction musicale de la plupart des concerts de l’OCM. L’occasion d’évoquer avec lui sa vision du métier et sa relation privilégiée avec la famille Brott, père et fils.

Alain Trudel

« Avec Boris, j’échangeais non seulement sur tel chanteur ou artiste, mais sur le métier en tant que tel, sur l’avenir des jeunes ¬musiciens qui sortent des universités et la façon de bien les préparer. Il faut connaître sa personnalité de mentor. Ce qui n’a pas changé, ce qui reste de son héritage, c’est la mise en avant des artistes canadiens, les artistes d’ici. Je peux continuer cette mission à travers le festival à Hamilton, comme directeur -artistique par intérim, et à travers les quelques concerts que je ferai avec l’OCM. On se ¬rejoignait beaucoup sur cet engagement, mais aussi sur la programmation. On n’hésitait pas à programmer de nouvelles œuvres. »

De fait, les trois concerts dirigés par Alain Trudel incluent du répertoire contemporain, y compris une première mondiale. Le ¬premier, le 7 février, est une création d’un opéra intitulé La Flambeau, présenté d’abord à Montréal puis à Hamilton dans le cadre du Brott Opera. Cet opéra de David Bontemps sur un livret de Faubert Bolivar, deux artistes d’origine haïtienne, dénonce la corruption, la misogynie et l’abus de pouvoir. « C’est ¬excitant de créer une nouvelle œuvre qui, en plus, parle de préoccupations actuelles. Le manque de compréhension qu’on peut avoir les uns des autres et le non-respect des ¬différences sont des sujets qui me touchent et c’est pourquoi je voulais faire cet opéra. »

Le 5 mars, Alain Trudel aura le plaisir de présenter les Illuminations de Britten en ¬présence de la soprano Magali Simard-Galdès ainsi que les Variations sur un thème de Frank Bridge du compositeur britannique, mais aussi Illuminations du compositeur canadien Brian Cherney. Le dernier concert de la saison, le 20 juin, est tout aussi -ambitieux. Il regroupera les 4 mouvements de La Symphonie de la tempête du verglas de Maxime Goulet et le Carmina Burana de Carl Orff. « C’est un programme à l’image de Boris », estime Alain Trudel.

Le chef d’orchestre et tromboniste ¬québécois connaît la famille depuis 40 ans. « J’ai d’abord rencontré le père Alexander. Le premier concert où j’ai joué et été payé comme soliste était avec l’Orchestre de chambre McGill. J’avais 17 ans à l’époque. La relation remonte à longtemps. Alors quand Taras [Kulish] m’a approché, j’ai dit oui. Je sors d’une longue relation avec l’Orchestre symphonique de Laval et je ne suis pas prêt à me marier tout de suite. L’important à ce stade, c’est que l’on assure l’héritage de ¬l’organisme après 83 ans d’existence. Ce n’est pas rien. J’aime travailler avec des orchestres qui ont une histoire et pouvoir participer à cette histoire. »

Pour toute la programmation de la saison de l’OCM, visitez le www.orchestre.ca

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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