Nicolas Ellis : le musicien comme acteur de changement social

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Nicolas Ellis est un chef d’orchestre comblé, non seulement avec l’Orchestre Métropolitain, dont il est le collaborateur artistique auprès de Yannick Nézet-Séguin, mais aussi et surtout avec l’Orchestre symphonique de l’Agora, qu’il a fondé en 2012 avec d’autres étudiants en musique. C’était au moment de la grève contre l’augmentation des frais de scolarité, un moment de rassemblement et de fraternité entre musiciens. Le plaisir de jouer de la musique était intact et l’envie de s’engager socialement plus forte que jamais. Depuis, l’Orchestre de l’Agora a pris du galon. Il a continué de remplir pleinement sa mission première, organiser des concerts-bénéfice au profit de grandes causes, humanitaires, communautaires ou environnementales. Nicolas Ellis est fier d’avoir récolté, dans le cadre de ces événements, plus de 40 000 dollars pour différents organismes montréalais. C’était un signe avant-coureur d’autres succès à venir.

Aujourd’hui, l’Orchestre de l’Agora s’est professionnalisé. Sa mission elle-même a évolué pour y inclure davantage les musiciens. « Nous voulions mettre l’accent sur leur implication au sein de la communauté, rendre justice à leur travail. Nous pensons que le musicien est un acteur de changement social et nous mettons cette idée en pratique non seulement par des concerts, mais aussi par des engagements communautaires », déclare Nicolas Ellis.

Une première tournée

La saison 2019-2020 illustre à merveille cette nouvelle mission. Pour la première fois de son histoire, l’Orchestre de l’Agora partira en tournée sur les routes du Québec : pas moins de dix-sept concerts répartis sur quatre mois, dans plusieurs arrondissements de Montréal et dans d’autres villes, dont un concert unique à Rivière-du-Loup (1er février). Composé, pour l’occasion, de quinze musiciens seulement, l’ensemble enchaînera quatre soirées d’affilée, du 26 au 29 mars, à Pointe-aux-Trembles, Lévis, Victoriaville et de retour à Montréal, pour un ultime concert à la Chapelle historique du Bon-Pasteur. « Nous sommes tous ravis parce que c’est la première fois que nous faisons le même programme dans une série de concerts. C’est vraiment l’occasion d’approfondir la sonorité de l’ensemble, d’aller dans le détail, de créer une énergie, une complicité sur scène. Quand nous donnons quatre ou cinq concerts par année, il faut un peu recréer cette atmosphère chaque fois. Mais là, au terme du sixième concert en novembre, nous étions arrivés à une tout autre énergie sur scène que lors du premier. Il y a une aisance qui se traduit aussi par une meilleure sonorité de l’orchestre. »

L’Agora se met à l’opéra

L’Agora est un orchestre à géométrie variable, comptant tantôt uniquement la section des cordes, tantôt un imposant effectif. Le 13 février prochain, ce sont près de quarante musiciens qui participeront à une soirée de bel canto, en partenariat avec l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Il s’agit déjà du troisième projet artistique de l’Agora avec l’institution, rappelle Nicolas Ellis. En plus de deux répétitions et d’une générale, comme c’est souvent le cas avant un concert, l’ensemble aura un mandat d’orchestre répétiteur auprès des dix chanteuses et chanteurs de l’Atelier. « Il y a eu un premier projet, il y a deux ans, autour des opéras de Mozart et Da Ponte puis, l’année dernière, trois représentations de The Turn of the Screw de Britten. Cette fois, notre collaboration va encore plus loin : pendant une semaine, nous disposons de dix heures de répétition pour travailler, dans le détail, les airs que les chanteurs veulent présenter au concert, mais pas seulement. Nous leur donnons carte blanche pour interpréter des airs qu’ils ont simplement envie d’essayer avec orchestre. Il est plutôt rare de pouvoir le faire dans de telles conditions. »

Le concert aura lieu au Théâtre Rialto, dans une ambiance décontractée digne d’un cabaret : un enchaînement de dix numéros rapides, suivis de numéros d’ensemble et le tout animé par l’humoriste Catherine Ethier.

Grand concert à venir pour l’environnement

Pour une cause aussi importante que l’environnement, l’Agora s’agrandit encore un peu plus : cinquante musiciens, toujours sous la direction de Nicolas Ellis, interpréteront, entre autres, la Symphonie no 6 de Beethoven à l’occasion du gala de la Terre, le 22 avril prochain. Quoi de mieux que la « Pastorale » pour éveiller les consciences sur cet enjeu ! L’Agora rejoint ainsi un mouvement écologique mondial qui a vu d’autres orchestres à travers la planète choisir, eux aussi, cette œuvre du compositeur, dont on fête cette année le 250e anniversaire de naissance. « Nous trouvions que cet événement s’alignait bien avec notre mission et nous avons décidé d’en faire partie », ajoute Ellis.

Un concert-bénéfice sera organisé au profit de trois organismes environnementaux canadiens : le Sierra Club, le Jour de la Terre et Conservation de la nature Canada, qui œuvrent notamment pour la protection de l’estuaire du Saint-Laurent. Fait exceptionnel, le concert rassemblera, pour la première fois sur une même scène, le violon solo de l’Orchestre symphonique de Montréal, Andrew Wan, et le violon solo de l’Orchestre Métropolitain, Yukari Cousineau, dans la Symphonie concertante de Mozart.

« Nous voulions mettre l’accent sur leur implication au sein de la communauté, rendre justice à leur travail. Nous pensons que le musicien est un acteur de changement social et nous mettons cette idée en pratique non seulement par des concerts, mais aussi par des engagements communautaires »

Les autres engagements de l’Agora

Comme en témoigne sa participation au Festival Bach, en novembre dernier, à l’occasion d’un concert jeunesse, l’orchestre multiplie ses actions auprès de publics divers, bien souvent éloignés des salles de concert. « Il s’agit d’associer certains concerts à des causes, faire des concerts pour les enfants comme avec Partageons l’espoir, une fondation qui œuvre en pédiatrie mais aussi, depuis cinq ans, dans un nouveau programme de musique qui vient en aide aux enfants issus de milieux défavorisés. C’est dans ce contexte que des musiciens de l’Agora offrent du mentorat et participent aux répétitions d’orchestre sur une base mensuelle », confie Nicolas Ellis.

En outre, l’Agora poursuit sa collaboration avec Les Porteurs de musique, un organisme qui invite des musiciens à se produire dans des lieux où les gens n’ont généralement pas accès à la musique, comme dans des centres psychiatriques, des prisons, des foyers pour personnes âgées ou encore des refuges pour femmes.

Nicolas Ellis sera en concert le 13 février, au Théâtre Rialto, dans un spectacle de bel canto en collaboration avec l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Il poursuivra sa tournée avec l’Orchestre de l’Agora dans plusieurs villes du Québec, les 1er, 2, 8 et 9 février ainsi que du 26 au 29 mars. À titre personnel, il dirigera le Royal Conservatory Orchestra, les 18 et 20 mars à la salle Koener (Toronto), dans l’opéra Suor Angelica de Puccini et L’Heure espagnole de Ravel. L’Orchestre Métropolitain sera placé sous sa direction également, les 22 et 24 mars, dans une série de 3 concerts dont deux à la Maison symphonique avec, au programme, des oeuvres de Smetana, Vivaldi, Debussy et Stravinski. Pour plus de détails sur la programmation de l’Orchestre de l’Agora et sur l’actualité de Nicolas Ellis, visitez www.nicolasellis.com et ­www.orchestreagora.com

 

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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