Nevermind : quand l’amitié se traduit en musique

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Il s’agissait de leur tout premier concert au Canada. Jeudi 21 février, la Société Pro Musica accueillait les membres du jeune quatuor français Nevermind à la salle Pierre-Mercure (Montréal) pour une soirée entièrement consacrée à la musique baroque. Au programme, des compositeurs connus et moins connus du répertoire : J.-S. Bach, Couperin, Telemann et Quentin.

Nous sommes, pour ainsi dire, en terrain conquis. Déjà en 2016, le quatuor fait paraître son premier album chez Alpha/Outhere avec, à la clé, des œuvres de Jean-Baptiste Quentin et de Louis-Gabriel Guillemain. En 2017, il sort un deuxième opus consacré aux Quatuors parisiens de Telemann. Bref, Nevermind connaît ces pièces jusque sur le bout des doigts.

Nevermind, c’est quatre musiciens hors pair, mais surtout quatre amis qui adorent faire de la musique ensemble. Ils n’en sont que plus attachants. Sur scène, l’alchimie du groupe fait des miracles. Anna Besson, à la flûte, et Louis Creac’h, au violon, formaient un duo en parfaite harmonie, que ce soit dans le Nouveau Quatuor parisien no 4 en si mineur de Telemann ou dans la Sonate en sol majeur de Bach. Aucune voix ne s’impose sur l’autre; toutes deux se complètent. De son côté, Robin Pharo, à la viole de gambe, s’insérait tout naturellement dans cette conversation. Certains motifs jaillissaient d’un instrument à l’autre, comme des cailloux qui ricochent à la surface de l’eau. Au clavecin, Jean Rondeau semblait diriger d’un simple regard, accompagnant ses camarades avec bienveillance. Le jeune claveciniste poursuit parallèlement une brillante carrière de soliste qui l’a déjà amené à jouer au côté des Violons du Roy, en 2017, et qui l’amènera prochainement à faire une tournée sur la côte est américaine (mars 2019).

À la fin de leur concert, les musiciens ont gratifié le public de deux autres pièces de Telemann, notamment la Chaconne extraite du Quatuor parisien no 6. Un grand moment de musique qui a révélé, une fois encore, l’étroite complicité entre ces quatre passionnés. On peut seulement regretter que, pour cet événement unique, la salle n’ait pas été remplie à pleine capacité. « Nevermind! », comme diraient ces Français, tant que le plaisir de faire de la musique est là.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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