Nadia Labrie : la passion continue

0

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Après Schubert et Bach, c’est maintenant au tour de Mozart d’être célébré dans la série d’enregistrements « Flûte passion », toujours parus chez Analekta. Nadia Labrie renoue ainsi avec un compositeur qu’elle affectionne tout particulièrement et qui l’a longtemps accompagné durant ses études. « Quand j’étais au Conservatoire, j’étudiais les concertos de Mozart, évidemment. Pour moi, c’était une des musiques qui me rendait le plus heureuse. Je répétais toute la journée et, dès que j’avais fini, je me souviens que je descendais par la cage d’escalier; il y avait là un écho fabuleux et je sifflais le Concerto en ré de Mozart. C’était une musique qui m’habitait, c’était plus fort que moi. Il fallait que je continue à propager cette musique, tellement proche du divin d’après moi. Le fait de me retrouver avec ce disque, dans un contexte de pandémie, je dirais même que ça m’a sauvé », confie la flûtiste.

A

Nadia Labrie espère enregistrer un jour les concertos pour flûte de Mozart, accompagnée d’un grand ensemble orchestral, et ainsi continuer de partager sa passion pour la musique. Pour l’heure, elle est heureuse d’offrir un répertoire mozartien plus intime.

Le répertoire

Au programme de ce troisième album « Flûte passion », quatre quatuors de Mozart dont le Quatuor en ré majeur, qui place la flûte dans un rôle de soliste, et le Quatuor en sol majeur, qui fait entendre chaque instrument de manière plus équilibrée. « Le quatuor que je connaissais le plus est celui en ré, le plus connu des quatre. C’est une œuvre qui commence d’une façon tellement joyeuse. Quand on entend les premières notes, on a déjà le sourire aux lèvres. C’est une musique qui vient me chercher beaucoup du fait que je ne l’ai pas jouée souvent dans ma carrière, dans cette formation-là. C’est quelque chose que je voulais explorer et, en plus, j’ai la chance d’avoir d’excellents musiciens avec moi », raconte Nadia Labrie.
Les musiciens

La flûtiste a pu compter sur le violon solo de l’Orchestre symphonique de Laval, Antoine Bareil, l’alto solo des Violons du Roy, Isaac Chalk, et le violoncelle solo du même orchestre de chambre, Benoit Loiselle. « Dans ce genre de répertoire, il faut être bien entouré, avoir à ses côtés des musiciens solides, car on entend absolument chaque ligne. Du fait que ce sont des cordes, il faut qu’il y ait un bon équilibre sonore entre la flûte et les autres instruments. On est arrivé à quelque chose de vraiment bien à ce chapitre. » Pour trouver ces perles rares, Nadia Labrie a fait appel au réalisateur Carl Talbot, qui la suit depuis ses débuts discographiques.

Un clip vidéo…

En plus de l’album, Nadia Labrie a eu la chance de réaliser un clip vidéo qui lui tenait à cœur. Il faut dire qu’en ces temps de pandémie, le numérique s’est imposé parmi les nouvelles habitudes. « Ça fait plusieurs années que je rêvais secrètement de faire une vidéo parce que l’approche est différente, l’esthétisme est différent d’une captation de concert. On a eu tellement de captations durant la pandémie, je n’avais pas envie de refaire ce qu’on fait tout le temps, je voulais quelque chose de plus artistique. »

Tourné au Cirque Éloize, ce clip vidéo met en scène la flûtiste et son alter ego, une danseuse en la personne de Sara Harton, que Nadia Labrie connaît depuis quelques années. « Tout au long de la pièce, on s’échange des moments. Moi, j’exprime la musique par la flûte. Quant à elle, elle exprime la musique par ses mouvements. Il y aura quelque chose de très intéressant esthétiquement, avec une poésie évidemment qui est propre au Cirque Éloize », précise-t-elle.

… et d’autres projets à venir

Plusieurs concerts sont à l’agenda de Nadia Labrie, dont une présentation de l’album qui a eu lieu le 30 mai au festival Classica. Le 8 juin, la flûtiste jouera aux côtés de la harpiste Valérie Miot le double concerto en do majeur Mozart, sur instrument d’époque, accompagnée par Arion Baroque. « Le fait de me plonger dans cet univers, avec une flûte classique de l’époque de Mozart, c’est déstabilisant, mais ça me nourrit beaucoup avec, justement, Claire Guimond [directrice d’Arion Baroque], extraordinaire comme professeure, musicienne et flûtiste. Je me sens très choyée de pouvoir être accompagnée par elle. »

Deux concerts sont prévus aux îles de la Madeleine : le 29 juin, sur le thème « Musica Femina », et le 29 juillet, à l’église du Havre-Aubert pour une nouvelle présentation de l’album « Flûte passion ». Cela concorde avec un nouveau projet du Cirque Éloize, sous la direction de Jeannot Painchaud, qui souhaite faire de cette église un milieu culturel actif. Enfin, la flûtiste et sa sœur jumelle guitariste Annie Labrie se produiront sous leur nom de groupe, le Duo Similia au Festival Stradivaria à Nominingue, dans les Laurentides (9 septembre).

Les habitudes ont certes changé, mais malgré la morosité du contexte ambiant, Nadia Labrie garde une attitude positive. « La pandémie m’a fait réfléchir sur les choses importantes de la vie. Ça nous permet de voir un peu plus clair et de mieux ressentir les choses comme musicienne. Ça prend aussi l’inspiration, le bon moment pour être inspirée et de se dire : “C’est ça que j’ai envie de dire, c’est ça que j’ai envie de partager.” Ça prend un certain calme, un certain repos intellectuel ou mental. Mais une fois qu’on y arrive, ce sont les émotions qui parlent. »

Pour cet album « Flûte passion : Mozart », Nadia Labrie joue sur une flûte du réputé fabriquant Haynes, établi à Boston. À noter que c’est aussi sur une flûte Haynes qu’elle avait interprété le répertoire de son précédent album consacré à Bach. www.analekta.com

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Partager:

A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.