Nadia Labrie : de nouvelles passions en vue

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Après Franz Schubert, c’est au tour de Jean Sébastien Bach d’avoir les honneurs de « Flûte passion ». Le 12 février prochain aura lieu le lancement du nouvel album de Nadia Labrie. La flûtiste renoue ici avec un autre de ses compositeurs fétiches et pour lequel elle s’était passionnée dès le début de sa carrière.

« Pour la série des albums Flûte passion, je pensais au répertoire de Bach depuis aussi longtemps qu’à celui de Schubert. Quand j’avais 20 ans, je voulais toujours interpréter ces pièces. Ça faisait partie de mes coups de cœur, alors quand j’avais un peu de temps pour me distraire ou me faire plaisir, je jouais du Schubert et du Bach, confie Nadia Labrie. Compte tenu de l’état d’esprit dans lequel j’étais il y a deux ans, j’ai senti qu’il était plus bénéfique pour moi de commencer par Schubert. Je vivais une situation familiale difficile, alors les émotions tourmentées m’ont réconfortée, comme s’il s’agissait d’une thérapie par la musique. J’avais besoin de sortir ces émotions et d’en faire un album. Le répertoire de Bach correspond aujourd’hui à une période de ma vie où j’ai retrouvé la paix, la sérénité, où je recherche quelque chose d’établi et de profond. Bach représente tout cela, selon moi. »

CRÉER DE L’INTIMITÉ

Parmi les œuvres qui figurent sur l’album, on trouve deux sonates pour deux instruments, une sonate en trio et une partita où la flûtiste est seule à jouer. Nadia Labrie transforme cette dernière difficulté en force : « On ne peut plus se cacher derrière une musique d’ensemble, c’est une œuvre pour soliste, mais en même temps, c’est totalement moi. Ce que l’on entend, c’est une partie de mon âme qui est là. Ça crée aussi une intimité avec l’auditeur. »

Pour interpréter au mieux la Partita en la mineur, entre autres, Nadia Labrie a pu compter sur le réalisateur Carl Talbot qui l’a déjà accompagnée lors de cinq précédents enregistrements. « On se connaît très bien. Il est capable de me dire : “Joue la pièce comme toi, tu veux la jouer, pas comme les autres. Là, c’est authentique et tu vas pouvoir toucher les gens”. C’est très précieux d’avoir cette confiance. »

TROUVER L’HARMONIE PARFAITE

Pour ce nouvel album, Nadia Labrie a eu la chance de pouvoir partager le studio avec deux musiciens qu’elle admire, Luc Beauséjour au piano et Camille Paquette-Roy au violoncelle. « Cela fait longtemps que je voulais travailler avec Luc. Il a fait plus de 35 disques, je crois. Dans le milieu de la musique, c’est une institution. À 18 ou 19 ans, à la fin de mes études au Conservatoire, j’avais écouté un de ses albums. Sa façon de jouer m’impressionnait beaucoup, son répertoire aussi. »

En ce qui concerne la violoncelliste, Nadia Labrie l’a connue il y a deux ans à l’occasion d’un projet avec le Cirque Éloize. « Nous jouions ensemble dans un petit orchestre qui accompagnait des danseurs. Parfois, tu rencontres quelqu’un et tu sais qu’un jour, tu feras quelque chose avec cette personne. C’est ce qui s’est passé entre Camille et moi. On a tout de suite connecté. Elle m’a dit que Bach était vraiment dans ses cordes. Quelque temps après, quand j’ai reparlé du projet avec Luc, il m’a confirmé que c’était effectivement la bonne personne. Ç’a été un charme de travailler ensemble, ç’a cliqué tout de suite. »

NOUVEL ALBUM, NOUVEL INSTRUMENT

Lors d’un précédent enregistrement, paru chez Analekta, Luc Beauséjour avait délaissé son habituel clavecin pour interpréter des pièces baroques au piano. Sur cet album actuel avec Nadia Labrie, c’est à nouveau ce qu’il fait. La flûtiste, elle aussi, a légèrement changé d’instrument. Elle avait besoin d’une nouvelle flûte et l’a trouvée chez la maison Powell, un facteur de flûtes de Boston.

« C’est une flûte en bois de grenadille, avec un mécanisme de clefs. Le son est plus feutré, moins métallique, moins de hautes fréquences, un son qui se rapproche beaucoup plus de la flûte baroque. J’adore cette flûte, mais cela m’a montré que le bois est un matériau vivant qu’on doit respecter. L’instrument est beaucoup plus sensible aux écarts de température. Il doit être réchauffé et c’est à ce moment-là seulement qu’on peut vraiment se laisser aller et avoir du plaisir. En même temps, cette flûte apportait tellement d’autres couleurs qui étaient appropriées pour ce répertoire. Il me la fallait pour mon nouveau disque ! »

ET APRÈS ?

Nadia Labrie prévoit deux concerts à Gatineau, le 5 avril prochain, dans le cadre des concerts Ponticello, avec sa sœur Annie, guitariste. « Je suis enchantée qu’on refasse des projets ensemble », dit-elle. Le duo Similia reprend du service ! Par ailleurs, Nadia Labrie sera en concert avec d’autres musiciens dans trois spectacles au Festival Classica. Elle poursuit également une série de concerts autour de la musique de Schubert avec la pianiste Mariane Patenaude. C’est cependant la musique baroque qui prend de plus en plus de place dans sa vie, confie-t-elle. Ayant ajouté récemment une flûte baroque à sa collection instruments, en plus de sa flûte Powell, Nadia Labrie se découvre une nouvelle passion pour cette période musicale qui, à n’en pas douter, va occuper beaucoup de ses projets à venir.

 

Le concert de lancement de l’album Flûte passion : Bach aura lieu le 12 février aux studios du Cirque Éloize, en coproduction avec le Festival Classica. Ce sera le premier d’une série annuelle de concerts « Flûte passion », organisés autour de la Saint-Valentin. Billets. www.analekta.comwww.nadialabrie.com

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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