Les Boréades : 25 ans à faire vivre la musique ancienne

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Fondé par le flûtiste Francis Colpron, l’ensemble instrumental baroque Les Boréades célèbre cette année les 25 ans de sa série de concerts. Un anniversaire pas comme les autres, dans un contexte pas comme les autres non plus. Malgré les contraintes et les incertitudes qui subsistent à cause de la pandémie, l’important, pour Francis Colpron, est de garder contact avec les abonnées, avec ses collègues musiciens, et de continuer à produire des concerts. Le recours au numérique apparaît encore comme le moyen le plus fiable pour y parvenir, alors les musiciens se tiennent prêts. « On travaille beaucoup en ce moment sur cette éventualité – se produire devant des caméras – pour que le public puisse au moins partager le concert avec nous, sur leur écran », explique le directeur artistique et fondateur des Boréades.

Ces musiciens sont à la fois résilients et ouverts à la nouveauté. Ils le montrent non seulement lors de la diffusion des concerts en direct qui constitue pour eux une première, mais surtout au fil de la programmation de cette saison 2020-2021. À l’occasion de leur premier concert, le 19 novembre, Les Boréades retournent à un effectif qui étaient le leur au tout début de l’aventure : seulement quatre musiciens qui représentent « le cœur des Boréades », selon l’expression du directeur artistique, dont le violoniste Olivier Brault, la gambiste Mélisande Corriveau et Francis Colpron lui-même. Jean-Willy Kunz, qui a l’avantage de demeurer à Montréal comme eux, complète ce quatuor. Ils interpréteront ensemble des œuvres de Carl Philip Emanuel Bach, dans une ambiance intime.

Preuve de leur ouverture à la nouveauté, Les Boréades s’associeront avec le Quatuor Bozzini, en février prochain, dans un programme qui compte deux œuvres de compositeurs contemporains. « On rentre là dans l’idée d’avoir quelque chose qui soit ludique et qui puisse faire en sorte que des musiciens de différents ensembles se rencontrent. Ça, c’est important pour nous », confie Colpron. Ce dernier n’en est pas à ses premières incursions dans le répertoire contemporain. « Moi, je l’ai fait beaucoup, car mon instrument me le permet. Il y a toute une littérature contemporaine en flûte à bec et en flûte traversière. Les Boréades, moins. On a peu touché à cette musique. Une opportunité s’est présentée il y a quelques années. Je travaillais avec des gens qui voulaient qu’on se connecte avec des compositeurs canadiens et hollandais pour célébrer la libération des Pays-Bas par les troupes canadiennes durant la Seconde Guerre mondiale. Ces gens m’ont approché pour un ensemble de musique ancienne et m’ont dit qu’il serait intéressant de mélanger musique ancienne et musique contemporaine. J’ai trouvé l’idée fabuleuse. Depuis ce temps, l’idée de travailler avec des compositeurs canadiens, mais établis en Europe, comme Thierry Tidrow et Trevor Grahl [au programme du concert du 26 février 2021], nous permet de garder la réminiscence de ce projet initial et de travailler avec le Quatuor Bozzini. C’est devenu presque un incontournable. On a déjà beaucoup d’atomes crochus », raconte Colpron. Si tout se passe comme prévu, ce serait, pour les Boréades, une première participation au festival Montréal Nouvelles Musiques.

Toujours résilient, l’ensemble a la chance de reprendre un concert qui avait été annulé la saison dernière et qui aura finalement lieu en avril : Les quatre messes brèves de J.S. Bach, en collaboration avec le Chœur Saint-Laurent. « Ça nous brise le cœur d’annuler des concerts, confie Colpron, surtout pour nos collègues musiciens qui sont nos forces vives. La programmation sera donc maintenue, quoi qu’il arrive, avec toujours la possibilité du virtuel comme recours en temps de confinement. »

Le dernier concert de la saison sera consacré à Mozart, en particulier à ses opéras de jeunesse lorsque celui-ci était âgé seulement de 14 à 16 ans. Prévu au mois de mai, ce concert des Boréades, en compagnie de la soprano colorature Marie-Ève Munger, donnera également lieu à un enregistrement à paraître chez Atma classique. Un enregistrement de plus pour cet ensemble qui en compte déjà 25 dans sa discographie, comme le nombre de ses années.

Le passé mène au futur

Francis Colpron revient sur l’histoire et la démarche artistique des Boréades : « Au tout début, on a beaucoup tourné à quatre musiciens, on a fait tous les réseaux des Jeunesses musicales, on était en Europe, mais j’avais le désir d’explorer, de voir les choses en grand avec des effectifs un peu plus fournis. Est arrivée assez tôt l’idée de vouloir mêler la musique avec le théâtre ou l’opéra, de travailler avec des artistes comme Karina Gauvin, une expérience très formatrice pour nous. L’idée d’avoir aussi des productions à plus grand effectif qui mêlaient plusieurs types d’arts, ça m’avait toujours séduit. J’ai pu réellement le concrétiser en 2010 quand on a fait le projet « Les Tabarinades » [musique pour le théâtre de Tabarin], avec des acteurs comme Carl Béchard. On a fait d’autres projets avec Sophie Faucher, avec mise en scène. Ça nous a permis de toucher à un univers qui me tient encore beaucoup à cœur. »

Francis Colpron et ses collègues musiciens ont un autre projet en vue. En partenariat avec la compagnie Ballet Opéra Pantomime, ils souhaitent mener à bien une reconstitution de l’opéra Atys de Jean-Baptiste Lully et ainsi concrétiser une fois de plus cette « mouvance » interdisciplinaire à laquelle les Boréades sont attachés. Bientôt, espérons-le, le temps sera plus propice à la création et ils pourront alors célébrer leur anniversaire comme il se doit.

Afin d’assister aux concerts des Boréades, cette saison, les auditeurs peuvent se procurer la carte Coup de Cœur et profiter d’un rabais de 25 % sur l’achat des billets.

Pour tous les détails sur la programmation, visitez le www.boreades.com

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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