L’Éducation musicale à l’ère des nouvelles technologies

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La rapidité et la multiplicité des échanges sur Internet ont transformé notre manière d’accéder à l’information. Elles ont, plus largement, modifié notre rapport à la connaissance. Aujourd’hui, outre les médias traditionnels (presse, télévision, radio, etc.), les réseaux sociaux, les blogues et les sites d’information exclusivement en ligne sont autant de sources qui nous permettent de mieux comprendre le monde qui nous entoure. La diffusion de contenus en grande quantité ne vient pas sans risque. En effet, la propagation de fausses nouvelles est devenue un enjeu majeur pour nos démocraties. Néanmoins, cette large diffusion offre de grandes perspectives pour la démocratisation et le développement des connaissances, à l’échelle mondiale.

Les nouvelles formes d’éducation musicale à l’ère numérique en sont une parfaite illustration. Pour apprendre l’histoire de la musique, la musique elle-même ou l’art de la composition, il existe de nos jours une variété de dispositifs sur Internet et par le biais des nouvelles technologies (sites web, applications mobiles pour téléphones et tablettes, casques de réalité virtuelle, etc.).

Chaînes YouTube : Adam Neely, PV Nova, Avner ET D’AUTRES

Adam Neely Photo : courtoisie

De nombreux vulgarisateurs de musique classique ont leur propre chaîne YouTube. C’est le cas, par exemple, du youtubeur Adam Neely. Réputé dans le monde anglophone, ce jeune bassiste et compositeur jazz produit des vidéos qui génèrent des centaines de milliers de visionnements. Il réalise notamment une série de courtes capsules au cours desquelles il répond aux nombreuses questions que se posent ses abonnés sur lui, son expérience et sur l’analyse musicale. Parmi les autres youtubeurs qui retiennent notre attention, mentionnons le compositeur David Bruce (plus de 90 000 abonnés) ou encore le musicien Jacob Collier, dont le sujet de prédilection est l’harmonie. Chez les francophones, les youtubeurs PV Nova et Avner sont ceux qui se démarquent le plus, avec respectivement 610 000 et 520 000 abonnés. PV Nova propose des analyses étayées de musiques pop actuelles, tandis qu’Avner a notamment réalisé une série de documentaires où il se met lui-même dans la peau de compositeurs célèbres : Bach, Mozart et Beethoven.

Applis en série

Du côté des applications mobiles, les développeurs rivalisent d’imagination. On trouve différentes approches qui permettent d’exercer diverses compétences en musique. Il y a d’abord la possibilité d’approfondir sa culture musicale. Certaines applications comme Classical Music: Master’s Collection offrent plus d’une centaine de pistes musicales à écouter avec, pour chacune d’elles, des liens YouTube ainsi que des liens vers la page Wikipedia des compositeurs. Ainsi, l’utilisateur peut s’informer et s’instruire tout en écoutant ses musiques préférées en libre accès.

Guides d’écoute numériques

Viennent ensuite des applications qui initient l’auditeur aux instruments de l’orchestre et à la manière dont la musique se déploie pendant une prestation orchestrale. L’écoute musicale est ici soutenue par un accompagnement visuel qui illustre tous les thèmes musicaux entendus et, plus globalement, tout ce qu’il peut être pertinent de distinguer dans chaque section de l’orchestre. La partition, qui défile au rythme de la musique, sert alors de soutien à l’écoute. Parmi ces applications, on peut nommer LiveNote, produite par l’Orchestre de Philadelphie, The Orchestra, produite entre autres par maestro Esa-Pekka Salonen et le Philharmonia Orchestra, ou encore Beethoven’s 9th Symphony, qui révèle les secrets de cet ultime chef-d’œuvre.

Pour le rythme

Dans un autre ordre d’idées, il existe une série d’applications ludiques dont l’objectif essentiel est d’améliorer le sens du rythme et la lecture musicale chez les plus jeunes, comme chez les néophytes en musique – un moyen de stimuler l’intelligence musicale pour des musiciens en herbe !

Avec l’appli Epic Orchestra, nous avons été en mesure de tester notre capacité à maintenir la cadence. Plusieurs extraits musicaux sont offerts dans la version gratuite du jeu, dont le Prélude en sol mineur de Rachmaninov et la Gymnopédie no 1 de Satie, chacun ayant un ­certain niveau de difficulté. Le but du jeu est d’accumuler le plus de points possible, en ­suivant le plus fidèlement possible le tempo de la musique diffusée par le jeu.

Pour la lecture musicale

D’autres applis permettent d’améliorer la lecture de notes de musique. Destiné aux enfants en bas âge, Flashnote Derby, par exemple, simule une course ­hippique dont l’issue est déterminée par la quantité de bonnes et de mauvaises réponses. Plus l’utilisateur identifie correctement les notes de musique qui lui sont soumises, plus le cheval accélère. À la moindre erreur ou au moindre retard dans la prise de décision, l’animal ralentit sa course.

Question de vocabulaire

Deux applis complémentaires, produites par musictheory.net, permettent aux utilisateurs de tout âge d’apprendre le vocabulaire, souvent complexe, de l’analyse musicale. Theory offre un vaste glossaire de termes techniques, dans un langage simplifié, ­tandis que Tenuto propose une série d’exercices et de questionnaires pour mettre à l’épreuve les connaissances acquises.

De la théorie à la pratique

Il est désormais possible d’apprendre les ­rudiments du piano ou de la guitare grâce à des applis qui font concurrence aux professeurs de musique. Au cours d’une longue période et par une série d’exercices de plus en plus difficiles, le novice peut progresser dans la pratique d’un instrument. Parmi la quantité d’applis offertes, Simply Piano et Yousician bénéficient d’une grande visibilité, grâce notamment à des campagnes publicitaires sur YouTube. Mentionnons aussi Rocksmith, qui s’apparente plus à un jeu qu’à un outil ­d’apprentissage de la guitare.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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