La Nef: un métissage des styles et des disciplines

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La Nef poursuit les célébrations autour de son 30e anniversaire. Sous la direction artistique et générale de Claire Gignac, cette compagnie interdisciplinaire a déjà mis à l’affiche plusieurs concerts aux styles variés, mais c’est plutôt par la production de disques qu’elle se démarque en ce début d’année. Tout d’abord, le 5 février prochain, il y aura un concert de présentation de l’album Long Way Home du compositeur et multi-instrumentiste Andrew Wells-Oberegger, accompagné de six musiciens, à la Maison de la culture Ahuntsic à Montréal dans le cadre de la série “Concerts au bout du monde.” Le 10 mars, c’est une autre création, dirigée cette fois par le codirecteur artistique et directeur musical Seán Dagher, qui se produira dans un répertoire vocal et instrumental à la Chapelle-Notre-Dame-du-Bon-Secours avec le lancement de l’album Baratin d’marins à la clé.

L’union fait la force

Par son nom, La Nef a souhaité projeter l’image d’un véhicule qui invite à son bord des artistes de tous horizons, qu’ils soient interprètes ou créateurs. Pour Claire Gignac, dépasser les frontières entre les styles musicaux et les formes d’art fait partie de l’ADN de la compagnie. « On voulait mettre sur pied des projets avec des équipes qui sont toujours renouvelées, avec beaucoup de liberté dans l’expression artistique et beaucoup de respect pour les aspirations de nos compagnons de voyage. On a embarqué avec nous toutes sortes de musiciens. Et inversement, d’autres artistes nous ont présenté des projets sur lesquels on a embarqué en voulant soutenir leurs créations. »

Cofondée par Sylvain Bergeron, Viviane Leblanc et Claire Gignac, La Nef couvre un répertoire très vaste allant de la musique ancienne à la musique traditionnelle en passant par les musiques de création, inspirées de diverses traditions à travers le monde. Et puis, il y a le mélange entre disciplines, très stimulant artistiquement. « Le premier spectacle que l’on a fait il y a 30 ans, Musiques pour Jeanne la Folle, était une forme de théâtre musical et dans les tout premiers spectacles, il y avait déjà cette interdiciplinarité. »

Les débuts

Flûtiste et chanteuse, Claire Gignac était alors chargée du développement scénique. « J’étais conceptrice ou co-conceptrice de ces projets-là, j’étais également interprète dans ces spectacles en plus de faire la mise en scène. Je portais plusieurs chapeaux à la fois. »

Outre Musiques pour Jeanne La Folle, mentionnons des projets comme Le jardin des délices avec mouvement, Le voyage de Pénélope avec théâtre et danse, des créations contemporaines comme Urnos avec danse, vidéo, disposition muséale et musique originale du compositeur André Hamel, Musiques de robinet ou encore Carnets mouillés avec musiques et dessins de Robert Marcel Lepage.

À La Nef, le volet jeunesse demeure important. Claire Gignac rappelle que Viviane Leblanc avait mis sur pied des créations jeunesse aux débuts de la compagnie, souvent mélangées avec le théâtre. Suzanne De Serres a pris le relais et s’est spécialisée en tant qu’auteure dans les contes musicaux. Toutes sortes d’expériences interdisciplinaires s’en sont suivies : Le Chat et le gondolier avec des marionnettes géantes du Théâtre sans fil, Ulysse avec dessins sur sable en direct de l’artiste visuel Bluto, L’ombre et le hibou avec théâtre d’ombre. Des spectacles qui ont été créés dans le cadre du Festival Petits bonheurs, à la Maison de la culture Maisonneuve dont les équipements audio et vidéo conviennent très bien aux créations de La Nef.

L’Ancien et le Nouveau

Les artistes de la relève côtoient les plus anciens de la compagnie. Certains d’entre eux ont déjà contribué à plusieurs projets et sont devenus des membres du comité artistique. Ce mélange intergénérationnel est une source de grande fierté pour Claire Gignac. « Étonnement, il y en a qui sont avec nous depuis presque 30 ans. Andrew Wells-Oberegger et Pierre-Alexandre Saint-Yves, par exemple, ont commencé tous les deux à travailler avec nous à l’âge de 20 ans. Dorothéa Ventura, elle aussi, est membre de notre comité artistique depuis plusieurs années. Les équipes qu’ils nous proposent sont très diversifiées. Elles peuvent comprendre des musiciennes et musiciens qui n’ont jamais travaillé avec nous, des interprètes qui ont des spécialités tournées davantage vers les musiques du monde. »

C’est le cas de l’album Long Way Home qui doit beaucoup ses influences aux musiques venues d’ailleurs. « Plusieurs pièces originales ont été créées à l’origine dans le cadre de projets de la compagnie. Andrew Wells-Oberegger a entre autres repris certaines de ses pièces et les a réarrangées. On comprend qu’il y a dans sa musique des couleurs, des inspirations de musiques celtiques, d’autres moyen-orientales, avec une instrumentation caractéristique.”

Le nyckelharpa, le kanun, le bansuri, le chalumeau… certains de ces instruments se retrouvent également sur l’album Baratin d’marins, produit entièrement par La Nef. Avec Claire Gignac à la réalisation, cet album mettra en vedette une formation vocale et instrumentale. « Comme son nom l’indique, le répertoire est celui de chants traditionnels de marins issus du Québec, mais principalement de France dans des arrangements originaux pour voix solo et chœur mixte. »

Parmi les autres projets à surveiller, une création jeunesse en mai prochain avec Pierre-Alexandre Saint-Yves à la conception. Des vidéos sous-marines sont en train d’être montées et c’est à partir de ces vidéos qu’il avait d’abord tournées Sous les eaux (titre du spectacle) que le compositeur et son équipe construisent l’histoire du spectacle et inventent des personnages. « Cela va encore être un autre univers, » promet la directrice générale et artistique de La Nef.

Pour plus d’informations sur les albums produits ou co-produits par la compagnie, visitez le www.la-nef.com

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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