François Dompierre: du grand écran à la scène de concert

0

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

François Dompierre, c’est un peu le pape de la musique de film au Québec. On dit cela aussi de Denys Arcand à propos du cinéma québécois, un réalisateur qu’il connaît bien et avec qui il a longtemps collaboré. Mais François Dompierre, c’est bien plus, évidemment. Il est l’auteur d’une soixantaine de partitions pour le petit et le grand écran, depuis les films de Jacques Godbout – YUL 871 (1966), IXE-13 (1971), Le sort de l’Amérique (1996) – aux films de Denys Arcand – Le déclin de l’empire américain (1986), Jésus de Montréal (1989), Stardom (2000) – en passant par ceux de Jean Beaudin – Mario (1984), Le Matou (1985) – et de Michel Brault – Mon amie Max (1994), Quand je serai parti, vous vivrez encore (1999) –, sans oublier les deux comédies de Denise Filiatrault mettant en vedette Ginette Reno dans le rôle de Laura Cadieux (1998, 1999). À cela s’ajoutent quelques engagements en France et aux États-Unis, notamment avec Claude Chabrol dans Le sang des autres (1984).

La passion d’Augustine

Puis, plus rien après 2002. On croyait que François Dompierre en avait terminé avec la musique au cinéma. En 2015, pourtant, on l’a retrouvé au générique d’un film intitulé La passion d’Augustine. « Je ne faisais plus de musique de film depuis plusieurs années parce que je trouvais que j’en avais fait un peu le tour, confie Dompierre. Mais quand la réalisatrice Léa Pool m’a proposé le contrat, j’y ai réfléchi. J’ai été content de le faire parce que je connaissais le sujet, parce que l’histoire se passait à l’époque où je faisais moi-même des études au conservatoire et où je vivais dans une famille qui habitait en face d’un couvent qui ressemblait beaucoup à ce que Léa Pool avait mis en scène dans son film. C’était aussi intéressant comme expérience, car c’était plus qu’une musique de film, c’était un film musical et ça, c’était plus proche de mes sensibilités. J’ai donc accepté avec plaisir. »

Version ciné-concert

Le 27 novembre prochain à la salle Wilfrid-Pelletier, dans le cadre du premier ciné-concert québécois présenté par GFN Productions, c’est toute la musique de La passion d’Augustine que le public montréalais pourra réentendre. Et même un peu plus, nous prévient le compositeur.

Comme à son habitude, François Dompierre a fait tous les arrangements et l’orchestration de sa musique. En plus de quelques renforts de choristes présents sur scène, cinquante musiciens de l’Orchestre et Chœur FILMharmonique sous la direction de Francis Choinière seront de la partie. « Tout va être rejoué comme dans le film sauf quelques exceptions où, pour des raisons techniques, on a choisi de conserver la musique diffusée dans le film lui-même. Les autres musiques seront rejouées avec chœur et orchestre dans une grosse formation. »

Les réalisateurs amoureux de la musique

N’attendez pas maintenant que François Dompierre se remette à la musique de film. « Cela m’intéresserait, mais à mes conditions. J’exigerais qu’on mette les musiques que j’ai choisies à telle séquence, à tel moment dans le film et qu’on ne les enlève pas, mais je n’ai pas de contrôle et je ne peux exiger ce genre de choses. » Peut-être ferait-il une exception pour François Girard, metteur en scène aux multiples films en lien avec la musique. Et encore…

« Je n’ai jamais fait de musique de film pour lui, mais j’aurais aimé. Voici quelqu’un avec qui je pourrais travailler si on s’entendait sur les prémisses. Il y a aussi un avantage pour les réalisateurs de laisser à un compositeur les coudées franches. À ce moment, la pression retombe sur lui, c’est à lui de prouver que sa musique coïncide bien avec le film et convient aux images. »

Certains réalisateurs sont plus ouverts à la musique que d’autres et François Dompierre a la chance d’en avoir côtoyé plusieurs dans sa carrière. « J’ai eu de très belles expériences, entre autres avec Denys Arcand qui est resté un ami, mais aussi avec Michel Brault. Celui-ci fait partie des réalisateurs qui aimaient la musique d’emblée, qui en voulaient et qui étaient bon public, si je puis dire. C’était un plaisir. Jean Beaudin aussi était très respectueux de ce que je faisais. Quand on est compositeur, on sent qu’il ne faut pas décevoir celui qui vous porte une telle considération. »

François Dompierre explique la relation particulière qu’il a eue avec Denys Arcand lors de ses différents projets. « Denys Arcand est une exception. Il sait exactement ce qu’il veut, quel type de musique il veut, exactement là où il la veut. Dans Le déclin de l’empire américain, il voulait avoir l’ouverture du Concerto grosso no 5 de Haendel, mais au synthétiseur parce que ça faisait déclin de l’empire américain, justement. »

Trois créations en vue

François Dompierre préfère maintenant s’adonner pleinement à la musique de concert. Il a écrit récemment une fantaisie pour clarinette à l’intention d’André Moisan et termine actuellement un concerto de trombone pour Alain Trudel, ami et chef d’orchestre de l’Orchestre symphonique de Laval. Il est aussi question que son concerto pour violoncelle, achevé depuis trois ans, soit interprété pour la première fois en concert. « Ces projets se dessinent bien. Il y a des concerts prévus à Laval dans un an et un autre bientôt à l’Orchestre symphonique de Montréal. »

Outre ses activités de compositeur, François Dompierre s’est mis à l’écriture. Plus encore en période de pandémie, nous confie-t-il. Quelques livres sont à venir, aux éditions de La Presse. Il ne peut pas en dire plus à ce stade, mais les lecteurs peuvent déjà se procurer son récit autobiographique intitulé Amours, délices et orgues et Monique Leyrac, roman d’une vie, parus chez le même éditeur.

www.gfnproductions.ca

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Partager:

A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.