David Jacques: Deuxième album solo chez ATMA

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Concert après concert, disque après disque, David Jacques continue de partager avec nous des « histoires de guitares » grâce à sa collection d’instruments. En février, il était accompagné par l’orchestre de chambre I Musici dans un concert en webdiffusion. Le 6 juin, il se produira en solo au Centre d’art La Chapelle, à Québec.

Un premier volume était paru l’année dernière, chez ATMA classique. Quatorze guitares y tenaient la vedette. Cette fois, 15 guitares sont présentées dans près d’une trentaine de pièces du XIXe siècle pour les mettre en valeur.

Des compositeurs méconnus

Parmi les compositeurs sur ce deuxième album solo, il y en a un que le guitariste apprécie particulièrement : Ernest Shand, compositeur anglais de la fin du XIXe siècle, méconnu aujourd’hui. « Pour la guitare, il y a un son complètement unique. Ça sonne comme du Gerswhin. On n’a pas ce genre-là à la guitare d’habitude et c’est peu exploité par les autres guitaristes. Heureusement pour moi, je l’ai découvert et j’en joue régulièrement en concert ou sur disque », confie David Jacques.

L’idée derrière chacun de ses programmes est de dénicher des morceaux dont l’année de composition concorde avec celle de la fabrication des guitares. « Je joue même du répertoire romantique russe sur une guitare russe à 7 cordes, avec un accord en sol majeur ouvert. Cet accord est tellement différent de ce à quoi les guitaristes sont habitués que beaucoup sont rebutés. C’est assez difficile à apprendre à jouer sur une telle guitare, mais il y a des œuvres fabuleuses et j’en ai appris quelques-unes dans l’optique de cet album. »

Andreï Sychra, Nicolaï Alexandrov, Vassily Sarenko… Un certain nombre de compositeurs russes, eux aussi méconnus, ont écrit pour la guitare. David Jacques a choisi d’interpréter ici deux courts morceaux de ce dernier. « C’est un répertoire fascinant, très romantique. D’ailleurs, beaucoup de romances utilisent toutes sortes d’effets comme des harmoniques en plein milieu de phrases mélodiques. C’est aussi rafraîchissant sur un disque de guitare parce qu’on n’en entend pas souvent. »

Une âme de collectionneur

Sa collection de guitares anciennes remonte à quelques années seulement, mais bien avant, David Jacques avait déjà l’âme d’un collectionneur. « Je ne pensais pas qu’il était vraiment possible de jouer sur une guitare de 1820. À l’époque, je collectionnais plutôt des guitares des années 1960-70. J’ai toujours été collectionneur de plein de vieilles choses, comme des pièces de monnaie. Quand j’ai acheté une première guitare ancienne et que j’ai vu que je pouvais l’utiliser en concert, c’est venu chercher une fibre chez moi qui était là depuis toujours. »

Outre les récitals et les enregistrements, ce vaste projet, qui occupe désormais l’essentiel de son temps, est modulable en fonction des besoins ou des demandes des organisateurs. « J’ai conçu un concert “famille” où il y a une trame narrative. J’ai aussi préparé un concert pour mieux rejoindre les plus jeunes et leur faire découvrir ces guitares. J’ai un concert avec le ténor Philippe Gagné, donc voix et guitare, mais toujours dans l’optique de faire découvrir les instruments anciens. Un disque de concertos de guitare, avec orchestre, est prévu pour l’an prochain. J’espère même pouvoir faire un troisième volume “Histoires de guitares”. »

David Jacques n’est jamais à court de répertoire et d’idées pour promouvoir les instruments qui lui tiennent tant à cœur. Pour la restauration de ses guitares, qu’il trouve le plus souvent en Europe, dans des encans ou auprès d’autres collectionneurs, il peut compter sur de bons partenaires. Il sait aussi bien s’entourer, dit-il. D’ailleurs, celle qui signe les notices discographiques de son nouvel album est Françoise de Ridder, grande spécialiste des guitares anciennes.

« Au lieu de mettre l’accent sur le compositeur, la musique, je le mets beaucoup sur le luthier en tant que tel, l’artisan et après, je vais chercher l’œuvre qui va avec. J’ai un chemin un peu différent en ce sens. »

David Jacques a interprété le répertoire de ce nouvel album via une webdiffusion enregistrée depuis le Domaine Forget et rendue disponible sur la plateforme Livetoune, du 28 mai au 11 juin. www.atmaclassique.com

 

15 histoires de guitares
David Jacques, guitare
ATMA Classique (mai 2021)
ACD2 2821
★★★★★

Son premier album solo chez ATMA ­classique avait couvert une large période, du XVIIe au XXe siècle. David Jacques revient maintenant avec la suite de ces « Histoires de guitares ». Au programme, des morceaux du XIXe siècle et des compositeurs venus d’un peu partout sur le continent européen.

Certains, comme l’Anglais Ernest Shand et l’Italien Mauro Giuliani, figuraient déjà sur l’album précédent. Ici, presque autant de pièces – une trentaine – et des noms qui, pour l’essentiel, demeurent méconnus.
Première étape en Italie avec une ­guitare Gennaro Fabricatore, faite à Naples en 1817, et des morceaux où l’on sent bien l’influence de l’opéra, comme dans « Le Jasmin » extrait de Choix de mes fleurs chéries de Giuliani. Ainsi, David Jacques fait des accords guitares-musiques comme d’autres, des accords mets-vins.

Plusieurs guitares jouées sur l’album ­proviennent de la ville de Mirecourt, en Lorraine (France). Le guitariste met ici en lumière une tradition de la lutherie qui remonte jusqu’au XVIe siècle. Il associe ces guitares à des œuvres de compositeurs anglais, tchèques ou italiens. Leurs styles sont variés. Ernest Shand (1868-1924) compose des mélodies de forme libre proches des musiques populaires. En cela, son style ne pourrait être plus différent de celui de Wenzel Thomas Matiegka (1773-1830), qui cadre davantage avec les normes formelles.

Enfin, David Jacques nous fait voyager jusqu’à Moscou avec une guitare Zimmermann de 1902, mais aussi dans des contrées d’Europe de l’Est, avec notamment les Danses hongroises de Vincenz Schuster et leurs sonorités folkloriques.

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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