Jeunesses musicales Canada présentent le Concours DO MI SI LA DO RÉ

0

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Depuis plus de 70 ans, les Jeunesses Musicales Canada soutiennent le développement de carrière de jeunes musiciens de formation classique sur la scène nationale et ce n’est pas la pandémie du coronavirus, dont on connaît maintenant les conséquences économiques désastreuses, qui les empêchera de poursuivre leur mission. En effet, durant la période de confinement, qui a affecté notamment le milieu culturel, la Fondation Jeunesses Musicales Canada (FJMC) a présenté la toute première édition du Concours Do Mi Si La Do Ré (« domicile adoré ») – allusion ingénieuse à ce lieu intime, ce refuge qui nous a protégés collectivement de la contamination et qui est devenu, par ce concours, une source d’inspiration pour les jeunes artistes.

Le concours s’adressait à des musiciens, âgés de 30 ans et moins, qui étaient prêts à jouer ou composer une pièce inspirée des six notes qui forment les mots « domicile adoré ». L’idée de la FJMC, selon son président Richard Lupien, était d’encourager la création. Ce dernier s’était prêté lui-même au jeu sur les réseaux sociaux et avait partagé une de ses dernières compositions, Tango, en reprenant ces mêmes principes. « En quelques jours seulement, nous avons monté la première édition de ce concours », confie-t-il.

Le concours en chiffres

En amont du concours, la FJMC a reçu 220 inscriptions et 173 créations de trois minutes ou moins. Au final, elle a alloué plus de 128 000 $ en prix et bourses aux musiciens de la relève. Trois mille deux cents dons totalisant 97 782 $ ont été récoltés sur la plateforme de financement, une moyenne de 30 $ par don. La somme a permis de verser à la fois des prix de participation et les bourses accordées à 33 musiciens et/ou compositeurs.

Grâce aux surplus amassés lors de la collecte de fonds, tous les prix et bourses ont été bonifiés. Le pianiste Henry From (Vancouver, C.-B.), grand gagnant du concours, a obtenu le premier prix artistique d’une valeur de 20 000$* pour son étude « Home Sweet Home », op. 54, dans lequel on entend plusieurs fois le motif do-mi-si-la-do-ré. La chanteuse Jeanne Laforest (Montréal, Qc) s’est vu remettre le deuxième prix et une bourse de 10 000 $ pour sa pièce Pas d’école qui incorpore des sons de verres frottés. Le duo québécois formé de la pianiste Marie-Pier Allard et du violoncelliste Dominique Beauséjour-Ostiguy (Longueuil, Qc) complète le podium avec une bourse de 7000 $, grâce à une composition brillamment construite dans laquelle les solistes s’échangent tour à tour le même motif. À noter également que les sept autres finalistes ont reçu chacun un prix d’une valeur de 4000 $.

En ce qui concerne les prix de participation, décernés aux musiciennes et musiciens qui ont attiré le plus grand nombre de donateurs sur leur candidature respective, la violoniste Leslie Ashworth (Oakville, Ont.) est arrivée en tête, suivie du violoncelliste Antoine Savard (Montréal, Qc) et du trio composé du pianiste et compositeur Simon Desbiens (Québec, Qc), de la violoniste Émilie Auclair (Ancienne-Lorette, Qc) et de la chanteuse Carole-Anne Roussel (Rivière-du-Loup, Qc). La première est repartie avec une bourse de 5000 $, le deuxième avec 4000 $ et le trio avec 3000 $. « Les artistes ont plus que jamais soif de jouer et de se faire entendre du public, estime Jean-Guy Gingras, président des JMC. Ils [les donateurs]ont fait une réelle différence dans la vie de nos jeunes musiciens », conclut-il.

Un processus de sélection réexaminée

La Fondation a effectué une première sélection le 20 mai à partir des vidéos mises en ligne par les candidats sur la plateforme YouTube. Ces derniers ont eu jusqu’au 14 juin pour promouvoir leur vidéo auprès de leur réseau afin d’attirer le plus grand nombre de donateurs possible dans le cadre des prix de participation, accordés à la suite d’un vote populaire. Du 20 mai au 14 juin, c’était donc au public, aux internautes, de voter pour leur vidéo préférée et de faire ainsi un don aux jeunes musiciens (un vote par donateur) sur la plateforme de financement Fundky. Parallèlement, trois jurys de présélection ont retenu les 33 meilleures vidéos de musiciens et/ou créateurs en vue des prix artistiques, récompensant l’excellence des projets et des prestations.

Cette décision de créer deux prix distincts fait suite à des plaintes émanant de certains participants, comme nous l’expliquions dans l’article « La Fondation Jeunesses musicales réorganise son concours Do-Mi-Si-La-Do-Ré à la suite de protestations » paru plus tôt cet été sur le site web de La Scena musicale. Le ténor et compositeur Louis Desjarlais, qui s’était d’ailleurs retiré du concours en signe de protestation, raconte : « Les JMC ont été très sensibles à nos reproches et ont fait preuve de bonne foi à plusieurs égards. Le concours, dans ses règles actuelles, récompense et respecte le travail des compositeurs et compositrices. Cela dit, la fondation a froissé beaucoup de gens et a pris des décisions qui demeurent répréhensibles. »

Fidèle à sa mission première, la fondation a veillé à ce que les vidéos soient évaluées pour le prix artistique d’après des critères clairement établis : originalité de l’œuvre, qualité de l’exécution, plaisir à l’écoute et intégration du thème domisilado. Les dix finalistes ont ensuite été entendus par le grand jury, composé de personnes influentes du milieu musical comme Marc David, Timothy Vernon et Yannick Nézet-Séguin, chefs d’orchestre, ou encore Renaud Loranger, Chantal Lambert et Isolde Lagacé, directeur et directrices d’organismes partenaires du concours. « La FJMC a confiance que le concours, organisé dans un immense élan de solidarité envers les jeunes artistes, est dorénavant en lien avec les attentes des musiciens qu’elle soutient », pouvait-on lire dans un communiqué des JMC.

*Ce montant ainsi que les montants suivants incluent la bourse des trente-trois musiciens/créations accordée à chaque artiste, d’une valeur de 2000 $.

www.jmcanada.ca

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Partager:

A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.