CMIM 2022: nos pronostics

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Avec Wah Keung Chan, Vivianne Jeanson-Delorme et Adrian Rodriguez

Afin de mieux vous guider à travers l’édition 2022 du Concours musical international de Montréal (CMIM), l’equipe de La Scena Musicale (Justin Bernard, Wah Keung Chan, Vivianne Jeanson-Delorme et Adrian Rodriguez) a écouté les 32 participants et établi des pronostics. Comme en 2018, les épreuves seront divisées en deux volets, soit Aria et Mélodie. Il y a, d’un côté, les chanteurs qui voudront briller dans le répertoire lyrique avec orchestre et, de l’autre, ceux qui s’illustreront en récital, dans un format plus intime avec piano.

Keonwoo Kim en 2015, Mario Bagh en 2018… les ténors sud-coréens ont décidément la cote dans la catégorie Aria. Cette année, est-ce qu’un chanteur ou une chanteuse d’une autre nation pourra déjouer les pronostics et ravir le premier prix ? Dans la catégorie Mélodie, un autre Américain pourrait-il succéder à John Brancy ? Pour départager les concurrents, nous avons pris en compte à la fois leurs qualités vocales intrinsèques et la manière dont ils ont interprété leurs morceaux.

La Scena sera présente au CMIM 2022, suivez nos réactions en direct (sur Facebook et Twitter). #CMIM2022

Julia Sitkovetsky
soprano
États-Unis / Royaume-Uni

Forte de sa réputation comme Reine de la Nuit sur les scènes de Dresde, Düsseldorf, Glasgow et Berlin, la soprano colorature dramatique américano-britannique Julia Sitkovetsky pourrait franchir de nouveaux sommets. Finaliste du Concours de l’Opéra de Paris, demi-finaliste du Concours du Belvédère et lauréate 2017 du prix spécial du Concours international de Clermont-Ferrand (France), elle nous a impressionnés par sa virtuosité et sa voix stratosphérique. « Une voix brillante, égale, avec beaucoup de nuances », déclare Vivianne Jeanson-Delorme.

Julia Sitkovetsky prendra-t-elle tous les risques pour écraser la concurrence ? Quoi qu’il arrive, il faudra éviter les sorties de route pour espérer rester jusqu’au bout.

Prédiction : Aria premier prix

Jusung Gabriel Park
baryton
Corée du Sud

Le baryton-basse sud-coréen Jusung Gabriel Park a déjà une bonne expérience des concours – et pas n’importe quels ! En 2021, il a remporté le troisième prix du Concours Operalia de Plácido Domingo et a été finaliste du prestigieux BBC Cardiff Singer of the World. La même année, il a rejoint la résidence de chant de l’Académie d’Aix-en-Provence. Au cours de la saison 2023-2024, Jusung Gabriel sera membre du studio de l’Opéra d’État de Vienne. Sur scène, il a interprété le rôle-titre dans Les noces de Figaro et le rôle de Leporello dans Don Giovanni de Mozart avec le Theater Rudolstadt (Allemagne).

C’est peu dire que ce chanteur est un sérieux prétendant au podium dans la catégorie Aria. « Peut-être la meilleure voix en compétition, une technique parfaite », lance Adrian Rodriguez.

Prédiction : Aria deuxième prix

Jihoon Son
ténor
Corée du Sud

Lauréat du troisième prix, prix spécial, au Eva Marton International Singing Competition (2021), le Corréen Jihoon Son a démontré une grande technique vocale et une forte présence sur scène. Parmi les choses apprises des éditions précédentes, c’est qu’il faut toujours se méfier d’un ténor aux aigus superbes, estime Adrian Rodriguez. Seul ténor en lice au CMIM dans la catégorie Aria, Jihoon Son est le favori de notre panéliste pour la troisième place. Il pourrait même créer la surprise comme d’autres l’ont fait avant lui. « La seule difficulté tient au répertoire du bel canto, sa spécialité. La voix doit être en grande forme, exécuter beaucoup de coloratures et des notes suraiguës. S’il est fatigué ou s’il a un mauvais jour, les choses pourraient vite mal tourner et le chanteur se retrouverait exclu du concours dès les premières épreuves. » Toutefois, Adrian prévient qu’un choix de répertoire plus risqué pourrait changer la donne. Faire le grand écart entre des airs de bel canto et des airs romantiques n’a aucun sens. À ce compte-là, les Canadiens Hugo Laporte, baryton, ou Rose Naggar-Tremblay, soprano, pourraient le devancer.

Prédiction : Aria troisième prix (d’Adrian Rodriguez et de Wah Keung Chan) 

Rose Naggar-Tremblay
contralto
Canada

Pour Vivianne Jeanson-Delorme aussi, la contralto montréalaise Rose Naggar-Tremblay est une candidate potentielle pour la troisième place. À 29 ans, elle maîtrise parfaitement sa voix riche et unique. Elle est à l’aise dans un vaste répertoire passant du bel canto au contemporain. Si elle y met l’énergie dramatique dont elle est capable, elle a la chance de rafler plusieurs prix.

Détentrice d’un baccalauréat en interprétation vocale de l’Université McGill, Rose intègre l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal de 2017 à 2020. En octobre 2021, elle fait ses débuts en Europe dans le rôle-titre de Carmen à l’Opéra de Sofia. Elle gagne par la suite le premier prix et le prix pour la meilleure interprétation d’une œuvre canadienne au concours de chant de l’Orchestre symphonique de Montréal. Il va sans dire qu’elle est entièrement préparée à affronter ce concours magistral.

Prédiction : Aria troisième prix (de Vivianne Jeanson-Delorme)

Seonwoo Lee
soprano
Corée du Sud

Actuellement à la maîtrise à la prestigieuse Juilliard School, où elle suit les cours de la célèbre soprano et pédagogue canadienne Edith Wiens, et diplômée de l’Université nationale de Séoul, où elle a terminé première de sa promotion, Seonwoo Lee n’en finit pas de conquérir le monde de l’opéra. Elle a remporté le grand prix du Concours de chant de Daegu et le premier prix du Concours de chant coréen. Cette année au CMIM, elle est la plus jeune concurrente. Qui dit jeunesse dit fraîcheur vocale. En effet, Seonwoo Lee possède avec Julia Sitkovetsky l’une des plus belles voix du concours, le genre de voix qui ne laisse personne indifférent. Mais qui dit jeunesse dit aussi manque d’expérience. En termes d’interprétation et d’expression dramatique, elle apparaît un peu en dessous des autres. Qui sait, quand la voix est aussi flamboyante, elle peut déplacer des montagnes.

Prédiction : Aria troisième prix (de Justin Bernard)

Bryan Murray
baryton
États-Unis

Nous vous parlions d’un Américain dans la catégorie Mélodie : Bryan Murray, lauréat du grand prix du NYIOP International Vocal Competition et du premier prix du Talents of the World Inc. International Voice Competition (2019). Au Deutsche Oper de Berlin, il a enchaîné les petits rôles dans Rigoletto de Verdi, Carmen de Bizet et Le barbier de Séville de Rossini.

Nous avons hâte de découvrir en personne son intensité vocale et dramatique. Dans d’autres concours, il a aussi fait preuve d’une grande maturité et polyvalence dans un large éventail de langues. Attention toutefois à ne pas être trop intense et pris dans l’émotion du moment. La victoire pourrait alors venir d’une chanteuse qui, elle aussi, est américaine.

Prédiction : Mélodie premier prix

Meredith Wohlgemuth
soprano
États-Unis 

Son nom de famille signifie en allemand « dans de bonnes dispositions » ou « bien intentionné ». La soprano Meredith Wohlgemuth en aura bien besoin pour passer jusqu’en finale ! Récemment diplômée de la Juilliard School, elle a été la lauréate des auditions du Metropolitan Opera Laffont National Council New York District (2021).

À l’opéra, Meredith Wohlgemuth a interprété des rôles de soprano convoités comme Gretel dans Hänsel et Gretel, Despina dans Così fan tutte et Tytania dans Le songe d’une nuit d’été. Au CMIM, c’est dans le répertoire des mélodies romantiques et contemporaines, sa spécialité, qu’elle enchantera certainement le public montréalais. Parmi les ingrédients de son succès, une voix cristalline, un timbre unique et un grand raffinement dans la langue de Goethe. « Charismatique et intense », abonde Vivianne Jeanson-Delorme.

Prédiction : Mélodie deuxième prix

Zhuohan Sun
ténor
Chine

Lauréat du prix spécial et du prix du public au International Robert Schumann VIDEO Competition, le ténor chinois a les doubles faveurs d’Adrian Rodriguez et de Vivianne Jeanson-Delorme pour la troisième place. « Il est l’artiste le plus polyvalent dans la catégorie Mélodie. Sa voix peut produire une palette de couleurs et de nuances infinies. À certains moments, on dirait un ténor lyrique alors que dans d’autres, on se demande s’il ne pourrait pas chanter baryton. Au besoin, Zhuohan Sun peut exécuter un falsetto digne d’un contre-ténor. Son seul point faible est peut-être son manque de puissance vocale, mais ce ne devrait pas être un problème dans la magnifique acoustique de la salle Bourgie », résume Adrian Rodriguez.

Prédiction : Mélodie troisième prix (d’Adrian Rodriguez et de Vivianne Jeanson-Delorme)

Arvid Fagerfjäll
baryton
Suède

Méfiez-vous aussi des gens du Nord ! Originaire de Stockholm, le baryton Arvid Fagerfjäll n’a pas exactement un physique de colosse. Il paraît même assez frêle. Et pourtant, lorsqu’il chante, on croirait qu’il est Goliath contre David. Cela ne l’empêche pas de courber sa voix pour aller chercher de belles nuances pianissimo, bien au contraire. « Une voix parfaite pour la mélodie. Arvid Fagerfjäll gagnera assurément un prix », prédit Adrian Rodriguez. « Il a une grande variété de couleurs et beaucoup d’expressivité. Ce baryton sonnera très bien sur disque. Très bon allemand, mais une diction française plutôt faible », estime Vivianne Jeanson-Delorme.

Le baryton suédois mettra certainement à profit sa grande expérience internationale dans les concours de mélodie. Lauréat du premier prix du Concours international de chant aux Pays-Bas, il a reçu en 2020 la bourse de la Fondation Larsén-Todsen. À l’opéra, il a chanté plusieurs rôles, notamment dans Le barbier de Séville et Die Fledermaus sur les scènes de Leipzig et de Hanovre. Cette saison, il fait ses débuts au Théâtre Aachen dans La Belle et la Bête de Philip Glass.

Prédiction : Mélodie troisième prix (de Justin Bernard et de Vivianne Jeanson-Delorme)

Deepa Johnny
mezzo
Canada | Oman

La mezzo Deepa Johnny est la seule concurrente dans les volets Aria et Mélodie, et pour une bonne raison. Sa voix claire est imprégnée d’un legato régulier. Ces derniers temps, il semble qu’elle ait changé de catégorie vocale, passant de soprano à mezzo.  Cela peut rendre son entrée dans le volet Aria difficile, mais sa musicalité innée lui donne un avantage pour le volet Mélodie.

Prédiction : Mélodie troisième prix (de Wah Keung Chan)

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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