Catherine Major: de la chanson québécoise aux airs d’opéra

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Albertine, en cinq temps fait peau neuve. Pour la première fois, cette pièce de théâtre de Michel Tremblay, créée en 1984, sera bientôt adaptée en opéra. Quelques airs ont déjà été composés par l’auteure-compositrice-interprète Catherine Major et seront présentés lors d’une série de deux concerts.

Pour la directrice artistique des Productions du 10 avril, Nathalie Deschamps, le choix de Catherine Major s’est imposé comme une évidence. « Les mots de Michel Tremblay expriment le cœur de ce que l’on est, dans nos racines québécoises. J’avais envie d’aller chercher une femme qui porte ces racines, qui compose une musique que l’on peut fredonner facilement et que cela vienne aussi chercher un public différent. Catherine Major a une base en musique classique et a fait des allers-retours entre plusieurs styles de musique. Ce mélange des genres, le fait qu’elle aille de l’un à l’autre, la musicalité du mot qu’elle donne dans ses chansons à textes, tout cela m’a amenée à faire appel à elle », explique Nathalie Deschamps.

L’auteure-compositrice-interprète se félicite que le texte demeure en joual. « Il y a quelque chose de rond dans le joual, quelque chose d’ouvert, de moins carré; beaucoup plus que le français de France et même le français que je peux chanter dans mes chansons. Ça laisse une belle place à la liberté de composer. »

Extrait de partition

Catherine Major a fait du piano classique de l’âge de 4 ans jusqu’à la fin de son baccalauréat à l’université, où elle s’est orientée vers le jazz, la composition et l’approche « création », dit-elle. « J’ai étudié la littérature et l’analyse musicale, ce qui fait qu’aujourd’hui j’écris de la musique, je ne fais pas juste la jouer ». La musique classique continue néanmoins de faire partie de sa vie. Certaines de ses chansons, comme Valser en mi bémol (2008) ou Claustrophobe (2020), en portent la marque. En concert, Catherine Major n’hésite pas à intercaler une ballade de Chopin ou un mouvement d’un concerto de Ravel au milieu de son répertoire à elle, comme avec l’Orchestre symphonique de Québec en 2013.

La musicienne aux cinq albums pop en carrière se confie également sur son parcours en tant que femme : « Je ne me suis jamais sentie personnellement brimée dans ma tête et mon expression féminine. J’ai de la chance, me dira-t-on peut-être. Par contre, je suis consciente que les femmes se battent pour leur place depuis trop longtemps et il y a encore beaucoup de travail à faire, surtout dans d’autres milieux. J’ai quatre enfants et, avec mon copain, on forme une équipe de feu. Mais le fait d’enfanter et de nourrir, ça reste une grosse charge. L’histoire d’Albertine reflète aussi cette réalité. Enfin, je trouve ça très beau que tout le travail autour de l’œuvre soit fait par des femmes, de la composition à la scénographie, en passant par les musiciennes. Le message est très puissant. »

Albertine en cinq temps – L’opéra, les 19 et 20 août prochains au Théâtre du Rideau-Vert, sur invitation uniquement, et en webdiffusion du 20 au 23 août. Il s’agit d’une version abrégée de l’opéra avec accompagnement au piano.
Production complète avec décors et costumes prévue en août 2022 afin de célébrer les 80 ans de l’auteur, Michel Tremblay.

Musique de Catherine Major sur un livret du Collectif de la Lune Rouge.

Pour suivre l’actualité de Catherine Major, et notamment sa tournée à l’automne autour de son cinquième et dernier album, visitez le www.catherinemajor.com

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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