Critique | 50 ans du Choeur Saint-Laurent: un “chant de louange” à son fondateur

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Pour souligner son 50e anniversaire, le Chœur Saint-Laurent avait choisi de présenter un grand concert à la Maison symphonique avec, au programme, le Lobgesang de Mendelssohn. Un “chant de louange”, littéralement, aux 50 dernières années de l’ensemble, aux 50 autres années à venir, on l’espère, mais surtout à son fondateur Iwan Edwards, décédé moins d’un mois avant ce concert du 1er avril.

Le Chœur Saint-Laurent accueillait dans ses rangs des membres du Grand Chœur de l’Université McGill et était joint sur scène par son excellent orchestre de près de 50 musiciens, sous la direction de Philippe Bourque. La soprano Marianne Fiset et le ténor Benjamin Butterfield étaient les principaux solistes de la soirée tandis que la soprano Ellen Wieser, dans un rôle plus secondaire, n’avait que quelques lignes à chanter en duo avec l’autre interprète féminine.

Ce qui nous a d’abord frappé, c’est la qualité des musiciens de l’orchestre telle qu’évoquée plus haut. Dans cette oeuvre de Mendelssohn qui fait la part belle à la musique symphonique, on a pas pu notamment apprécier l’abondance des violoncelles, menés par nul autre que Pierre-Alain Bouvrette du Quatuor Molinari, et la solidité des cuivres, irréprochables dans leurs solos respectifs (en particulier les cors et les trombones). À entendre l’Orchestre du chœur Saint-Laurent, on se demandait même s’il ne serait pas au moins aussi fort que l’Orchestre métropolitain. La différence venait peut-être du chef. Certes habile dans le maniement de la baguette, Philippe Bourque n’est pas allé chercher autant de relief, de mouvements agogiques, que l’on aurait souhaité. Cette interprétation plutôt fade s’est faite particulièrement ressentir chez les violons alors même que la section était très bien emmenée par Antoine Bareil. Parfaitement calées sur le tempo de l’orchestre, les interventions de Jean-Willy Kunz à l’orgue méritent aussi d’être saluées.

Les quelque 80 choristes formaient quatre pupitres bien équilibrés. Toutefois, si les ténors et les basses parvenaient à produire un volume suffisant pour rivaliser avec l’orchestre seul, ils le devaient davantage à de solides et talentueuses voix individuelles qu’à une véritable cohésion de groupe. Dans l’ensemble, le texte biblique du Lobgesang a très bien été rendu par le chœur tant sur le plan de la diction que de l’émotion.

Marianne Fiset a parfaitement démontré l’étendue de son talent qui, comme chacun le sait, s’exporte très bien en Europe: voix claironnante, brillante tout en étant robuste, un phrasé plein de lyrisme… la soprano n’était peut-être pas aussi “facile” dans l’aigu que d’autres au Québéc, mais elle nous a offert une profusion de couleurs comme personne. À ses côtés, Benjamin Butterfield  a très bien mis en valeur sa voix de récitant, très recherchée pour le répertoire sacré. Tout en ayant une voix forte et expressive, notamment dans le sixième air extrait du Lobgesang, le ténor n’avait pas une palette aussi large que sa partenaire de scène.

Parfois considérée comme sa Symphonie no 2 tant elle fait une grande place à l’orchestre, l’œuvre de Mendelssohn était précédée du Schiksalslied de Brahms. On a pu admirer ici les qualités d’orchestration du compositeur et le traitement remarquable des motifs à la manière de Beethoven.

choeur.qc.ca

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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