Ezinma : Un chemin classique vers le monde de la pop

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J’ai rencontré Ezinma sous le nom de Meredith Ramsay il y a près de 10 ans, alors que nous étions étudiantes en violon à la Mannes School of Music de New York. Un jour après l’école, nous étions sur le trottoir à parler de l’avenir. Elle m’a dit qu’elle n’allait pas auditionner pour des orchestres. Au contraire, elle allait devenir une vedette pop du violon.

Je me souviens d’avoir pensé : « Comment va-t-elle faire ? On ne peut pas se former en tant que musicien classique et avoir une carrière dans la musique pop. » Mais elle l’a fait. La preuve ? Ezinma fait la couverture du numéro de janvier/février de Strings Magazine.

Meredith a grandi dans le Nebraska, où elle dit n’avoir jamais ressenti la pression de devoir être la meilleure. « Le violon a toujours été amusant pour moi. Mes parents étaient exigeants, mais je me souviens que ça a toujours été amusant, dit-elle. Et je pense que c’est très spécial parce que ce n’est pas tout le monde qui a ce genre de relation avec l’instrument. Ce n’est pas tout le monde qui aime le violon. Certaines personnes le font par devoir. »

Jusqu’à l’âge de 14 ans, elle a suivi une formation de danseuse. « Je pense que c’est important, dit-elle. Je n’étais pas géniale, mais j’étais assez sérieuse à ce sujet et je pense qu’il y a un lien entre le fait de grandir en faisant de la danse et ce que je fais maintenant. Je suis une violoniste très physique quand je joue. »

Pendant un court instant, Meredith a mis le violon de côté, car elle voulait être médecin. Mais après avoir commencé un programme de prémédecine, elle est revenue au violon à Mannes. C’est là qu’elle a découvert qu’elle allait devenir une violoniste différente jouant une musique différente.

« À l’époque, j’étudiais avec Laurie Smukler, dit-elle, et vers la fin de ma première année, je me souviens qu’elle m’a dit : “Tu sais, tu es juste différente. Je ne sais pas ce que c’est, mais tu devrais devenir la Beyoncé du violon ou quelque chose comme ça.” Ces paroles m’ont donné le courage de penser que c’était possible même si je n’avais aucune feuille de route, aucun plan. »

Meredith a exploré la scène musicale populaire. Elle a travaillé avec Beyoncé pendant trois ans et Clean Bandit pendant deux ans. Clean Bandit est un groupe pop instrumental britannique composé d’un violoncelliste, d’un pianiste et d’un batteur.

« Travailler avec eux a été très inspirant, se souvient-elle. Ils m’ont appris à danser et à jouer du violon et j’ai fait des tournées avec eux dans toute l’Europe. C’était une énorme opportunité pour moi, un moment majeur. Nous jouions dans des arénas devant des dizaines de milliers de personnes qui applaudissaient. J’ai réalisé : “Wow, c’est la vie de rockstar, et un violoniste peut avoir ça.” »

Meredith a trouvé qu’en faisant des études de musique classique, en essayant d’apprendre à tout faire parfaitement, elle avait peut-être perdu la perspective de ce qu’elle était. « Je pense qu’il y a des moments où la musique classique devient un peu hors de propos, dit-elle. Je ne vois pas vraiment le monde classique tendre la main et essayer d’attirer les gens. Ce que le monde populaire fait si bien, la langue que vous parlez ou l’âge que vous avez n’a pas d’importance. Vous ressentez la musique et vous l’aimez. »

La violoniste a rompu symboliquement avec la tradition classique lorsqu’elle a commencé à utiliser son deuxième prénom Ezinma. « Je voulais faire quelque chose de nouveau et avoir la liberté de créer sans les attentes qu’apportait mon ancienne identité. »

« C’est intéressant parce que maintenant je porte les deux noms et je les vois comme deux choses distinctes. Pour cette interview, en ce moment, je suis Meredith, mais quand je suis sur scène, je suis Ezinma. J’ai un autre ego. Cela a été une étape nécessaire. Cela m’a offert une protection pour la création et l’expérimentation.

« Pour moi, ce qu’il y a de plus cool dans le monde de la pop, c’est que [lorsque]nous travaillons ensemble, nous nous amusons. Ce n’est pas cette chose sérieuse et effrayante que j’ai parfois ressentie quand j’étais en classique. En fin de compte, c’est juste une question de partage, une question de joie, il s’agit d’élever la vibration pour tout le monde autour de vous. Et c’est quelque chose sur lequel je travaille très fort chaque jour. »

Meredith ne se souvient pas d’avoir subi beaucoup de discrimination raciale dans le monde classique. Cela dit, il y a eu des moments où elle a reçu beaucoup de réactions négatives de la part de musiciens classiques – dont certains étaient également des gens de couleur – à cause de la musique qu’elle jouait et de la façon dont elle la jouait.

« C’était quelque chose qui, je pense, est un peu distinct du problème racial, mais qui y est lié en même temps. Le fait que je joue beaucoup de hip-hop est directement relié à mes antécédents. J’aime être vue. Je veux que les gens connaissent mon parcours, je veux montrer d’où je viens. J’aimerais voir un monde où votre expérience vous aide. Je ne pense pas que ce devrait être un handicap que vous apparteniez à une culture différente ou que vous soyez une femme ou que vous soyez invalide. Je pense que la musique classique doit prendre cela et en faire quelque chose de positif. »

« En fin de compte, la musique – toute musique –, ce n’est pas seulement des notes parfaitement jouées et un rythme parfaitement joué, c’est l’histoire d’un compositeur et de ce que vous êtes en tant qu’interprète. Je pense qu’effacer cette composante d’une personne n’a aucun sens. »

 

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