Lois Marshall – Une reconnaissance

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Lois Marshall a été acclamée sur la scène internationale comme l’une des grandes sopranos de notre temps. Sa voix était naturellement magnifique, certes, mais c’est sa façon de chanter si profondément sensible, personnelle et chaleureuse qui a fait sa grande renommée.

L’adversité est à l’origine de sa force de caractère. À deux ans, la polio lui a enlevé l’usage de ses jambes. Or, malgré son infirmité qui l’a empêchée de poursuivre une carrière internationale à l’opéra (bien qu’elle ait chanté dans quelques opéras, plus particulièrement avec la CBC Opera Company, dans les années 1940 et 50), Mme Marshall s’est illustrée comme récitaliste et spécialiste de l’oratorio et du lied. À 22 ans, sir Ernest MacMillan l’a engagée pour chanter les solos de soprano dans sa présentation annuelle de la Passion selon saint Matthieu de Bach. Six ans plus tard, Arturo Toscanini l’a choisie pour se produire avec le NBC Symphony Orchestra dans la Messe solennelle de Beethoven. En 1956, elle a fait ses débuts à Londres avec le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par sir Thomas Beecham dans une représentation d’Exsultate, Jubilate de Mozart, participant plus tard cette année-là à deux autres productions de M. Beecham : Solomon de Haendel et L’Enlèvement au sérail de Mozart.

En tant que récitaliste, Lois Marshall a été encensée au cours de ses nombreuses tournées qui lui ont fait parcourir le monde entier : Australie, Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, États-Unis et URSS (qu’elle a visitée à six occasions). À partir de 1975, alors devenue mezzo-soprano, elle a amorcé la dernière phase de sa carrière active comme cantatrice, se distinguant dans plusieurs récitals mémorables de lieder, accompagnée d’éminents pianistes comme William Aide, Anton Kuerti et Greta Kraus.

Malgré sa vaste discographie, bon nombre de ses premiers enregistrements ne sont pas à la hauteur de sa voix magnifique, retentissante et complexe. Récemment, CBC Records a fait paraître trois CD mettant en valeur son talent prodigieux : Lois Marshall: Arias by Handel, Haydn & Mozart; Franz Schubert: Winterreise (avec Anton Kuerti); et Franz Schubert: Die schöne Müllerin (avec Greta Kraus).

Deux jours après son décès le 19 février 1997, j’ai eu l’honneur de lui rendre un vibrant hommage sur les ondes de CBC Stereo [maintenant CBC Radio 2]. Pendant deux heures, j’ai entendu de bouleversants témoignages d’auditeurs qui, d’un bout à l’autre du pays, ont salué la beauté exceptionnelle de sa voix et, plus encore, l’engagement passionné qui habitait chacune de ses interprétations.

Mon souvenir le plus cher est celui où je l’ai entendue sur scène la première fois, au Civic Auditorium de Winnipeg dans Le Messie de Haendel. Son interprétation des deux principales arias de soprano, Rejoice Greatly et I know that my Redeemer liveth, sera pour toujours gravée dans ma mémoire comme l’une des plus exquises que j’aie jamais entendues. Cette soirée de décembre 1962 a nourri mon inspiration et confirmé ma décision de faire carrière en musique.

Nous sommes bouleversés par le décès inattendu de Lois Marshall, mais nous célébrons la mémoire d’une grande cantatrice et d’un être humain merveilleux.

Le Dr Howard Dyck a été chef de chœur et directeur artistique du Kitchener-Waterloo Philharmonic Choir and Chamber Singers [aujourd’hui Grand Philharmonic Choir] et du Consort Caritatis Choir and Orchestra. Il a aussi été animateur des émissions Choral Concert et Saturday Afternoon at the Opera à CBC Stereo [CBC Radio 2].

Article publié à l’origine dans La Scena Vocale, numéro de mars-avril 1997.

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