Paquito D’Rivera et le Harlem String Quartet

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« Je n’ai jamais eu l’intention de devenir compositeur professionnel, mais bien un interprète », explique Paquito D’Rivera. Fils d’un saxophoniste classique, ce clarinettiste/saxophoniste/compositeur a la musique dans le sang.

« Puis le temps a passé et pour une raison inconnue, les gens se sont intéressés à ma musique. Je suis donc un peu comme un joueur de vents qui compose et vice versa, comme au bon vieux temps ! »

Né à La Havane, D’Rivera commence à étudier avec son père et fait ses débuts à l’âge de 10 ans avec l’Orchestre du théâtre national. Après ses études au conservatoire de musique de La Havane, il est soliste à 17 ans avec l’Orchestre symphonique de Cuba.

« Nous écoutions tous les types de musique à la maison, de Mozart, Weber et Sigurd Rascher à Mario Lanza, Charlie Parker et Ernesto Lecuona », explique D’Rivera. Il attribue sa passion pour la composition au grand compositeur français Maurice Ravel et en particulier à la Pièce en forme de Habanera.

« À l’âge d’environ 12 ans, inspiré par ce morceau , j’ai écrit mon propre Habanera pour trois clarinettes. De nombreuses années plus tard, j’ai intégré cette composition à Aires tropicales, une œuvre en six mouvements commandée par l’Aspen Woodwind Quintet. »

Gagnante de quatorze prix Grammy, sa discographie comprend plus de trente albums solos et avec le groupe Irakere. Le son du groupe est novateur : un mélange explosif de jazz, rock, musique classique et cubaine traditionnelle qui a mené au premier Grammy de D’Rivera. Quand je lui demande en plaisantant s’il a un favori parmi les quatorze trophées, sa réponse est toute prête.

« Peut-être Song pour Maura, parce qu’il était dédié à ma défunte mère, mais tous ces projets d’enregistrement avaient un attrait particulier. Ils sont comme mes enfants. »

La légende du jazz a joué avec les grands du monde entier. Il fut l’un des membres fondateurs de l’Orchestre des Nations Unies, lauréat d’un Grammy, organisé par Dizzy Gillespie. « Un bon gars avec une musicalité fantastique et un sens de l’humour unique, dit D’Rivera du trompettiste. Tout le monde l’aimait. » En 1991, D’Rivera reçoit également un prix soulignant l’ensemble de son œuvre de Carnegie Hall pour ses contributions à la musique latine.

Non content d’être un interprète et compositeur primé, D’Rivera compte également à son actif quelques titres littéraires, dont une autobiographie, My Sax Life, et une œuvre de fiction, Oh, La Habana. Quand je lui demande s’il a encore l’intention d’écrire, il déclare : « Mon dernier livre s’intitule Letters to Yeyito, un roman épistolaire d’un étudiant imaginaire en musique qui se demande s’il vaut la peine de poursuivre une carrière dans l’industrie de la musique. »

« Je dois vous dire à quel point il était amusant d’écrire sur toutes ces choses folles que j’ai vues en plus de soixante ans sur la route. »

D’Rivera se produira sur la scène du Koerner Hall au Royal Conservatory of Music de Toronto avec l’incroyable Harlem String Quartet. Quand je lui demande comment il s’est associé au quatuor, il semble que ce fut toujours dans les plans.

« Je connais Ilmar Gavilan (violoniste du quatuor et compatriote cubain) depuis qu’il est enfant, déclare D’Rivera. Son grand-père, Juan Jorge Junco, grand clarinettiste, était un ami de mon père et l’une de mes premières inspirations à la clarinette. Donc, j’ai toujours supposé que tôt ou tard, nous finirions par faire quelque chose ensemble. »

Le Harlem String Quartet a été fondé en 2006 par Sphinx, une organisation à but non lucratif qui vise à créer de la diversité dans la musique classique et à dispenser une éducation musicale aux communautés mal desservies. Le groupe, qui a été vu sur scène au Royaume-Uni, en France, en Belgique, au Japon, en Afrique du Sud et en Amérique du Nord, propose une programmation variée combinant le canon du quatuor à cordes et œuvres latines, jazz et contemporaines.

Le programme présente des œuvres de William Bolcom, Debussy, von Weber, ainsi que plusieurs compositions de D’Rivera. Je lui ai demandé d’où vient son inspiration pour la composition.

« Je ne sais quoi répondre à cette question, mais j’aime profondément la musique de nombreux compositeurs (et arrangeurs) aussi différents que Stravinski, Antônio Carlos Jobim, Brahms, Lecuona, Respighi, Billy Strayhorn, Debussy et Chick Corea, parmi tant d’autres qui ont d’une certaine manière inspiré ou influencé mon écriture. »

« Nous avons mis en place un programme éclectique pour cette occasion, dit-il, à l’intention des publics variés qui assistent à nos représentations. »

L’éclectisme est crucial. « J’aime toujours inclure des sections improvisées dans mes prestations, le public s’y attend aussi de ma part. »

Quand on lui demande s’il préfère jouer du jazz ou du classique, il déclare : « J’aime aussi la musique de certains compositeurs dits classiques, c’est pourquoi j’ai enregistré Jazz Meets the Classics. Le grand Duke Ellington a toujours dit qu’un bon arrangement est comme une recomposition. »

D’Rivera expérimente toujours. « Nous avons fait des arrangements rythmiques de Beethoven, Mozart, Barrios Mangoré et Chopin. C’est comme avoir le meilleur de deux mondes, en faisant croire que ces musiciens sont nés à Cuba, au Brésil, au Pérou ou même à La Nouvelle-Orléans. »

Traduction par Mélissa Brien

Paquito D’Rivera et le Harlem String Quartet se produiront le 7 décembre au Koerner Hall de Toronto. www.rcmusic.com

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