Trevor W. Payne: Toujours une Force Chorale

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Après 43 ans à la barre, le Dr Trevor Payne dépose sa baguette. Sa dernière apparition avec le Montreal Jubilation Gospel Choir était le 7 décembre, à un concert avec l’Orchestre symphonique de Longueuil.

Cependant, il n’a pas définitivement quitté le chœur : Payne continue d’être directeur artistique et producteur. Voici un aperçu de ses moments mémorables, son parcours musical et la motivation derrière sa direction.

Quiconque prend sa retraite après plus de quatre décennies ressent normalement un sentiment d’accomplissement, de soulagement et de libération.

« Au contraire », dit Payne d’une manière décontractée, admettant que sa retraite vient avec des sentiments mitigés. « Cela a certainement diminué ma charge de travail. Être le producteur, le directeur artistique et le directeur de la chorale simultanément était en train de zapper mon énergie. »

Un artiste devrait atteindre un sommet pendant une prestation, mais Payne avait constaté qu’il dépensait déjà beaucoup d’énergie pendant la vérification du son. « J’étais en mesure de terminer le spectacle, mais je devais passer les trois à cinq prochains jours au lit pour récupérer », dit-il.

Compte tenu de son âge – il a 69 ans – et des discussions avec le conseil d’administration, le personnel médical et ses partenaires, Payne décide de se retirer de la direction active, toujours reconnaissant du soutien qu’il recevait du public qui se déplaçait pour voir ses choristes sur les scènes à l’international. « Mes répétitions d’une ou deux heures avec la chorale signifient plus pour moi que les deux heures sur scène », avoue-t-il.

Payne continue d’arranger et d’orchestrer les pièces pour chœur jusqu’à ce que le prochain chef d’orchestre officiel soit nommé. Cette période de transition se poursuivra jusqu’au prochain concert prévu en décembre 2018 à la Place des Arts.

Quel est le souvenir le plus précieux de Payne ? « Les liens tissés avec la chorale », répond-il. Bien sûr, il ne nie pas que chanter pour la reine Élisabeth II ou Nelson Mandela et les représentations à l’Opéra d’État hongrois ont été des faits saillants. Tout de même, rien ne se compare à une répétition remarquable, dans laquelle les choristes commencent avec un air peu familier et le maîtrisent deux heures plus tard.

Contrairement aux choristes de chœurs classiques, dont beaucoup savent lire la musique, les chanteurs d’une chorale gospel apprennent les morceaux à l’oreille. Comment les chanteurs gospel apprennent-ils alors la musique, surtout s’ils n’ont aucune connaissance musicale ? Payne suggère une réponse intéressante. « La racine de la musique noire est communautaire. Tous, des petits-enfants aux grands-parents, peuvent participer avec ou sans formation musicale. Si c’est pour la communauté, la justesse et le rythme ne s’appliquent pas comme ils le feraient dans la musique classique européenne. »

Il peut être frustrant d’apprendre la musique à l’oreille. Passer à travers un arrangement gospel du Hallelujah de Haendel peut être laborieux lorsque les chanteurs ne peuvent pas lire la musique. Heureusement, apprendre à l’oreille convient à la musique gospel, qui est très répétitive. Qui plus est, à l’ère numérique, des outils existent pour enregistrer des parties distinctes. Avec l’aide de Dropbox et des appareils mobiles, les choristes peuvent écouter une partie seule ou en contexte avec les autres voix.

« Quand les chanteurs réussissent enfin à passer à travers une œuvre, ils peuvent se l’approprier, explique Payne. Les techniques de direction orchestrale, de nuances, d’attaques et de résolutions – aspects typiques de la musique classique – deviennent inutiles […] Non seulement les chanteurs ne comprendraient pas de quoi je parle, mais de telles explications enlèveraient le son naturel du chœur. »

Tout de même, en plus de chanter du gospel, Payne a insisté pour que le Montreal Jubilation Gospel Choir apprenne le style spiritual afro-américain, mais dans une tradition classique. « Très peu de chœurs noirs prennent le temps d’apprendre un spiritual, dit Payne. C’est difficile. » Sa chorale a évité le hip-hop gospel contemporain qui est populaire depuis les années 1970.

En l’écoutant, on se demande où, quand et comment le voyage musical de Payne a commencé. « Chanter est un cadeau spirituel, dit-il. J’ai été béni avec l’oreille absolue et une envie de chanter. »

Né à la Barbade, Payne jouait du piano à l’âge de huit ans. Comme il était attiré par le rock et le R&B, il a ajouté les percussions, le saxophone et les claviers à son arc.

Grâce à son bagage solide, Payne a été admis à la faculté de musique de l’Université McGill (maintenant l’École de musique Schulich). Alexander Brott, directeur du département de direction d’orchestre, a amené Payne vers cette voie seulement trois semaines après le début de son premier semestre.

De toute évidence, le style de Payne est efficace. Le Montreal Jubilation Gospel Choir est maintenant dans sa 36e année d’existence, ayant accueilli plus de 700 membres. Il voit tout cela comme un cadeau et en est reconnaissant.

Sa reconnaissance marquera sans aucun doute le chœur, de même que sa motivation indéfectible sur scène et hors scène.

Maintenant qu’il ne dirige plus, Payne a de nombreux projets en cours. Et il reste le chef spirituel du Montreal Jubilation Gospel Choir. Une connexion spirituelle sera l’une des qualifications requises du prochain chef d’orchestre.

Heureuse retraite, Dr Payne.

Traduit par Mélissa Brien

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