John Rutter: ses Visions à Musique et autres mondes

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Plus tôt cette année, lorsque le festival Musique et autres mondes d’Ottawa a annoncé que sa programmation de 2018 comprendrait un concert des œuvres écrites et dirigées par John Rutter, compositeur britannique acclamé, l’achat de billets a explosé à travers l’Amérique du Nord. En 90 secondes, une commande de deux billets provenant de la Colombie-Britannique augurait le déluge à l’échelle du continent à venir.

« Nous vendions des billets plus rapidement que pour tout autre événement de notre histoire », se souvient le fondateur et directeur artistique du festival, Julian Armour. « Nous ferions mieux de voir si nous pouvons offrir un deuxième concert », s’est-il dit. Armour a rapidement contacté Rutter, les trois chœurs participants et les membres de son propre orchestre de chambre Thirteen Strings (Armour est le violoncelliste principal du groupe). Heureusement, tout le monde, y compris Rutter, était heureux d’ajouter une deuxième représentation.

Qu’est-ce qui explique cette affection publique aussi intense et durable pour la musique de John Rutter – un homme qui selon Armour est « clairement le compositeur vivant le plus joué au monde » ? Les conversations avec trois artistes impliqués dans Musique et autres mondes de 2018 offrent un aperçu.

Lydia Adams, directrice artistique du chœur torontois Elmer Iseler Singers, qui participera aux concerts de Rutter, connaît le compositeur depuis ses études supérieures au Royal College of Music de Londres. « J’ai toujours eu une relation très joyeuse avec lui », dit-elle.

Quand ils se sont rencontrés, Rutter était au Clare College de Cambridge et il a amené Adams comme l’une des voix auxiliaires pour la tournée de son chœur à Venise. « Nous chantions dans ces incroyables églises, y compris la basilique Saint-Marc, aux balcons, juste à côté de ces mosaïques dorées, se souvient Adams. Nous aurions pu les toucher, c’était une merveilleuse tournée, et une merveilleuse occasion de faire la connaissance de John et de chanter avec lui. »

Invitée à réfléchir sur la popularité constante de Rutter, Adams souligne la bonne humeur du compositeur et l’affirmation humaine de la vie.

« Il a un moyen magique de trouver le bon et l’optimiste dans la vie, dit Adams. Je pense qu’il écrit ce que les gens ont envie d’entendre. Les textes qu’il choisit sont des textes auxquels les gens s’identifient. Il y a tellement de négativité dans le monde, je ne vois pas le problème de chanter la beauté et l’espoir. »

En effet, les concerts de juillet commenceront avec Look at the World, un hymne avec une mélodie à la grandeur tranquille digne d’une rivière anglaise des Midlands et des paroles pouvant adoucir le cœur le plus dur : « Regardez le monde et émerveillez vous tous les jours… plusieurs miracles apparaîtront en cours de route. »

Adams est rapide à ajouter que la joie de Rutter n’est pas une prétention anodine ni qu’elle a été facilement gagnée. « Il a affronté des défis incroyables, explique Adams. Un parent qui a perdu un enfant et revient et écrit quelque chose d’aussi incroyablement optimiste que Visions – cela apporte à l’œuvre une beauté encore plus profonde. »

Le fils aîné de Rutter, Christopher, a péri en 2001 alors qu’il était étudiant à Cambridge, victime d’un accident de voiture.

Visions est l’une des œuvres majeures de Rutter et sa première canadienne sera un moment fort des concerts à venir en juillet. C’est une pièce unique, « le seul concerto pour violon de l’histoire ayant une partition pour chœur de garçons », comme Rutter lui-même la décrit.

Pour Musique et autres mondes, ce chœur sera accompagné de voix plus aiguës, non seulement par le Ottawa Children’s Choir, mais aussi par les dix voix féminines des Elmer Iseler Singers dirigées par Adams et les femmes du Capital Chamber Choir d’Ottawa. C’était une idée qu’Armour a proposée à Rutter. « Et il a immédiatement accepté. »

Structurée en quatre mouvements, sur des textes de chant latin et de la Bible, l’œuvre est une série de visions radicalement opposées de Jérusalem, à la fois lieu de conflit temporel et état ultime de transcendance. Rutter l’a écrite à l’invitation du concours Yehudi Menuhin spécialement pour le jeune violoniste virtuose d’Ottawa Kerson Leong, qui avait remporté le premier prix de la divisi

on junior du concours en 2010, à l’âge de 13 ans.

« C’est un plaisir de jouer un morceau comme Visions, dit Leong, maintenant âgé de 21 ans. Partager la scène avec une chorale et exprimer la même émotion. D’une certaine façon, je chante aussi. C’est une œuvre magnifique. »

Leong a interprété Visions pour la première fois sous la baguette

de Rutter à Londres en 2016 et l’a ensuite jouée plusieurs fois avec le compositeur, notamment lors de sa première nord-américaine au Carnegie Hall de New York en mai dernier. Mais Leong a particulièrement hâte de jouer Visions à Ottawa. « C’est génial de pouvoir jouer cette pièce à la maison. »

Leong est enthousiaste en décrivant sa chimie artistique et personnelle avec Rutter. « Il y a tellement d’énergie dans sa façon de faire de la musique, dit Leong. Il est très amusant, chaleureux, pétillant. J’ai été à l’aise dès le premier instant. Il y a une énergie très juvénile chez lui – un émerveillement dans ses yeux. »

Armour corrobore la camaraderie évidente entre le maestro expérimenté et le jeune virtuose. « Ils aiment tous les deux travailler ensemble, dit Armour. Chaque fois que j’entends l’un ou l’autre parler de cette association, c’est dans les termes les plus élogieux. Ils sont vraiment heureux. Et le résultat est magnifique. »

Aussi au programme des concerts de juillet, on retrouve Suite antique (1979) de Rutter, une œuvre instrumentale néobaroque structurée et notée en émulation consciente des concertos brandebourgeois de Bach, et son Magnificat, somptueux.

Traduction par Mélissa Brien

Les deux soirées de célébration de Rutter auront lieu les 15 et 16 juillet à l’église Dominion-Chalmers United d’Ottawa. www.musicandbeyond.ca

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A propos de l'auteur

Charles Geyer is a director, producer, composer, playwright, actor, singer, and freelance writer based in New York City. He directed the Evelyn La Quaif Norma for Verismo Opera Association of New Jersey, and the New York premiere of Ray Bradbury’s opera adaptation of Fahrenheit 451. His cabaret musical on the life of silent screen siren Louise Brooks played to acclaim in L.A. He has appeared on Broadway, off-Broadway and regionally. He is an alum of the Commercial Theatre Institute and was on the board of the American National Theatre. He is a graduate of Yale University and attended Harvard's Institute for Advanced Theatre Training. He can be contacted here.

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