Concert de musique de chambre, avec thérémine: un rendez-vous en terre inconnue

0

Les 23 et 24 août dernier, à Montréal, était organisé le « Weekend Ether », sous l’impulsion du compositeur et multi-instrumentiste Aleks Schürmer. Cet évènement exceptionnel se voulait un hommage au thérémine; instrument électronique qui se joue sans contact, grâce au champ électro-magnétique qu’il émet, et dont le timbre si particulier rappelle parfois la voix humaine. À travers une série d’ateliers, un cours de maître et un concert, le public montréalais pouvait ainsi découvrir ou redécouvrir le son du thérémine, que beaucoup ont pu déjà entendre dans les films de science fiction des anéées 1950-1960. Il s’agissait aussi de célébrer le 100e anniversaire de cet instrument, en compagnie de Grégoire Blanc. Le jeune théréministe français signait ainsi sa toute première venue en Amérique du Nord. Le 24 août au soir, il interprètait, avec l’ensemble Hadron, des œuvres de musique de chambre pour thérémine, cordes et piano composées par Aleks Schürmer.

Ce que vous avez manqué

L’œuvre intitulée À ses pas, entrant dans la boue, qui prêtait son nom au titre du concert, est habilement construite. En effet, le timbre particulier du thérémine s’intégrait très bien à la texture sonore du trio à cordes (alto, alto scordatura et violoncelle scordatura), auquel s’ajoute le piano. Certains passages, composés avec goût, n’étaient pas sans rappeler de la musique baroque. Les musiciens eux-mêmes étaient au sommet de leur interprétation. Par ailleurs, dans le troisième mouvement des Three Cowboy Songs, Schürmer nous a gratifié d’un duo bien agencé pour piano et thérémine, avec notamment un motif inspiré.

Bémols

Du reste, le concert du 24 août a été plutôt décevant. La version pour piano seul de Paris en feu, un jour, si tu le veux offrait de trop grands contrastes entre les passages forte et piano. De plus, nous pensons que l’utilisation d’une mélodie célèbre de Michel Legrand, telle qu’elle nous a été présentée, manquait d’originalité. Dans d’autres œuvres, comme le Concertino, les musiciens ont parfois donné le sentiment qu’ils n’étaient pas sufisamment préparés. En témoignent certains moments de flottement. De son côté, Grégoire Blanc, reconnu pour être un virtuose du thérémine, a eu peine à exprimer ses talents d’interprète. À quelques reprises, ses entrées ont semblé hésitantes. De plus, il a été parfois difficile d’entendre distinctement la ligne mélodique de son instrument, aux côtés des autres voix. Dans ces moments-là, on aurait souhaité que la musique mette davantage le thérémine en valeur.

Le concert était précédé d’une présentation de Sean Michaels, auteur de Us Conductors (2014). Mal à l’aise dans l’exercice, ce dernier a tenu des propos et fait des démonstrations au thérémine qui paraissaient trop improvisées.

« À ses pas, entrant dans la boue »
Aleks Schürmer, compositions et piano; Jennifer Thiessen, alto; Pemi Paull, alto scordatura; Kyran Assing, violoncelle scordatura; Grégoire Blanc, thérémine. Salle Joseph-Rouleau des Jeunesses musicales du Canada, samedi 24 août.

Partager:

A propos de l'auteur

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.