L’OSM, locomotive du XXIe siècle

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C’est avec beaucoup de joie et d’émotion que le lancement de la saison 2019-2020 de l’OSM, la dernière de Maestro Nagano, s’est déroulée ce jeudi à la Maison symphonique. Madeleine Careau, chef de la direction de l’OSM, s’est remémorée la rencontre avec Kent Nagano dans un restaurant parisien, avant de laisser la parole aux principaux partenaires privés de l’orchestre, Hydro-Québec, BMO et Power Corporation.

Puis, au son triomphal de la Toccata en ré majeur qui ouvre l’Orfeo de Monteverdi, Kent Nagano a descendu les marches en compagnie de ses musiciens pour son dernier lancement de saison aux rênes de cet orchestre qu’il a dirigé pendant 16 ans. Au micro de Katerine Verebely, il a exprimé son profond sentiment de joie quant à la préparation de cette ultime saison, et rappelé son amour pour Montréal, ainsi que « la capacité du Québec à rassembler et à s’accomplir ensemble, musiciens, équipe administrative et public. »

Kent Nagano

Un orchestre du XXIe siècle

Kent Nagano a insisté sur le fait d’avoir créé, au fil des années, une véritable institution pour le XXIe siècle, se posant en modèle à suivre au cœur d’une époque où, notamment pour des raisons financières, l’existence de telles institutions est remise en question. Nagano a doté l’OSM d’une salle à son image, d’un orgue parmi les plus modernes au monde, d’un chœur, il a « amené la lumière sur les individualités dans l’orchestre » grâce aux séries de musique de chambre, a élargi au fil des ans le répertoire de l’OSM et renouvelé son public, qui constitue l’une des plus jeunes audiences d’Amérique du Nord.

Il a confirmé la réputation internationale de l’orchestre grâce à des tournées en Asie, en Europe et dans les Amériques, sachant pour autant rester proches des Québécois, notamment avec les Virées classiques mises en place en 2012, ou encore avec des concerts à Lac-Mégantic et plus récemment dans le Grand Nord. Alors que l’OSM s’apprête à partir la semaine prochaine pour sa tournée européenne, retournant notamment à Berlin où il n’est pas venu depuis 25 ans, il partira l’an prochain en Amérique du Sud, avec en point de mire une première au Chili.

Seize années de travail cristallisées dans une saison

L’ultime saison de maestro Nagano sera encadrée par deux colosses symphoniques. La Symphonie no.13 de Chostakovitch en ouverture, « symbole de ce qui peut arriver lorsqu’on perd l’équilibre et qu’on retombe dans un conflit sauvage », et la Symphonie no.2 de Mahler, «Résurrection» en concert de clôture. On retrouvera des œuvres de toutes les époques, du Baroque jusqu’aux créations commandées par l’orchestre. En 16 ans, l’OSM aura créé 62 nouvelles œuvres, et les quatre commandes de la prochaine saison mettront en lumière Samy Moussa, Keiko Devaux, Katia Makdissi-Warren et Abigail Richardson-Schulte. À cela s’ajoute une création du compositeur français Pascal Dusapin qui mettra en valeur les jeunes orgues de Montréal, Hambourg et Paris.

Le chef s’en va… Vive le chef ! En attendant que soit nommé(e) le successeur de Kent Nagano, un jeune chef fait son apparition l’an prochain dans l’équipe de l’OSM. Thomas Le Duc-Moreau, violoncelliste de formation, fondateur de l’Orchestre de chambre Beethoven et de l’ensemble Volte, deviendra l’an prochain à seulement 24 ans chef assistant de l’OSM, succédant à Adam Johnson.

Katerine Verebely et Kent Nagano,

Katerine Verebely et Kent Nagano

En bref, à ne pas manquer l’an prochain, l’intégrale des symphonies de Schubert, un Festival espagnol, le passage d’Anne-Sophie Mutter, Valery Gergiev, Daniil Trifonov ou Sir András Schiff, mais également toutes les séries qui participent à la singularité et à l’effervescence de l’OSM : les Ciné-Concerts, OSM-POP, le Concert Éclaté ou Noël à l’OSM.

Ouverture et diversité avec le souci de l’excellence, voilà les couleurs de cette saison 2019-2020 qui annonce beaucoup de promesses. Elle sera à l’image du legs de maestro Nagano pour la communauté montréalaise. L’OSM a pris les rails de la rigueur, du raffinement et du rassemblement, espérons que cette locomotive lancée à vive allure ne manquera pas de charbon dans les prochaines années.

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A propos de l'auteur

Benjamin Goron est écrivain, musicologue et critique musical. Titulaire d’un baccalauréat en littérature et d’une maîtrise en musicologie de l’Université Paris-Sorbonne, il a collaboré à plusieurs périodiques et radios en tant que chercheur et critique musical (L’Éducation musicale, Camuz, Radio Ville-Marie, SortiesJazzNights, L'Opéra). Depuis août 2018, il est rédacteur adjoint de La Scena Musicale. Pianiste et trompettiste de formation, il allie musique et littérature dans une double mission de créateur et de passeur de mémoire.

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