Le processus de commandes d’œuvres – Entrevue avec Normand Forget

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En trente ans d’existence, le Nouvel Ensemble Moderne a joué des centaines de créations, à travers ses concerts, ses forums de compositeurs et autres activités. L’ensemble a donné un premier souffle aux œuvres de nombreux compositeurs et cette mission reste ancrée dans son mandat. L’accession de Normand Forget, hautboïste et membre fondateur du NEM, au poste de directeur artistique en 2016, a amené une nouvelle façon de penser la collaboration avec les compositeurs de manière à ce que le processus de commande d’œuvres, longue chaîne de transmission de l’idée du compositeur jusqu’aux oreilles du public, se passe de la meilleure des façons.

« Les pièces arrivent souvent à la dernière minute, quelques semaines avant le concert, et le travail se résume trop souvent à des questions techniques. On n’a pas le temps d’entrer dans la musique. » C’est face à cette réalité que Normand Forget a eu l’idée de repenser ce processus en faisant débuter la collaboration plus en amont et en favorisant le dialogue entre compositeurs et interprètes.

« Je ne veux aucunement m’immiscer dans l’écriture de la pièce, mais je veux m’assurer que nous sommes sur la même longueur d’onde tout au long du processus. » Des discussions préalables vont permettre de saisir les orientations choisies par le compositeur. Au cours de l’écriture, des sessions d’exploration sont organisées avec les musiciens et les contributeurs du NEM, comme c’était le cas récemment avec l’événement  Comment débute la fin ? présentant le travail du compositeur Brice Gatinet.

L’étape suivante doit permettre aux musiciens de saisir, au-delà du travail proprement technique, les intentions profondes du compositeur afin de pouvoir les restituer en concert. « L’interprète est un axe de transmission des intentions du compositeur. Aussi, il doit avoir accès à ce que le compositeur veut et qui est au-delà de la simple notation. Il faut renouer ce lien qui s’est perdu au fil du temps. » Un lien qu’il faut mettre en place dès le plus jeune âge, selon Normand Forget : « Les musiciens devraient nécessairement commencer plus jeunes à comprendre ces langages. En France notamment, il y a des méthodes, des cahiers d’exercices, les jeunes ont accès à des techniques d’écriture contemporaine beaucoup plus tôt qu’ici. De leur côté, les compositeurs doivent être capables d’adapter leur langage à des ensembles de jeunes. » Le NEM a déjà des idées en tête afin de mettre en place des rapprochements entre compositeurs et jeunes musiciens.

Nous pourrons entendre le résultat du travail mené avec Brice Gatinet le 2 novembre 2019 à la Maison de la culture Ahuntsic. www.lenem.ca

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A propos de l'auteur

Benjamin Goron est écrivain, musicologue et critique musical. Titulaire d’un baccalauréat en littérature et d’une maîtrise en musicologie de l’Université Paris-Sorbonne, il a collaboré à plusieurs périodiques et radios en tant que chercheur et critique musical (L’Éducation musicale, Camuz, Radio Ville-Marie, SortiesJazzNights, L'Opéra). Depuis août 2018, il est rédacteur adjoint de La Scena Musicale. Pianiste et trompettiste de formation, il allie musique et littérature dans une double mission de créateur et de passeur de mémoire.

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