Jeunesses Musicales Canada

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La fontaine de jouvence de la musique classique

Chaque saison, Jeunesses Musicales Canada présente plus de 1200 concerts et ateliers dans 200 lieux différents au Québec, en Ontario et dans les provinces maritimes. Entre démocratisation de la musique, éducation de la jeunesse et soutien aux artistes de la relève, cet organisme à but non lucratif est un ambassadeur de premier plan de la musique classique. À l’occasion des 70 ans de JM Canada, retour sur une histoire palpitante avec la directrice générale Danièle LeBlanc.

70 ans et plus jeune que jamais

Le 23 août 1949, Gilles Lefebvre, le père J.H. Lemieux, Anaïs Allard-Rousseau et Laurette Desruisseaux-Boisvert fondent les « Jeunesses musicales du Canada », dans la lignée d’organisations européennes similaires. Au Québec, tout est à faire : des réseaux à créer, une scène à bâtir… L’OSM a vu le jour en 1934, le réseau des Conservatoires dès 1942. Accessibilité et démocratisation sont déjà les mots d’ordre, et les JM Canada vont connaître une ascension fulgurante dès les premières années. En 1950, elles rejoignent le mouvement Jeunesses musicales International, et fondent l’année suivante le camp musical des Jeunesses musicales, devenu Orford Musique. Période des bâtisseurs, les années 1949-1970 permettent de donner des assises solides et durables au mouvement.

De 1970 à 1989, un virage s’amorce vers la jeunesse, comme l’explique Danièle LeBlanc : « Dans les années 1970, nous avons changé l’approche et adapté nos concerts pour le jeune public. Nous avons proposé des versions plus courtes avec des animations et des présentations adaptées à un public plus jeune. » Cela va conduire, entre autres, aux concerts Sons et brioches au Piano Nobile de la Place des Arts ou encore aux Cushion Concerts à Toronto, qui vont inspirer des générations de jeunes musiciens.

En 1989, une nouvelle grande impulsion est donnée avec l’élection à la présidence du chanteur lyrique Joseph Rouleau. Homme dévoué et profondément engagé dans le mouvement, il va contribuer, de pair avec l’homme politique André Bourbeau, à donner aux JM Canada un rayonnement sans précédent qui, paradoxalement, s’accompagne d’une relocalisation des activités au Québec et dans les provinces en périphérie. La Fondation Jeunesses Musicales du Canada (1984), la nouvelle Maison des JM Canada (2000) ou le Concours musical international de Montréal (depuis 2002) sont autant d’initiatives qui donnent du poids aux actions de JM Canada.

Dessiner la musique de demain

Le virage vers le jeune public pris dans les années 1970 n’a cessé de s’affiner et de se diversifier au cours des années. Jeunesses Musicales Canada compte aujourd’hui un véritable catalogue de spectacles et d’ateliers à l’intention des jeunes, majoritairement de 3 à 12 ans, dont certains sont de francs succès à l’affiche depuis plusieurs années : c’est le cas de l’Opéra-bonbon : laventure gourmande dHansel et Gretel, initiation amusante et savoureuse au monde de l’opéra, ou encore des Athlètes de la flûte à bec, spectacle qui permet de découvrir toutes les facettes de l’instrument. Chaque année, de nouveaux projets viennent s’ajouter, comme Ceux qui rêvent, initiation au monde du rêve et de la musique traditionnelle amérindienne. Si ces spectacles sont présentés à l’année dans différentes salles des villes et régions, chaque garderie, CPE ou école peut également les accueillir dans son établissement et participer ainsi à une mission éducative de première importance. « Il faut faire preuve d’ouverture et toujours se demander comment rendre la musique classique accessible et attrayante auprès des jeunes, d’autant plus que l’apprentissage de la musique est en perte de vitesse dans les écoles. » Cette ouverture touche également le domaine du numérique, avec l’atelier Classicofone qui offre, via une application sur tablette, un espace créatif intuitif aux jeunes désireux d’explorer l’univers des sons.

S’il est d’usage de dire que les voyages forment la jeunesse, les JM Canada en sont un exemple frappant : James Ehnes, Charles Richard-Hamelin, Marie-Nicole Lemieux ou encore Stéphane Tétreault ont ainsi effectué leur « Grand tour » du Canada sous l’égide de l’organisme. Le réseau tricoté serré des JM Canada conduit chaque année des jeunes artistes de la relève à connaître la réalité de la vie en tournée, tout en permettant à des publics plus isolés géographiquement d’avoir accès à des concerts de haut calibre et instructifs. En 2019-2020, on pourra entendre un peu partout au pays la soprano Anna-Sophie Neher, les pianistes Carl Matthieu Neher et Teo Gheorghiu ou encore le duo STICK&BOW, pour ne citer qu’eux. Et pour une première fois dans l’histoire, une tournée pancanadienne sera organisée en partenariat avec Prairie Debut et Début Atlantique avec le concert Jonctions, où l’on retrouve la violoniste Amy Hillis et la pianiste Meagan Milatz.

« À l’occasion de nos 70 ans, nous voulions donner une cure de jouvence à notre signature, avec un nouveau logo et un nouveau site web, mais aussi développer des partenariats afin de nous repositionner dans l’échiquier canadien en musique classique. » Cette cure de jouvence voulue par Danièle LeBlanc a été préparée par un tandem de choc : alors que Joseph Rouleau ralliait autour de lui la communauté artistique, André Bourbeau ralliait quant à lui la communauté des affaires et de la politique. Ensemble, ils ont donné une impulsion sans précédent à Jeunesses Musicales Canada, qui peut maintenant compter sur le travail passionné d’une équipe administrative et artistique visant à valoriser la musique classique auprès des jeunes publics. Alors que la grande basse s’est éteinte il y a quelques semaines, les JM Canada, plus jeunes que jamais, s’élancent dans un futur fait de collaboration et d’association, principes fondamentaux de tout acte musical.

www.jmcanada.ca

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A propos de l'auteur

Benjamin Goron est écrivain, musicologue et critique musical. Titulaire d’un baccalauréat en littérature et d’une maîtrise en musicologie de l’Université Paris-Sorbonne, il a collaboré à plusieurs périodiques et radios en tant que chercheur et critique musical (L’Éducation musicale, Camuz, Radio Ville-Marie, SortiesJazzNights, L'Opéra). Depuis août 2018, il est rédacteur adjoint de La Scena Musicale. Pianiste et trompettiste de formation, il allie musique et littérature dans une double mission de créateur et de passeur de mémoire.

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