Intégrale Chopin – Une franche réussite. Partie 1

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Autant le dire tout de suite, nous avons assisté cette fin de semaine à Sorel-Tracy à un moment musical et humain exceptionnel. L’intégrale des œuvres de Chopin pour piano seul, convoquant 19 pianistes à des étapes de carrière très différentes, a permis non seulement aux musiciens de relever un défi de taille, mais au public de découvrir l’œuvre du compositeur polonais dans l’ordre chronologique, d’en saisir l’essence et la subtilité. À travers plusieurs articles, photos, vidéos, La Scena Musicale revient sur une fin de semaine haletante, entre Paris, Nohant et Majorque.

Vu de l’espace : la fin de semaine en 5 lieux

Ma fin de semaine est partagée entre cinq espaces qui respirent chacun une ambiance singulière. À commencer par le 12 George, le gîte chaleureux installé dans une maison patrimoniale, à 2 minutes à pied de la salle Georges-Codling où se déroule l’événement. Les restaurations effectuées les dernières années ont permis à cette magnifique maison centenaire de retrouver tout son cachet, et de me plonger dans une ambiance de salon tout à fait propice à apprécier l’œuvre de Chopin. Une hôte très agréable et dynamique, un déjeuner copieux, me voilà prêt à affronter 17 heures de musique. www.12george.com

La salle Georges-Codling de style cabaret, avec tables et chaises, un balcon en hauteur, est un lieu de choix pour accueillir cette intégrale Chopin. Les plus courageux sont présents dès le samedi matin 9h, et la salle se remplit rapidement pour le reste de la fin de semaine. Le public est tout à fait enchanté par les prestations, avec raison, et supporte tout à fait bien les blocs successifs de trois heures sans pause. Un petit quart d’heure au milieu aurait peut-être été apprécié, car il devenait difficile d’absorber toute la matière musicale après deux heures de prestations continues.

La scène, elle, est un ballet perpétuel de pianistes sous le feu des caméras. Étant mis à rude épreuve, les deux pianos Esmonde-White de 9 pieds, alternent entre les blocs, afin de retrouver une certaine fraîcheur sonore, pour finalement se retrouver ensemble sur la scène lors de la toute dernière pièce de l’intégrale, le Rondeau en do majeur op. 73 pour deux pianos. Les pianistes sont aussi les tourneurs de pages, il règne une ambiance chaleureuse et inspirée qui se répercute sur l’écoute du public. Au début des blocs, les interventions de Georges Nicholson, qui traite à chaque fois d’un pan différent de la vie de Chopin, sont un rafraîchissement délicieux et une mise en bouche dynamique et pleine d’humour. On en aurait pris davantage, mais il y a un horaire à tenir… André Champagne présente les pianistes et les œuvres, avec concision, élégance et sourire. Pas de temps mort ni de longueur, tout coule comme un trait de Chopin dans les aigus.

La salle à manger, au rez-de-chaussée de la salle Georges-Codling, est le lieu de rassemblement pour les pauses-repas. Il faut faire vite, une heure tout au plus pour avaler sa boîte à lunch, faire un retour rapide sur ce qu’on a vécu, comparer les jeux des différents interprètes, choisir son favori, revenir sur les œuvres, se dire qu’on est immensément chanceux d’assister à cet événement, saluer rapidement les connaissances, gober un café et retourner dans la salle de concert.

Rachel Doyon, directrice générale et fondatrice de la Maison de la musique de Sorel-Tracy. Photo : Benjamin Goron

Enfin, dans les coulisses de l’événements, le lieu qui grouille le plus est sans nul doute la loge. Une pièce spacieuse avec deux pianos, une grande table, camp de base à partir duquel la fondatrice de l’événement et directrice de la Maison de la musique Rachel Doyon gère l’organisation, bien épaulée par une équipe efficace, attentive et souriante. Les deux pianos sont sans cesse occupés, souvent en même temps, créant une ambiance cacophonique tout à fait stimulante. Techniciens, photographes, pianistes, organisateurs, journalistes et même politiciens y circulent.

Richard Raymond, pianiste et directeur artistique de l’événement, avec Georges Nicholson, animateur passionné. Photo : Benjamin Goron

Au-delà de la scène, beaucoup d’organisateurs et de bénévoles s’affairent pour faire de cet événement une réussite. Mission remplie. Non seulement les horaires sont respectés à la minute près, mais on ne souffre d’aucune longueur, d’aucun temps mort, d’aucun manque. À cela s’ajoutent tous les bons côtés d’offrir un événement hors de Montréal : pas de problème de stationnement, de foule, de stress. Dans cette ambiance relaxante, on est complètement disponible pour la musique… À propos de musique, le prochain article y sera consacré. Bonne suite de lecture !

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A propos de l'auteur

Benjamin Goron est écrivain, musicologue et critique musical. Titulaire d’un baccalauréat en littérature et d’une maîtrise en musicologie de l’Université Paris-Sorbonne, il a collaboré à plusieurs périodiques et radios en tant que chercheur et critique musical (L’Éducation musicale, Camuz, Radio Ville-Marie, SortiesJazzNights, L'Opéra). Depuis août 2018, il est rédacteur adjoint de La Scena Musicale. Pianiste et trompettiste de formation, il allie musique et littérature dans une double mission de créateur et de passeur de mémoire.

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