Quatuor Hermès : un quatuor français autour du monde

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Qu’il soit dit que le Quatuor Hermès, qui donnera son deuxième concert au Ladies’ Morning Musical Club le 6 octobre, est nommé d’après le messager des dieux de la mythologie grecque et non la maison parisienne de produits de luxe.

« Nous serions cependant enchantés si la maison Hermès décidait de collaborer avec nous, dit Omer Bouchez, premier violon de cet ensemble français fort occupé. Peut-être pourrions-nous leur offrir un partenariat un de ces jours ! »

Non que le quatuor, formé en 2008 au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, ait besoin de mousser sa marque. La formation a remporté de nombreux premiers prix dès ses premières années, finissant notamment ex æquo avec le Quatuor Armida au Concours international de Genève en 2011.

L’enregistrement de 2014 du Quatuor Hermès des trois quatuors pour cordes de Schumann a été salué par la critique. « Le phrasé, l’intonation et l’homogénéité sont irréprochables et les musiciens tempèrent l’impétuosité du compositeur avec tendresse et grâce », lisait-on dans Classical Music. « Une grande élégance et un son très clair, des nuances délicates et une admirable cohérence de l’ensemble », ajoutait Gramophone au sujet du disque de 2018 de Debussy, Ravel et Dutilleux.

La musique française est, bien sûr, un volet important du répertoire du Hermès. Le concert au LMMC comprend le trop peu connu Quatuor pour cordes no 1 de Reynaldo Hahn de même que l’opus 18 no 4 de Beethoven ainsi que le Quatuor à cordes no 12 opus 96 « Américain » de Dvořák. Les quatuors français ont-ils une affinité particulière avec la musique de la mère patrie ?

« Il est possible que, dans certains aspects, nous ayons une esthétique sonore commune, un “esprit” français, en raison de notre histoire et de notre culture commune », répond Bouchez. (Les autres membres établis du Hermès sont le second violon Elise Liu et l’altiste Yung-Hsin Lou Chang. Christine Lee est à l’essai au violoncelle à la suite du départ d’Anthony Kondo.)

« Mais je suis porté à croire que cette identité française a ses limites. De nos jours, le monde de la musique est très ouvert et mondialisé. Chacun peut trouver sa propre inspiration et suivre ses propres aspirations. Par exemple, nous avons choisi en 2010 d’étudier à Berlin. La diversité des cultures était absolument fantastique. Cette ville nous a aidés à nous ouvrir au monde, en musique comme dans la vie. »

Une bonne indication de la vision cosmopolite du Hermès est l’amitié des musiciens avec le distingué pianiste autrichien Alfred Brendel, dont ils ont fait la connaissance dans un cours de maître en 2012.

« Il était extraordinairement exigeant et extraordinairement gentil, dit Bouchez. Heureusement pour nous, la relation ne s’est pas arrêtée là. Nous nous sommes revus souvent, en Pologne, en Italie et chez lui à Londres pour une remarquable séance de travail pour le Quintette de Schubert avec son fils Adrian [comme deuxième violoncelle]. Nous avons également pu l’assister avec des illustrations musicales pour sa conférence-concert sur le Quatuor no 15 en la majeur de Schubert. Il est encore aujourd’hui une grande source d’inspiration. »

Il y a tellement de jeunes quatuors. Est-ce que les membres du Hermès écoutent la musique de leurs rivaux ?

« Beaucoup sont aussi nos amis, répond Bouchez. Il existe un sentiment de solidarité dans la communauté des quatuors. Nous l’avons observé très tôt quand nous avons commencé à participer à des concours. Peut-être parce que la discipline du quatuor est moins centrée sur l’individu, il y a moins d’ego. L’approche est davantage une réflexion de quatre personnes. »

« Heureusement, il y a aujourd’hui un vif intérêt pour le quatuor comme formation, qui permet à de jeunes musiciens de se sentir libres sans être seuls sur une scène alors qu’ils jouent un répertoire fabuleux. Nous essayons de tirer profit de la compétition, cela nous motive et témoigne également d’une réelle affection de la part du public pour le genre très particulier qu’est le quatuor à cordes. »

Même selon les standards jet-set contemporains, le Quatuor Hermès a énormément voyagé. L’ensemble s’est produit en Argentine, à Dubaï et au Japon ainsi qu’en Europe et en Amérique du Nord. En août, il a donné de nombreux concerts en France; une bonne partie de ses concerts en septembre auront lieu en Allemagne. Trois jours avant son apparition au LMMC à la salle Pollack, le quatuor sera à Venise pour le Palazzetto Bru Zane/Centre de musique romantique française, une association culturelle et maison de publication qui soutient la musique française. (Le quatuor de Hahn, bien entendu, est au programme.) Après Montréal, les musiciens s’envoleront vers San Antonio, au Texas, pour jouer au Tuesday Musical Club le 8 octobre.

« Hermès est aussi le dieu des voyageurs, rappelle Bouchez. Notre nom nous convient parfaitement : nous sommes constamment dans nos valises ! »

Le Quatuor Hermès se produit au Ladies’ Morning Musical Club le 6 octobre à 15 h 30 à la salle Pollack. www.lmmc.ca.

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A propos de l'auteur

Arthur Kaptainis has been a classical music critic since 1986. His articles have appeared in Classical Voice North America and La Scena Musicale as well as Musical Toronto. Arthur holds an MA in musicology from the University of Toronto. From 2019-2021, Arthur was co-editor of La Scena Musicale.

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