Critique de disque : Enargeia (Deutsche Grammophon)

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Enargeia

Works by Hildegard von Bingen (arr. Mazzoli, Kirkland Snider), Hildur Gudnadóttir, Missy Mazzoli, Sarah Kirkland Snider. Emily D’Angelo, mezzo-soprano. Kuss Quartet. Das Freie Orchester Berlin/Jarkko Riihimäki.

DG 4860536 – ★★★★1/2

Les amateurs d’opéra connaissent Emily D’Angelo comme une mezzo-soprano torontoise à la brillance et aux promesses exceptionnelles. Deutsche Grammophon la considère dans cette parution initiale (parée d’un titre grec hors propos) comme une plateforme pour « défier les conventions et repousser les limites », ce qui est, en 2021, la présentation la plus prudente imaginable. Toutes les œuvres sont de femmes – imaginez ! – et la plupart se conforment aux protocoles esthétiques résonnants et lents du Nouvel âge. Les cordes retentissent, l’électronique bourdonne et la Jesus-Christus-Kirche à Berlin procure une luminescence d’un autre monde parfaitement adaptée. Cela peut sembler être une recette d’uniformité, mais il y a suffisamment d’originalité dans la musique et de beauté dans le chant pour satisfaire l’oreille classique. Un vent morne souffle régulièrement sur Fólk fær andlit (Google traduit par « Les gens ont des visages ») de la compositrice islandaise Hildur Gudnadóttir. La mélodie montante de This World Within Me Is Too Small de Missy Mazzoli (extrait de son opéra Song From The Uproar) rappelle Sea Pictures d’Elgar tandis que le ton chaleureux de D’Angelo évoque les souvenirs des grands interprètes de ce cycle. Quelques sélections ont autant de contenu instrumental que vocal. Liður de Gudnadóttir s’ouvre sur plus d’une minute d’électro. Pour ne pas être en reste, Mazzoli commence A Thousand Tongues avec plus de trois minutes de mise en scène instrumentale assistée par un violoncelle aux méandres émouvants. La compatriote américaine de Mazzoli, Sarah Kirkland Snider, opte pour des sonorités plus abrasives dans Penelope: Dead Friend, mais reste fidèle à l’esprit « envoûtant » de l’album. Il y a deux arrangements par Mazzoli et Kirkland Snider de mélodies simples de Hildegard von Bingen (c. 1098-1179). Quelle que soit votre réaction au répertoire, la concentration et la profondeur du chant de D’Angelo laisseront une forte impression. Quatre étoiles et demie dans ce cas représentent une moyenne évaluative incluant cinq étoiles (ou cinq étoiles et plus, si une telle chose se peut) pour la ravissante sonorité vocale.

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A propos de l'auteur

Arthur Kaptainis has been a classical music critic since 1986. His articles have appeared in Classical Voice North America and La Scena Musicale as well as Musical Toronto. Arthur holds an MA in musicology from the University of Toronto. From 2019-2021, Arthur was co-editor of La Scena Musicale.

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