Technologie Bluetooth et musique

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Créée en 1994 par l’entreprise de télécommunication suédoise Ericsson, la ­technologie Bluetooth s’impose rapidement dans le secteur de l’informatique et de la téléphonie cellulaire. Conçue comme un protocole de transmission de ­données sans fil, cette technologie permet ­d’établir des connexions à courtes distances entre divers appareils électroniques, supprimant ainsi le besoin d’employer des câbles. Parmi ses applications les plus courantes, le système est employé dans le fonctionnement des accessoires pour téléphones cellulaires. Avec les années, Bluetooth s’impose comme une technologie de référence et commence à faire progressivement son apparition dans le marché de l’équipement audio.

Premières applications audio

Lancée en 2002, l’oreillette M1000 de la ­compagnie Plantronics est un des premiers appareils à exploiter les capacités audio du système Bluetooth. À ce stade, la qualité du son demeure relativement médiocre, en raison d’une faible bande passante. En effet, la première version de la technologie Bluetooth présente une vitesse de transmission de données de 1 Mo/s, procurant à ces appareils une qualité audio qui se rapproche de celle d’un téléphone habituel. Il faut attendre le lancement de la quatrième version de Bluetooth en 2010 pour voir arriver des appareils aptes à reproduire un son de qualité comparable au CD (16-bit/44,1 kHz). Cette version marque un point important dans l’histoire des appareils audio sans fil, car elle donne enfin les moyens aux fabricants d’équipement audio de proposer des solutions sans fil qui se ­rapprochent des standards de qualité audio déjà existants.

Qualité audio

De nos jours, le marché de l’audio est inondé de produits exploitant la technologie Bluetooth. Parmi ceux-ci, on retrouve des casques d’écoute, des haut-parleurs portatifs, des enceintes fixes et même des chaînes sonores complètes. Si nombre de fabricants vantent la qualité audio de leurs produits, ils n’en demeurent pas moins assujettis aux contraintes ­technologiques d’un système qui fonctionne selon le principe de compression du son. En effet, la bande passante des appareils Bluetooth étant trop faible pour restituer l’entièreté d’un signal audio de haute qualité, ceux-ci sont forcés de compresser le son au moyen de divers codecs.

La norme SBC (Low Complexity Subband Codec) constitue le standard de base de tout appareil Bluettoth. Il permet une transmission de données allant de 128 Ko à 345 Ko par seconde, selon la qualité de la liaison radio, ­procurant un son similaire à celui d’un MP3 de moyenne qualité. Vient ensuite le codec Apt-x, qui demeure à ce jour encore très répandu dans les produits audio Bluetooth. À l’instar de la SBC, l’Apt-x est un codec de ­compression dit « détériorant », c’est-à-dire qu’il dégrade le signal de départ pour en réduire la taille. Cependant, il offre une meilleure qualité que la norme SBC, proche de celle d’un CD.

Pour véritablement atteindre une qualité audio supérieure, il est nécessaire de se ­tourner vers des codecs qui offrent une plus grande vitesse de transmission de données. S’il en existe aujourd’hui plusieurs, le codec LDAC développé par Sony peut atteindre une vitesse de 990 Ko/s, restituant ainsi un signal audio de 16-bit/44,1 kHz dans son intégralité. Celui-ci va même jusqu’à reproduire des sons de qualité 24-bit/96 kHz, avec une faible dégradation du signal cette fois.

Cela dit, un bon codec de compression n’est pas en soi un gage de bonne qualité audio. Pour profiter pleinement de leurs avantages, les appareils doivent être compatibles entre eux. Par exemple, un téléphone cellulaire ­prenant en charge le codec Apt-x doit être utilisé avec une chaîne sonore compatible, sans quoi les appareils se rabattront automatiquement sur la norme SBC. De plus, la qualité dépend ­également du type de fichier à transmettre. Si le fichier audio original est déjà compressé au moyen d’un codec « dégradant », la qualité audio en souffrira d’autant plus qu’il sera ­compressé une deuxième fois pendant la transmission du signal vers le périphérique.

Bluetooth 5

Annoncée en juin 2016, la cinquième version du système Bluetooth offre des perspectives ­intéressantes pour le milieu de l’audio. Si l’un des enjeux importants du Bluetooth réside dans la consommation énergétique, la dernière version allonge la durée de vie des appareils audio grâce à la technologie Bluetooth Low Energy. Mais c’est principalement sur le plan des modalités de transmission de données que le Bluetooth 5 innove en profondeur. La communication entre appareils se limitant auparavant à des interactions de type « point à point » (appareil à ­appareil), les fonctionnalités Mesh et Broadcast offrent maintenant la possibilité de lier plusieurs appareils entre eux simultanément. De ce fait, la création de véritables réseaux sans fil Bluetooth est maintenant chose possible.

Ces nouveautés sont particulièrement ­intéressantes pour les fabricants d’équipement audio sans fil, qui pourront maintenant employer la technologie Bluetooth dans la création de chaînes de son comprenant ­plusieurs enceintes communiquant entre elles. Bien que des systèmes de ce type ­existent déjà, ils fonctionnent pour la plupart sur un réseau WiFi qui n’offre pas la longévité et la facilité d’utilisation d’un réseau Bluetooth.

Les écouteurs sans fil de type bouton bénéficieront également de ces nouvelles fonctionnalités. Alors que la transmission point à point ne ­permettait d’acheminer les données audio qu’à un seul écouteur qui relayait par la suite le signal au deuxième, les appareils compatibles Bluetooth pourront maintenant se connecter simulatément aux deux écouteurs. Il en résulterait une plus grande stabilité de connexion, réduisant de ce fait les risques de pertes de signal momentanées.

En conclusion

Les appareils audio Bluetooth demeurent à ce jour des solutions pratiques, qui offrent des ­performances satisfaisantes en matière de ­qualité du son. Poutant, les contraintes techniques du Bluetooth ne ­permettent pas encore de reproduire le son à des niveaux comparables à ceux de chaînes haute-fidélité.

www.bluetooth.com

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A propos de l'auteur

Arnaud G. Veydarier est actuellement étudiant en musicologie à l’Université de Montréal et nourrit un intérêt prononcé pour le jazz, la musique contemporaine et les liens entre musique et développement urbain. Il est pigiste pour La Scena Musicale depuis septembre 2017.

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