Jacques Marquis à la tête du Cliburn

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Il y a longtemps, Fort Worth, au Texas, était sans doute mieux connu pour ses parcs à bestiaux. Les ranchers conduisaient leurs troupeaux à son terminal ferroviaire et ses abattoirs. C’était une « ville de bœuf », avec tous les services peu ragoûtants qui entouraient cette connotation – le jeu, la boisson, la prostitution et tout le raffut qu’on peut imaginer.

Il reste des morceaux des anciens parcs à bestiaux, maintenant une attraction touristique plutôt qu’une collection d’enclos malodorants et d’usines de transformation de la viande. Au cours des 20 dernières années, Fort Worth a subi une remarquable transformation. La population frise aujourd’hui le million d’habitants et la ville compte des grandes entreprises comme Lockheed Martin, l’un des plus gros joueurs dans les contrats de défense aux États-Unis. Elle compte aussi plusieurs universités, un excellent orchestre et une compagnie d’opéra. Son Kimbell Art Museum se classe parmi les meilleurs au monde, tout comme le Concours international de piano Van Cliburn (« le Cliburn ») qui se tient tous les quatre ans. Aujourd’hui, quand on parle de concours de piano, le Cliburn est presque toujours mentionné au même rang que le Tchaïkovski, le Chopin et le Paderewski.

Depuis 2013, Jacques Marquis, un natif de Montréal, est président et directeur général du Cliburn. Je lui ai d’abord demandé ce qui l’avait attiré à Fort Worth. « Eh bien, répond Marquis, j’ai été PDG aux Jeunesses Musicales du Canada pendant des années et, même si ce fut extrêmement gratifiant et que nous avons connu de beaux succès, j’ai décidé en 2012 qu’il était temps de partir. J’ai donné ma démission, avec six mois de préavis. Puis il m’a bien fallu trouver un autre emploi. J’étais membre du conseil d’administration de la Fédération mondiale des concours internationaux de musique – Jeunesses Musicales tenait aussi le Concours Musical International de Montréal – et j’ai été approché par le Cliburn. Un ami m’a demandé pourquoi je voudrais aller à Fort Worth. J’adore le tennis, vous savez, et en tennis, si quelqu’un vous demande d’aller à Wimbledon, vous partez sans hésiter ! »

Marquis a néanmoins choisi, avant de s’engager à fond dans le Cliburn, d’agir comme consultant pendant un an, afin de voir si cela fonctionnerait bien pour lui, pour sa famille et pour le conseil du Cliburn. L’expérience fut concluante et il a été embauché comme PDG.

À l’heure actuelle, le Cliburn est une entreprise énorme. Même si le concours ne se tient que tous les quatre ans, la fondation commandite constamment des activités, tant à Fort Worth qu’ailleurs dans le monde. Seulement à Fort Worth, le Cliburn offre une série majeure de concerts publics et présente 250 concerts chaque année dans les écoles de la ville.

Le passé de Marquis le préparait parfaitement à son rôle d’administrateur des arts. Comme garçon soprano, il a chanté en concert la plupart des grandes œuvres chorales. Il a étudié le piano est a obtenu un baccalauréat en musique à l’Université de Montréal, puis un autre en administration à l’UQAM. Il s’est ensuite joint à l’équipe de direction de l’Orchestre Métropolitain. Au début, il était chargé de la comptabilité, mais au moment de son départ, il était devenu chef des opérations. Aux Jeunesses Musicales, Marquis s’est lancé dans le multitâche, voyant autant à la collecte de fonds qu’à l’organisation de centaines de concerts et à la tenue du Concours Musical International de Montréal. Après son départ, son poste a été divisé en deux.

Le Cliburn était déjà une organisation musicale majeure – l’une des meilleures – quand Marquis est arrivé, mais il estimait qu’on pouvait faire encore mieux. L’un de ses objectifs était d’augmenter la présence internationale du concours en présentant des concerts à Londres et en Asie. Il souhaitait également élever son profil local. À cette fin, le Cliburn a emménagé ses bureaux en plein cœur du centre-ville et a transformé les installations en une sorte de « centre d’accueil » musical. Les concerts finals du concours en 2017 seront diffusés en direct sur grand écran dans la Sundance Square Plaza.

« Le Cliburn », c’est-à-dire, au sens strict, le concours mondialement connu, présente également deux autres concours prestigieux : un concours international pour amateurs et un autre qui est réservé aux jeunes pianistes.

Suivant le processus de sélection du Cliburn, les centaines de candidatures, de bandes audio et de vidéos reçues en vue du concours sont étudiées par un jury, qui retient un certain nombre de pianistes pour une évaluation plus fouillée dans des « prestations en direct ».

« Nous réduisons la sélection aux artistes que nous voulons entendre en direct, dit Marquis. C’est une expérience totalement différente pour un jeune artiste que de composer avec le direct – l’acoustique d’une salle, un nouveau piano, un public et l’absence de montage. Les gagnants du Cliburn devront donner 300 concerts dans les trois années qui suivent, et nous avons la responsabilité d’assurer qu’ils peuvent s’adapter aux circonstances concrètes d’un concert devant public. »

Cette année, les candidats sont invités à des prestations en direct à Londres, Hanovre, Budapest, Moscou, Séoul et New York, et les cinq mêmes juges ont été envoyés à chaque endroit.

La ronde préliminaire du Cliburn commence à Fort Worth le 25 mai, avec trente concurrents. Chaque pianiste donnera un récital de 45 minutes, lequel devra inclure une œuvre commandée au pianiste canadien Marc-André Hamelin – également membre du jury. Vingt pianistes se rendront aux quarts de finale, puis douze aux demi-finales. Ici, chaque pianiste présentera un récital de 60 minutes et jouera un concerto de Mozart avec la Fort Worth Symphony dirigée par Nicholas McGegan.

Six pianistes seront retenus pour la finale, qui commencera le 7 juin. Chaque finaliste interprétera un quintette avec piano avec le Quatuor Brentano, puis un concerto avec la Fort Worth Symphony dirigée par Leonard Slatkin.

Toutes les prestations seront webdiffusées (www.cliburn.org) et, pour la première fois, les finales seront également montrées dans 300 salles de cinéma aux États-Unis. Les trois médaillés (or, argent et bronze) seront annoncés et les prix seront décernés plus tard en journée le samedi 10 juin. Le gagnant de la médaille d’or recevra un prix de 50 000 $, trois années de gestion de carrière individualisée et un partenariat d’enregistrement avec le groupe Universal Music.

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A propos de l'auteur

Former conductor and broadcaster, Paul E. Robinson, is the author of four books on conductors, Digital Editor for Classical Voice America, and a regular contributor to La Scena Musicale.

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