La Scena Critiques de Concerts

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Lucia di Lammermoor 4.5 Étoiles

Opéra McGill. Donizetti, Lucia di Lammermoor. Brittany Rae, Marcel d’Entremont, Bryan De Parsia, Jean-Philippe Mc Clish, Amelia Lubrano, Sébastien Comtois, Patrick McGill, Sarah Dufresne. Orchestre symphonique de McGill, Stephen Hargreaves, chef. Mise en scène de Patrick Hansen.
Monument-National, le 28 janvier 2018.

Prestation: 9/10

Ce que vous avez manqué : Saison exceptionnelle à l’Opéra McGill. La soprano Brittany Rae de Calgary, la troisième des trois Lucia, combinait un son pur, des aigus brillants, un jeu naturel et un phrasé charmant. Les scènes de folie ne sont pas toujours crédibles. Bonne projection du ténor Marcel d’Entremont en Edgardo. Robuste Enrico du baryton Bryan De Parsia, une reprise du refrain. Les rôles de soutien ont été interprétés avec assurance, en particulier par le ténor Patrick McGill en Normanno. La production d’ambiance rétroromantique (mise en scène Patrick Hansen, décors Vincent Lefèvre, costumes Ginette Grenier) était digne d’une compagnie professionnelle. Seul l’orchestre, sous Stephen Hargreaves, était un peu brouillon. En espérant qu’Opéra McGill se produise au magnifique Monument-National à chaque saison. AK

Opéra JFK 3.5 Étoiles

Opéra de Montréal : JFK
Le 27 janvier 2018

Prestation: 7/10

Ce que vous avez manqué : Alternant entre le monde des rêves et la réalité, l’histoire de cet opéra est basée sur la dernière nuit de la vie du président américain John F. Kennedy passée à l’hôtel Texas avant son assassinat le 22 novembre 1963.

Musicalement, le moment lyrique le plus mémorable est le duo romantique entre Jackie et Jack, alors que Jack fait des cauchemars après avoir pris de la morphine. Il se calme lorsqu’il commence à rêver de Jackie. Dans cette scène, l’orchestration est inégalée, car on se sent transporté musicalement dans le monde des rêves. La mise en scène est également magnifique, car elle affiche une vision surréaliste mais romantique de la planète Terre en arrière-plan, derrière les deux personnages.

Vocalement, la vedette du spectacle était le baryton canadien Daniel Okulitch qui était hilarant en Lyndon B. Johnson, qui a remplacé Kennedy comme président après son assassinat. Dans l’opéra, il est une parodie d’un redneck macho du Texas. Un autre chanteur digne de mention est Colin Judson qui a joué l’homme d’État soviétique Nikita Khrouchtchev. Il a réussi à chanter une partition presque impossible qui consistait en une suite absurde de notes hautes et de déclamations.

D’une certaine manière, JFK représente le stéréotype de l’opéra à l’américaine. Des commentaires loin d’être « politiquement corrects » y sont inutilement ajoutés, ce qui donne l’impression d’assister à un opéra basé sur des personnages de bande dessinée visuellement inspirés de l’univers Marvel, combiné à l’humour de dessins animés comme Family Guy ou Les Simpsons. C’est un opéra de type « plaisir coupable », comme manger un énorme taco tex-mex dans l’un de ces populaires camions de nourriture à deux heures du matin tout en buvant du champagne.

Points négatifs :

  • Jack, le personnage principal, n’avait pas le timbre que l’on pourrait attendre d’un politicien charismatique. Cependant, cela pourrait être exactement ce que le compositeur voulait.
  • L’opéra était trop long, on a dû attendre presque deux heures avant le premier entracte.
  • Trop de notes aiguës dépourvues de sens pour les voix masculines en général. On se sentait au cirque plutôt qu’en présence d’une œuvre d’art. AR
Marc Hervieux chante Noël 3.5 Étoiles

Marc Hervieux, ténor, Sharon Azrieli, soprano; Chœur Saint-Laurent, Orchestre de chambre McGill, Boris Brott et Philippe Bourque, chefs d’orchestre.
20 décembre 2017, basilique Notre-Dame

Note globale : 7/10. Chefs d’orchestre : 9/10. Chœur : 10/10. Solistes : 8/10. Orchestre : 8/10

Ce que vous avez manqué : Marc Hervieux a présenté principalement des classiques de Noël comme Minuit chrétien, Sainte nuit, Panis Angelicus, utilisant sa voix résonnante avec aisance et justesse. L’interprétation d’O Magnum Mysterium pour chœur a capella par le Chœur Saint-Laurent, dirigé par Philippe Bourque, a été le clou de la soirée. Elle était remplie d’harmonies originales et de délicieuses nuances.

Points négatifs : Hervieux a introduit toutes les pièces de sa manière nonchalante habituelle, faisant un peu l’oncle bruyant qui raconte de mauvaises blagues pendant le repas de Noël. La qualité audio laissait aussi à désirer; le micro ne captait pas toutes les harmoniques riches de sa voix et lui enlevait son naturel. Le spectacle manquait de rythme. AR

Deux Messie montréalais 4.5 Étoiles

Prestation: 9/10; Acoustique: 5/10

Après l’abandon de la représentation annuelle du Messie de Haendel par Kent Nagano et l’OSM, deux organisations montréalaises ont adopté des approches différentes pour combler le vide Noël dernier. Le 1er décembre, l’Orchestre de chambre McGill a présenté La résurrection de Monsieur Händel de Pierre Audet, une dramatisation sur la composition du chef-d’œuvre avec présentation de certaines pièces du Messie, à l’église Saint-Jean-Baptiste. C’était le lendemain de leur prestation à guichets fermés du Messie en entier à l’église St. Andrew and St. Paul avec les mêmes musiciens. Le changement de salle et d’œuvre visait à atteindre la communauté francophone. Sur le plan dramatique, la récitation de Luc Guérin était intéressante et amusante, mais la présentation fut gâchée par l’acoustique : l’amplification était insuffisante pour l’église caverneuse de 1500 places. Seuls les spectateurs de l’avant gauche ont ri tout au long de la soirée des subtilités du texte. Musicalement, Boris Brott a fait résonner le MCO à Saint-Jean-Baptiste, les deux airs du contre-ténor Daniel Taylor donnaient envie d’en écouter davantage, et la soprano Hélène Brunet était si transcendante que j’aurais aimé entendre I Know That My Redeemer Liveth, retiré par Audet pour garder le spectacle à moins de 75 minutes sans entracte. Cette dramatisation vaut la peine d’être présentée à nouveau, mais dans une salle plus petite avec une meilleure acoustique.

Prestation 9/10

Une tournée européenne réussie et la programmation du Messie de Haendel le week-end avant Noël (les 22 et 23 décembre) : voilà une recette gagnante pour que Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain fassent salle comble à la Maison Symphonique pour les deux représentations, malgré des prix à la hausse pouvant atteindre 200 $. À en juger par la poignée de spectateurs debout pour le refrain du Hallelujah, les 4000 personnes présentes étaient majoritairement francophones, ce qui montre qu’il existe un marché pour le Messie à Montréal. Pour son premier Messie, Nézet-Séguin a fait un travail admirable en soutenant l’intensité et la mélodie de l’œuvre, malgré quelques tempos discutables. Le chœur de l’OM, majoritairement francophone, a surpris par son ton et sa facilité avec la partition anglaise, même si quelques phrases manquaient de consonnes finales. Yannick a réuni une solide distribution internationale de solistes, mais l’équilibre entre les voix n’était pas uniforme. C’est le baryton-basse canadien Stephen Hegedus qui s’est démarqué. Soulignons aussi l’excellent travail du ténor canadien Pascal Charbonneau et de l’Anglaise Carolyn Sampson. Le contre-ténor français Christophe Dumaux a chanté avec aplomb, mais donnait parfois l’impression de lire la partition. WKC

Traduit par Mélissa Brien

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